La discrimination des personnes vivant avec le Vih est une autre dimension de souffrance qu’endure la cible. L’engagement à l’enrayer dans le département du Mono a marqué, dimanche 1er décembre dernier à Lokossa, la commémoration de la trente et unième édition de la Journée mondiale de lutte contre le Sida.
Commémorée autour du thème « Les organisations communautaires font la différence », l’édition 2019 de la Journée mondiale de lutte contre le sida dans le Mono,a été marquée par une campagne de dépistage gratuit dont l’organisation a été couplée avec une collecte de fonds devant contribuer au financement des actions de riposte contre les ravages de la maladie. Mais le clou de cette commémoration au niveau départemental restera la séance de sensibilisation et d’engagement. Ces activités ont été organisées, à l’hôtel de ville de Lokossa, par la Cellule départementale du Conseil national de lutte contre le sida, la tuberculose, le paludisme, les hépatites, les infections sexuellement transmissibles et les épidémies. Logée à la préfecture de Lokossa, la cellule est dirigée par Dr Dorine Danmitonde pour le compte du Mono où la prévalence de l’infection par le Vih, en 2017, est estimée à 0,98 % contre un taux de 1,2 % au plan national, selon l’enquête démographique et de santé réalisée en 2012 au Bénin. Dans le Mono, certaines communes sont plus touchées que d’autres par l’épidémie du Vih dont la fin est prévue à l’horizon 2030, selon l’Onusida.
Saluant le choix de Lokossa pour abriter la commémoration, le représentant du maire,Martin Ahété, a invité à la prise de conscience des ravages du Vih et à l’engagement total. « Mobilisons-nous pour que les objectifs soient atteints », a-t-il martelé. Pour lui, chacun doit se décider à connaître, à travers le dépistage, son état sérologique en vue de faire un usage correct des mesures préventives ou recourir à un traitement adéquat en cas de dépistage positif.
Bannir les comportements discriminatoires
Aujourd’hui, la prise en charge des personnes infectées a beaucoup évolué. Sur les plans sanitaire, nutritionnel et de protection des droits des Pvvih, le Bénin a fait de grands pas, à en croire Dr Dorine Danmitonde. Elle fait savoir que c’est grâce aux divers efforts que le sida tue, de nos jours, moins que d’autres pathologies. Jeannette Bossou, porte-parole des associations de défense des droits des Pvvih, confirme que les conditions de vie de leur cible se sont largement améliorées grâce aux efforts du gouvernement et de ses partenaires financiers ainsi que l’assistance des mécènes tels que la fondation Claudine Talon.
De plus, des médecins sont recrutés pour le suivi des Pvvih sur les sites et le dépistage est strictement imposé aux femmes enceintes en vue d’une prise en charge précoce, se félicite-t-elle tout en soulignant que ces avancées notables expliquent l’extension des interventions des partenaires financiers aux autres pathologies tell es que le paludisme, la tuberculose.
Mais tout n’est pas encore rose. Le regard de la société et d’autres pesanteurs sociologiques, nuance-t-elle, demeurent un frein pour de nombreuses personnes à assumer leur statut de Pvvih. Le directeur départemental de la Santé avertit pourtant que « il sera impossible de mettre fin à l’épidémie sans apporter le traitement à tous ceux qui en ont besoin ». Face à cette triste réalité, le secrétaire général du département, Arnaud Agon, qui a procédé au lancement des activités commémoratives, préconise de recentrer d’un côté, les actions de sensibilisation sur le changement de perception du Vih par la communauté. Et de l’autre, sur la couche juvénile en la sensibilisant au changement de comportements sexuels et à une parenté responsable. Selon lui, ces actions doivent être conduites par les acteurs traditionnels de la lutte contre le sida de concert avec les populations. « C’est un devoir d’œuvrer en synergie d’actions pour soutenir les initiatives du gouvernement », a-t-il martelé. En somme, pour le secrétaire général du département, il faut un sursaut d’orgueil de tous pour inverser la prévalence de 0,98 %, une tendance qui tutoie le niveau national. Arnaud Agon retient que le département tout comme le Bénin a besoin de ses filles et fils en bonne santé pour contribuer au développement.