Le Bassin du Niger subit actuellement les effets sans précédent du changement climatique. Afin de ne pas minimiser les impacts liés à une telle situation sur les neuf pays qui le partagent dont le Bénin, une démarche sous-régionale doit être privilégiée. D’où l’avènement du Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique dans le Bassin du Niger (Pidacc/Bn). Les activités de sa composante au Bénin ont été lancées, lundi 2 décembre dernier à Kandi.
A la faveur d’une cérémonie de lancement qui a eu lieu, lundi 2 décembre dernier à Kandi, la composante Bénin du Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique
(Pidacc/Bn) est désormais entrée dans sa phase active.
D’un coût global de 10 075 000 000 F Cfa, ce projet est essentiellement financé par la Banque africaine de développement (Bad), sans oublier l’Union européenne, le Fonds Vert pour le climat, le Fonds mondial pour l’environnement et le gouvernement béninois.D’une durée de 6 ans, il sera mis en œuvre sur la période de 2019 à 2024 au profit des communautés béninoises au niveau du bassin versant actif du fleuve Niger situé dans la partie septentrionale. Avoisinant déjà 1,5 million d’habitants, ces populations sont réparties entre les 10 communes de Banikoara, Kandi, Kalalé, Sinendé, Gogounou, Karimama, Nikki, Malanville, Sègbana et
Bembèrèkè. Il faudra ajouter celles de Kérou, Ouassa-
Péunco et Toucountouna, trois autres communes qui sont également concernées par ce bassin au Bénin.
En effet, malgré les nombreux résultats obtenus en faveur de la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes, les populations béninoises situées dans le Bassin du Niger continuent toujours d’être vulnérables aux affres de la variabilité climatique qui le frappe. Pour la plupart des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs, ces populations voient leurs efforts annihilés et de leurs productions devenir de plus en plus insignifiantes. Elles sont confrontées à des difficultés de gestion des ressources naturelles, aux inondations, aux sécheresses, à la dégradation des sols et de la biodiversité.
Un véritable outil de développement
Avec la composante Bénin du Pidacc/Bn, le directeur de cabinet du ministre de l’Eau et des Mines, Emmanuel Agnidé Lawin, y voit la fin de leurs souffrances. Ce programme, a-t-il fait observer, met en évidence l’importance et la pertinence de la résilience pour favoriser le bien-être et la réduction de la vulnérabilité des populations rurales face au choc climatique.
Selon le préfet de l’Alibori, Mohamadou Moussa, ce programme vient donc offrir des solutions adaptées aux effets du changement climatique au niveau du bassin. Il va appuyer la gestion par les populations de la variabilité et de l’incertitude climatique à l’échelle locale, en accordant la priorité à la production durable de nourritures et à l’emploi. Ce sera en améliorant également la gouvernance régionale de l’eau et des ressources associées.
Pour le représentant de la Bad, Laouali Garba, le changement climatique est un des plus grands défis du 21e siècle. Le partenariat entre la Bad, l’Abn et le gouvernement du Bénin établi à travers ce programme, assure-t-il, va permettre de développer plusieurs initiatives touchant à un certain nombre de domaines stratégiques parmi lesquels la protection de la biodiversité de l’écosystème du fleuve Niger, ainsi que la lutte contre son ensablement.
Les objectifs assignés au programme
Avec le lancement des activités de la composante Bénin du Pidacc/Bn, apparait une lueur d’espoir pour les populations concernées. En témoignent les composantes ainsi que les objectifs assignés au programme.
La première composante du programme, a indiqué son coordonnateur, Adamou Worou Wara Bouraïma, c’est le développement de la résilience des ressources et des écosystèmes. Elle vise à la protection des ressources et des écosystèmes. Quant à la deuxième, elle porte sur le développement de la résilience de la population. Elle met l’accent sur le développement des infrastructures hydro-agricoles à but multiple. Enfin, la troisième composante concerne la coordination et la gestion efficace et efficiente du programme au Bénin.
Selon Adamou Worou Wara Bouraïma, l’objectif global du programme est de renforcer la résilience des populations, des ressources et des écosystèmes, et d’améliorer la coordination régionale au niveau du Bassin du Niger. En termes d’objectifs spécifiques, il s’agit de réduire le processus d’ensablement du fleuve, d’améliorer la capacité d’adaptation des populations au changement climatique, puis la gestion des ressources naturelles et la gestion intégrée des écosystèmes. Viennent enfin, la protection de la biodiversité et la restauration de la fertilité des sols.
Quelques résultats attendus
A terme, le Pidacc/Bn contribuera à la construction de trois barrages à but multiple avec aménagement de périmètre irrigué, de deux débarcadères, d’un centre d’alevinage de 500 000 alevins/an et de cinq infrastructures communautaires d’adaptation. Il y aura également la réalisation de quatre seuils d’épandage des eaux de crue pour les périmètres de décrue, la réhabilitation de trois retenues d’eau pastorales, de deux barrages hydro-agricoles, de 400 a de plantations sylvio-pastorales participatives dans les forêts classées, la réhabilitation des dispositifs de défense et de restauration de 2 000 a de sol. L’aménagement de 100 a de bas-fonds avec maîtrise partielle d’eau, l’amélioration de la productivité de 1 000 a des milieux aquatiques, notamment les mares, les retenues et les étangs piscicoles, la matérialisation de 50 km de couloirs de transhumance avec des points d’eau, l’aménagement de 5 km de digue de protection et bien d’autres réalisations sont aussi prévus.