Automédication tous azimuts pour contrer le Covid-19/ Les mises en garde du néphrologue

Par Reine AZIFAN,

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Comment renforcer son système immunitaire face au Covid-19 ? C’est la préoccupation de nombreuses personnes qui, depuis la détection du premier cas de cette maladie en Afrique et au Bénin, s’adonnent à l’automédication en ingurgitant toutes sortes de breuvages, mixtures, décoctions et autres médicaments à même, selon elles, de renforcer les capacités immunitaires de l’organisme. Une pratique que déconseille Dr Jacques Vigan, néphrologue.

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Avec l’avènement du Covid19, maladie pour laquelle aucun traitement officiel n’est encore trouvé, de nombreuses personnes se sont ruées sur les médicaments traditionnels pour se protéger. Il est aisé de constater que des recettes de la phytothérapie supposées renforcer l’organisme ou traiter des maladies infectieuses pullulent sur Internet.
Malgré les progrès de la médecine conventionnelle, le recours à la pharmacopée traditionnelle est une pratique solidement enracinée dans la société béninoise. Selon le ministère de la Santé, plus de 80 % de la population y fait recours pour le traitement de plusieurs maladies. Si certains produits issus de la pharmacopée sont homologués par les structures compétentes avant leur mise sur le marché, d’autres en revanche, sont proposés via les réseaux sociaux et médias traditionnels sans aucune garantie de l’innocuité desdits produits. Dès l’avènement du Covid-19, le gouvernement a interdit à nouveau, la publicité desdits produits dans les médias traditionnels.
La consommation de produits non homologués et la ruée sur certains médicaments supposés traiter le
Covid-19, sans aucun contrôle médical est assimilée à de l’automédication et est fortement déconseillée. A en croire le néphrologue Jacques Vigan, la consommation de ces produits crée des dommages au niveau de certains organes tels que le rein, le foie et le tube digestif. Les dommages au niveau des reins peuvent être accompagnés d’une insuffisance rénale aiguë c’est-à-dire, une incapacité des reins à éliminer les déchets, au point où le volume d’urine émis en 24 heures peut diminuer de façon considérable.
Cependant, nuance Dr Vigan, « Il ne faut pas d’emblée rejeter nos recettes de la phytothérapie qui marchent ». Tout le monde connaît les réserves de la médecine moderne vis-à-vis des produits de la pharmacopée traditionnelle. Les compositions des produits qui ne sont pas connues, les mélanges de plusieurs ingrédients à la fois pour guérir une seule maladie, le problème de posologie, et ces produits sont prescrits sans tenir compte des antécédents du patient. Sans faire le procès de la médecine dite traditionnelle, Dr Vigan insiste : « il faut qu’ils acceptent qu’on fasse des études sur ces produits comme cela a été fait en Chine…Il nous faut cette collaboration ».
Par rapport aux « recettes » que nous recevons sur les réseaux sociaux ces derniers temps et qui sont supposées renforcer l’immunité, « Il faut s’abstenir de les prendre», conseille-t-il.

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Il est important de respecter les gestes barrières

Il faut signaler que les recherches menées à ce jour, montrent que le nouveau coronavirus s’attaque surtout aux personnes souffrant de maladies chroniques, c’est-à-dire les personnes dont les défenses immunitaires sont diminuées. Il s’agit des personnes souffrant surtout de diabète, de maladies cardiovasculaires ou d’autres maladies chroniques. Mais la maladie n’attaque pas que les poumons ; les personnes souffrant d’insuffisance rénale et sous dialyse sont aussi exposées au Covid-19. Le Covid 19 peut également entraîner des problèmes rénaux chez des personnes qui n’en souffraient pas. Beaucoup d’études ont été faites sur le sujet et les résultats sont inquiétants, souligne le néphrologue, qui ajoute « Certains malades ont eu du sang ou des protéines dans les urines».
Ce qui est important pour nous, précise Dr Vigan, c’est la prévention, « il faut inviter nos compatriotes à respecter les gestes barrières, il ne faut pas banaliser ça. Ensuite, nous recommandons à nos concitoyens de boire beaucoup d’eau pour permettre aux reins de nettoyer l’organisme ». Pour doper l’organisme, ajoute-t-il, il y a des choses simples qu’on peut faire. « Nous conseillons de consommer suffisamment de fruits et légumes, ça peut déjà aider à booster l’immunité, on n’a pas besoin des recettes de décoctions et autres. De façon naturelle, les fruits nous apportent l’essentiel, cinq fruits en moyenne par jour et on peut tirer l’essentiel de ce qu’il faut pour notre organisme », affirme le néphrologue. Le troisième conseil que prodigue le médecin, c’est de s’abstenir de faire l’automédication, que ce soit avec des breuvages, des décoctions, les anti-inflammatoires, la chloroquine, etc. En ce qui concerne ces médicaments dont nous entendons parler comme la chloroquine, il faut faire très attention, avertit-il. « Actuellement, on n’en trouve pas facilement dans le circuit formel mais certains de nos concitoyens, je ne sais par quel moyen, trouvent ce produit », se désole-t-il. Il attire l’attention sur l’alerte donnée par l’Organisation mondiale de la santé concernant la circulation de chloroquine falsifiée sur nos territoires.
« Certains de ces comprimés sont même en surdosage et ça peut endommager le cœur, les reins et d’autres organes ».
Comme l’ont maintes fois répété les autorités sanitaires, il ne faut pas céder à la panique. « Il faut rester le plus naturel possible», préconise le spécialiste car en réalité, beaucoup de personnes entreront en contact avec le virus sans développer la maladie. Dans ces conditions, les seuls comportements qui vaillent sont le respect des gestes barrières et la signalisation des cas suspects via les contacts mis à disposition par les autorités. Dr Vigan recommande à ceux qui ont des problèmes de santé et qui sont sous traitement, de continuer à suivre normalement leur traitement.