Oswald Homéky, ministre des Sports, passe en revue les actions engagées en faveur du secteur depuis avril 2016. Il évoque les performances engrangées dans les diverses disciplines sportives, en dehors des initiatives prises par le gouvernement pour maintenir le cap, voire aller plus loin.
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Monsieur le ministre, avant d’entrer dans le vif du sujet, un mot sur la dure actualité du moment qui frappe l’humanité, le Covid-19, qui contraint le mouvement sportif béninois à l’arrêt…
Oswald Homéky: Au regard du drame que vit l’humanité depuis l’apparition de ce virus, il faut dire que le gouvernement du Bénin, comme nous le savons, a prescrit un certain nombre de mesures et le secteur des sports a été ciblé par l’une de ces mesures. Nous avons recommandé que les manifestations sportives à caractère non essentiel ne se déroulent pas, le temps que nous puissions maîtriser la propagation de ce virus et l’éradiquer dans notre pays en espérant, évidemment, que les autres pays puissent faire la même chose et que le monde entier puisse, dans quelques mois, dire que nous avons tourné la page de cet épisode douloureux.
C’est pour moi l’occasion de rappeler encore que la victoire de l’humanité sur ce mal dépend de chacun de nous. C’est de la capacité de chacun à se discipliner, à respecter les gestes barrières prescrits que dépend la victoire que nous aurons sur ce virus. Et je veux espérer que, tous autant que nous sommes, nous allons chaque jour,à chaque instant, faire le nécessaire pour que la vie reprenne son cours normal et que, bien évidemment, les sportifs retournent à l’entraînement et en compétition, que les compétions retournent dans les stades pour le bonheur de chacun de nous.
Démarrons maintenant par le financement du sport au Bénin, monsieur le ministre. Les Béninois savent que de 2016 à 2019, il y a eu une nette progression des subventions accordées aux fédérations sportives, cela a été pratiquement multiplié par 10. Parlez-nous-en un peu…
Le chef de l’Etat a rassemblé l’ensemble de ses ministres le 16 décembre 2016 et, à cette occasion sous sa haute direction, chacun de nous a présenté, dans son secteur, ce qu’il avait l’intention de faire. Et à l’occasion de la présentation du programme d’action dans le secteur des Sports, j’avais annoncé que les performances de nos équipes, les succès de nos athlètes ne dépendraient plus du hasard, mais seraient le couronnement logique d’une bonne organisation, de la bonne préparation de nos athlètes et des investissements massifs que nous aurons consentis dans le secteur.
C’est donc pour cette raison que, pour joindre l’acte à la parole, nous avons, dès 2016, considéré que les subventions accordées à l’ensemble des fédérations pour leur permettre de promouvoir les disciplines et de surtout préparer les athlètes aux différentes compétitions ne pouvaient rester au niveau où elles étaient. Et donc, nous avons, avec le soutien du chef de l’État et de l’ensemble du gouvernement, commencé par octroyer des subventions plus significatives et surtout dans des délais plus raisonnables.
Par le passé, on a observé malheureusement que les subventions venaient en fin de saison, et c’est l’une des choses que nous avons également corrigées et donc globalement, nous sommes passés de
79 millions 500 en 2016 à 502 millions dès l’année suivante en 2017. Ensuite, ce montant a été en constante augmentation jusqu’en 2019 où les subventions octroyées ont été de l’ordre de 653 millions de francs Cfa pour l’ensemble des fédérations. Pour l’année 2020 également, les subventions seront encore un peu plus en augmentation parce que nous savons qu’en plus du talent des sportifs et de la bonne organisation que nous avons réussi à mettre en place avec l’ensemble des fédérations, il est nécessaire de faire les bons investissements pour espérer avoir les résultats.
Quel est l’impact réel de ces investissements sur le fonctionnement de ces fédérations, ces quatre dernières années, est-ce qu’on sent, aujourd’hui, véritablement de l’amélioration ?
Il y a beaucoup d’améliorations. D’abord au regard des performances, nous voyons bien, aujourd’hui dans plusieurs disciplines,que nos athlètes, nos équipes ramènent des victoires qui, jadis, n’étaient pas habituelles. Nous avons, dans les compétitions où les disciplines rassemblent des équipes, plusieurs succès. Nous avons également des disciplines individuelles à plusieurs succès et l’autre aspect plus important que je voudrais mentionner, c’est la bonne gestion des ressources.
Lorsque nous avons mis en place cette augmentation des ressources, nous avons également prescrit que désormais, les ressources ne seront renouvelées qu’aux fédérations qui auraient justifié de l’utilisation des subventions de l’année précédente. Aujourd’hui,quand on reçoit une subvention, on la reçoit directement; il n’y a plus d’intermédiaires. Les montants sont dits publiquement. Les chèques sont remis devant tout le monde. Ensuite, les ressources sont virées aux fédérations et chaque fédération doit justifier de l’utilisation qui a été faite des ressources avant d’être éligible aux ressources de l’année suivante.
Depuis l’année dernière, sous l’impulsion du chef de l’Etat, le Bénin a ouvert une nouvelle ère avec l’implication du secteur privé dans le financement du sport à hauteur de 1/1000 de leurs chiffres d’affaires avec la possibilité d’être propriétaires ou copropriétaires des clubs, des organisations qui animent le sport…
C’est l’une des réformes que j’ai également annoncées en présentant le programme d’action, il y a quatre ans. Nous avions dit qu’en plus des efforts que l’Etat allait faire, il est nécessaire que le secteur privé s’implique dans le financement du sport au Bénin. J’ai annoncé les montants des subventions que nous avons multipliés par dix dans certaines disciplines, mais malgré ces efforts, on voit bien que les fédérations ont encore des besoins, que le sport a encore des besoins. Dans tous les pays du monde, aucun Etat n’est en mesure, tout seul, de subvenir aux besoins de toutes les fédérations. Donc, il est nécessaire que nous puissions trouver une formule pour impliquer le secteur privé. Le chef de l’Etat lui-même qui est un passionné du sport nous a beaucoup aidés dans cette réforme.
Nous avons, dans un premier temps, mis en place une mesure incitative qui consistait à défiscaliser les salaires et investissements sportifs. Ensuite, nous avons mis en place, dans la loi des finances, une mesure qui dit que les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur ou égal à 1 milliard de Cfa, contribueraient à 1/1000 de leur chiffre d’affaires hors-taxes au financement du sport. Nous leur avons laissé la possibilité non seulement de choisir la discipline dans laquelle elles souhaitent investir mais aussi de choisir d’être propriétaires ou copropriétaires d’associations sportives.
Cette année 2020, nous avons élargi le bénéfice de cette contribution ou taxe aux fédérations sportives. Nous sommes partis d’un environnement que nous avons mis en place pour inciter la participation du secteur privé, ensuite nous avons suscité une contribution du secteur privé en permettant à chacun de financer la discipline de son choix…Seulement, pour rester fidèle à la rigueur dans la gestion des ressources, il faut que ce soit une fédération déjà éligible au financement de l’Etat.
Et là, monsieur le ministre, avez-vous des exemples à nous citer en termes d’entreprises « citoyennes » qui sont engagées dans cette perspective ?
Plusieurs entreprises citoyennes sont engagées dans cette perspective. Par exemple, la Soneb qui s’investit dans la natation, la Cnss qui s’investit dans le handball, le Port autonome dans le foot et dans le basketball, la Lnb qui conduit un très bon projet dans le football, et plusieurs autres sociétés privées qui investissent dans le tennis, la pétanque. La Sogema a signé une convention avec la fédération béninoise d’athlétisme…
Tout se fait avec l’accompagnement de l’Etat. Nous aurons des clubs et associations qui appartiennent désormais aux personnes morales à travers une institution appelée ‘’Société sportive’’. Cela induit que,désormais au Bénin, il n’y a plus de sportif sans contrat. Il n’y a plus de sportif sans un lien qui définit comment il travaille, combien il est payé. Il n’y a plus de sportif sans accompagnement à partir de la saison 2020.
Nous voyons les efforts du gouvernement pour pouvoir créer le financement autour du sport. Est-ce qu’aujourd’hui, l’Etat ou le ministère a un droit de regard sur la gestion de ces fonds au niveau des fédérations ou elles sont totalement autonomes ?
Ah non ! Nous avons un droit de regard. Et c’est de notre devoir, en tant que gouvernant, en tant que responsable chargé de l’action publique, de veiller à ce que le moindre franc de l’Etat dépensé produise des résultats que nous attendons. J’ai dit tout à l’heure que, désormais, le financement est apporté en toute transparence, que le financement est apporté, seulement, quand on a justifié de l’utilisation précédente. Et ce n’est pas tout !
D’abord, nous ne subventionnons pas en l’air. Les fédérations ont l’obligation de soumettre au ministère un plan d’activités annuel. Ce plan est soumis dans le dernier trimestre de l’année précédant la mise en place de la subvention. Nous parcourons avec les fédérations ce plan d’activités et c’est sur cette base que nous définissons les montants que nous apportons comme subvention. Et le droit de regard que nous avons, c’est non seulement sur l’utilisation qui est faite des subventions mais aussi sur la fidélité de chaque fédération au plan d’activités que nous avons validé ensemble. Et nous avons défini des priorités de base. Nous avons dit que, dans un premier temps, il est nécessaire d’abord, à l’étape où nous sommes, de vulgariser les disciplines. A l’époque, il suffisait d’avoir trois associations pour être une fédération. Aujourd’hui, nous disons qu’il faut faire en sorte que toutes les disciplines se déploient dans l’ensemble des 12 départements du Bénin parce qu’il y a du talent dans nos départements. Il faut prioriser l’organisation régulière des championnats nationaux, passer à l’étape sous- régionale pour ce qui est des conditions et enfin, pour ce qui est du niveau international, pour les fédérations qui auront évidemment les moyens de le faire.
Ces réformes portent, pour l’instant, très humblement des fruits. On le voit. Il y a beaucoup de médailles que nos athlètes et nos équipes ramènent et c’est encourageant.
Nous allons continuer à travailler pour encore de plus belles performances.
Il n’y a pas de sport sans infrastructures. Dites-nous, monsieur le ministre, qu’en serait-il des autres stades communaux et, parlez-nous en détail de ce qu’on peut espérer de la réalisation du projet puisque le stade de l’Amitié, par exemple, est en chantier depuis…
La stratégie du gouvernement a consisté, en même temps que nous réhabilitons le stade de l’Amitié, les stades de grande taille comme René Pleven et Charles de Gaulle, à doter les communes de stades afin de permettre aux populations d’être proches des infrastructures aux normes internationales. C’est cette stratégie que nous avons mise en œuvre.
1re phase, c’est la construction, dans 22 communes du Bénin, de stades omnisports avec une capacité de 3000 places dont 1000 places couvertes. Ce projet a été lancé par appel d’offres et quatre entreprises ont été sélectionnées. Aujourd’hui, les travaux sont en cours. Le taux moyen sur l’ensemble est de 50 % mais il y a des lots qui sont plus avancés que d’autres; certains sont au-delà de 70 %. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à terme, ces 22 communes qui sont dans ce que nous appelons la première phase auront chacune un stade omnisports. Nous mettrons en place la deuxième phase qui concerne également un nombre important de communes. A terme, l’objectif est de faire en sorte que chaque commune du Bénin soit dotée d’une infrastructure aux normes.
Je veux donc rassurer l’ensemble de nos concitoyens, notamment ceux qui savaient que leur commune avait été déjà retenue que toutes les communes bénéficieront de ce programme. La phase 2 se fera. Car avec le soutien du gouvernement, du chef de l’Etat, avec la célérité que nous attendons des entreprises, nous allons également lancer la deuxième phase. L’Etat étant une continuité, bien évidemment, nous avons la conviction que ce travail se poursuivra au cours du mandat prochain et que chacun comprendra la pertinence de cette option que le chef de l’Etat a faite de doter chaque commune d’une infrastructure sportive.
Monsieur le ministre, on va s’appesantir sur cette importante question des infrastructures qui traduit le changement du visage du sport chez nous. Il y a notamment la question de la rénovation du stade de l’Amitié, du stade Charles de Gaulle…
Le stade de l’Amitié, malheureusement, a commencé à présenter des signes qui ne nous honoraient pas et nous avons donc mis en route cette réhabilitation. Au terme des travaux, ce stade sera à la limite flambant neuf et nous permettra donc d’accueillir comme nous en avons l’habitude les compétitions internationales.
Le stade Charles de Gaulle placé aussi parmi les stades nationaux fait l’objet aujourd’hui d’une rénovation sous deux aspects majeurs. D’abord,l’éclairage, parce qu’aujourd’hui, les conditions que posent la Caf ou la Fifa pour abriter les matches pour les éliminatoires Coupe d’Afrique, Coupe du monde,sont un peu plus corsées et cela nous convient parfaitement parce qu’il est temps que l’Afrique fasse les choses dans les normes. Le Bénin s’est déjà lancé dans cette façon de faire les choses pour être dans les normes internationales. Nous avons intégré Charles de Gaulle dans les travaux à faire. La pelouse sera revue, les travaux connexes et les vestiaires et autres effectués afin que Charles de Gaulle soit un stade digne de ce nom.
Ensuite, René Pleven qui, depuis longtemps, est tombé dans un état de délabrement mais qui continue d’être le stade sur lequel se déroulent les compétitions. Nous avons décidé également de travailler à le rénover pour qu’une fois encore, à terme, la question des infrastructures ne soit plus un frein à l’éclosion des talents qui sont nombreux dans notre pays.
Monsieur le ministre, lorsqu’on parle d’infrastructures, on a tous tendance à penser au football en occultant les autres disciplines. Même si l’on se remémore l’épopée égyptienne, il y a les autres sports dont le tennis avec, depuis la mi-2019, ce gros projet, la construction d’une académie du côté d’Avlékété. Qu’en est-il ?
Nous avons décidé de mettre fin à cette démarche qui, par le passé, tendait à tout consacrer au football, même si le football reste un sport majeur. C’est pourquoi, les stades que nous construisons sont des stades omnisports, c’est-à-dire à la fois terrain de football, piste d’athlétisme, terrain de handball et basket, terrain de volleyball par endroits et un espace pour les pratiquants des arts martiaux. A côté, il y a en vue des constructions de boulodromes puisque nous allons accueillir la Coupe du monde en 2022.
Il y a un regard sur les autres disciplines et c’est dans cette démarche que nous avons, ensemble avec la Fédération béninoise de tennis, conduit une mission pour aller plaider pour que l’Académie francophone de tennis se construise dans notre pays. Nous avons mis à disposition un domaine de 20 hectares viabilisé à Avlékété sur la route des pêches et aujourd’hui, nous sommes en train d’avancer tout doucement sur ce projet qui permettra à notre pays d’être un des pôles de regroupement de la crème du tennis francophone.
Où en est-on pour les autres académies prévues ?
A côté des stades communaux que nous avons prévu de construire et dont vingt-deux sont déjà en cours, nous avons prévu de construire également des académies au niveau des départements. Il était question de construire une académie nationale et onze académies départementales. L’appel d’offres a été lancé. Dans un premier temps, nous avons lancé l’appel d’offres pour la construction de l’académie nationale et de cinq académies régionales pour grouper deux par deux l’ensemble des départements et commencer déjà à travailler dans ces académies. Rappelons que ces académies sont considérées comme des pôles d’excellence qui doivent recueillir les meilleurs talents détectés au cours des différentes compétitions, au cours de la mise en œuvre des différents programmes, classes sportives et autres, sur lesquels nous sommes bien avancés. Je peux donc dire qu’avant la fin du quinquennat, la construction de l’académie nationale et des cinq académies régionales sera lancée et pourra se poursuivre au cours du quinquennat suivant.
Vous l’avez évoqué dans vos propos, monsieur le ministre, le concept des classes sportives, qui vous est cher. Aujourd’hui, quel est l’état des lieux de ce projet ?
Nous avons mis en route le projet de classes sportives afin de faire en sorte que la promotion, la détection et la formation des talents dans notre pays soient une réalité. Nous avons recruté des encadreurs qui ont été déployés dans les écoles choisies comme cibles devant abriter les classes. Au bout de quelques mois d’expérimentation, nous avons fait une analyse critique de ce projet et nous avons relevé évidemment un certain nombre de difficultés. Ces difficultés sont essentiellement liées, d’abord, au fait que les sites de regroupement sont, parfois, dans un endroit donné et il y a une demande des enfants qui habitent loin de ces endroits. Une autre difficulté, c’est la capacité de chacun des encadreurs à être vraiment rigoureux,à déployer le programme de formation en étant présents et assidus au travail et puis la prise en charge sanitaire des enfants.
Nous avons apporté une réponse administrative à la question du statut des encadreurs. Le gouvernement a donné son accord et ceux qui sont recrutés comme encadreurs sont des collaborateurs externes de l’Etat et donc ils travaillent en tant que prestataires pour l’Etat et sont reconnus comme tels.
Nous avons voulu que leur paiement soit le plus fluide et le plus transparent possible. A cet effet, nous avons mis en place un dispositif par lequel les encadreurs sont payés directement par le Trésor public à chaque fin du mois de sorte qu’il n’y ait plus de difficultés administratives qui, finalement, entraînent de retard dans le paiement.
Nous avons associé le ministère de l’Enseignement secondaire, qui était cosignataire du décret dès le départ, dans le suivi au quotidien de la présence des encadreurs. Nous avons eu également quelques résultats encourageants au niveau des associations sportives communales. Cette même analyse critique nous a conduits à décider d’une restructuration profonde de ce programme.
A terme, au bout de cette restructuration qui est déjà en cours, nous aurons un programme encore plus performant pour le bonheur de nos enfants, pour le bonheur des talents dans nos communes.
Les cibles, ce sont surtout les enfants de 6e en terminale alors que nous savons que les talents se détectent aussi à bas âge. Monsieur le ministre, quand le programme sera-t-il étendu aux écoliers ?
Il faut savoir qu’il y a une chaîne. A l’étape actuelle, ce que nous faisons jusque-là, c’est de la 6e en terminale, ce que nous appelons classes sportives dans les disciplines football, basketball, athlétisme, handball, arts martiaux. A côté, il y avait les associations sportives communales qui étaient réservées à ceux qui ne sont pas dans cette catégorie, ni dans le milieu scolaire et qui peuvent être déjà plus avancés que les élèves en terminale que nous avons définis et qui sont, eux, au sein des associations sportives communales, répartis en deux groupes : un groupe des plus de 20 ans et le grand groupe des moins de 20 ans.
Quand nous avons fait l’expérimentation, nous avons constaté que parfois dans ce qui s’appelle les associations sportives communales, c’est encore les enfants scolarisés qui s’y retrouvent. Et dans ce qui s’appelle les classes sportives, il n’y a que les enfants de la 6e en terminale. Parfois, dans une discipline, on retrouve des enfants qui sont de plusieurs catégories d’âge. Donc, la restructuration que nous sommes en train de conduire nous amènera à un modèle plus intelligent, plus performant où à terme, partout où l’enfant en exprime le besoin, il y ait une classe sportive et un encadreur dédié. Les meilleurs enfants issus de différentes classes sportives se retrouveront dans un creuset communal qui sera ouvert aux espaces scolaires qui font montre d’un certain talent et qui pourront donc intégrer le programme.
C’est une restructuration qui est en cours aujourd’hui. Nous voulons redémarrer avec le nouveau format à la suite de celui qui est en place, et les objectifs sont assez précis. Nous voulons pouvoir dérouler ce format et atteindre les niveaux de performance que nous nous sommes fixés et nous assurer qu’ils fonctionnent bien, ayant tiré leçon de tout ce qui n’a pas bien fonctionné.
C’est une première dont, très humblement, tous les Béninois peuvent être fiers. Nous sommes le premier Etat au monde avec qui la Fifa signe une convention. Vous savez que la Fifa, dans son fonctionnement, travaille avec les fédérations et n’a pas pris l’habitude de travailler avec les gouvernements. Vous avez vu le président de la Fifa, Gianni Infantino, conduire une délégation ici. Nous étions au cabinet du président de la République et, sous son regard, nous avons signé cette convention sur le sport à l’école.Il faut restituer aux Béninois l’historique de cette convention.
En réalité, la Fifa a décidé d’investir dans la promotion des talents à la base. Elle a décidé d’investir dans la détection des talents en milieu scolaire. Lorsque la Fifa a commencé ce projet, le Bénin qui avait déjà eu la bonne inspiration, le génie de lancer une initiative dénommée classes sportives a été ciblé tout de suite et nous avons présenté notre modèle à la Fifa. Celle-ci a trouvé que ce modèle est tout à fait cohérent et donc a estimé qu’il serait bien de s’inspirer du Bénin comme pays pilote puisqu’il a eu l’initiative. Et en récompense de cette vision du président de la République et de son gouvernement, le président de la Fifa a décidé de venir ici signer cette convention pour montrer au monde entier que dans un pays d’Afrique qui s’appelle le Bénin, un président de la République et son gouvernement ont décidé de faire ce que la Fifa a décidé de faire.
La bonne nouvelle aujourd’hui, c’est que la Fifa nous accompagne pour l’organisation des compétitions, dans la formation des encadreurs et sur la dotation des équipements. Elle envisage d’organiser désormais une compétition inter-nations, inter-pays pour les classes sportives. Bientôt, on aura l’équivalent d’une Coupe d’Afrique scolaire et bien évidemment le Bénin sera en première ligne de cette compétition.
Aujourd’hui,il y a beaucoup de disciplines sportives qui font la fierté du Bénin. Revenons sur les performances.
Nous sommes une équipe de compétiteurs, le président de la République est un compétiteur né, il l’a dit ; et nous aussi, nous sommes ou des compétiteurs nés ou des compétiteurs révélés. Nous nous sommes découvert, pour certains d’entre nous, cette envie de gagner en plus en travaillant aux côtés du chef de l’Etat. C’est pour cela que ces premières performances et premiers succès nous donnent une seule envie, celle de continuer parce que nous pensons pouvoir encore faire mieux et que le Bénin peut encore faire vivre des émotions plus fortes, plus belles que celles que nous avons vécues lors de l’exploit à la dernière Coupe d’Afrique des nations. Le football est allé en quarts de finale, la pétanque est vice-championne du monde, Océane a décroché sa médaille d’Or, Noélie et Odile se portent bien.
Tout ça, c’est pour nous le début d’une belle aventure. Nous allons continuer à travailler avec le soutien de tous les acteurs, les fédérations, le secteur privé et pour qu’encore et encore le Bénin puisse vivre des moments aussi heureux et une fois encore, je veux dire aux Béninois des 77 communes que je les remercie pour le soutien qu’ils nous ont apporté pendant cette belle aventure. Nous allons continuer à le faire pour le bonheur de nous tous.
Le Bénin en termes de prouesses se conjugue au féminin, vous l’avez insinué, monsieur le ministre. Vous avez cité Noélie Yarigo, Odile Ahouanwanou, Océane Ganiero, Bentille Alassane… on a une longue liste. Ça veut dire que le sport se conjugue au féminin chez nous et que vous avez une vision et des actions précises dans ce sens …
Le sport se conjugue très bien au féminin chez nous au Bénin. Au handball,nos dames ont été championnes du challenge Trophy. Au basket-ball, elles se portent très bien. Même au cyclisme, nous avons découvert de jeunes filles des communes du Bénin qui pédalent très bien et nous pensons que, si on leur donne la chance de s’exprimer, elles n’hésiteront pas à le faire.
Ce qu’il faut retenir,c’est que, pour nous, ce qu’un homme fait, une femme est capable de le faire et même de mieux le faire. Le Bénin, c’est le pays des amazones et donc, nous croyons que les femmes sont aussi capables de beaucoup de prouesses. C’est pour cette raison que, dans les différentes disciplines, nous n’hésitons pas à impulser la même énergie, le même accompagnement et que,même dans les disciplines les plus improbables où l’on peut croire que le succès des femmes peut être plus difficile, nous n’hésitons pas. Sur ce plan, la Fifa nous a aussi accompagnés. Nous avons signé également une convention pour la promotion du football féminin au Bénin. Aujourd’hui, dans les programmes qui sont déroulés au niveau des classes sportives, les classes d’athlétisme, de handball et de basketball sont majoritairement occupées par des filles et dans les différents championnats que nous entendons renforcer encore, vous voyez que les femmes sont présentes.
Je peux dire avec fierté que ce que nous faisons aujourd’hui au niveau du sport d’élite avec les quelques championnes que nous avons citées, le chef de l’Etat lui-même veille au grain pour qu’en toute humilité,nous ne puissions pas nous contenter de ces quelques succès mais continuer à travailler pour révéler d’autres talents qui sont dans nos différentes communes.
Monsieur le ministre, en évoquant les résultats, l’historique qualification des Ecureuils en quarts de finale à la dernière Can, vous avez montré votre grande satisfaction. C’est après un événement majeur, une victoire remportée par le régime actuel parce que le football béninois, c’est une famille, entretemps, très divisée. Vous avez pu dépasser cette guéguerre au sein de la famille football. Qu’est-ce qui est fait aujourd’hui pour maintenir cet équilibre, cette stabilité ?
La crise dans les fédérations au Bénin, notamment la Fédération béninoise de football, est définitivement conjuguée au passé. Je crois qu’il n’y aura plus jamais de crise.
Ce que nous mettons en place pour éviter que cela n’arrive, c’est des règles de gestion. Faire en sorte que chacun sache ce qu’il a à faire. En la matière, je veux décerner vraiment un satisfecit à l’équipe actuelle, au comité exécutif de la fédération béninoise de football qui, aujourd’hui, collabore avec le gouvernement dans une démarche de transparence et de rigueur dans la gestion aussi bien des ressources que de la discipline pour laquelle ils ont été agréés par l’Etat, c’est-à-dire le football.
Disons qu’il n’y a pas de secret absolu. Il y a des méthodes, il y a à faire les choses avec sérieux et humilité. Il y a à faire aussi en sorte que, de façon objective, on réussisse à concilier les positions et agir dans l’intérêt des sportifs. J’ai dit aux acteurs qu’on ne peut pas continuer à se battre pour contrôler une fédération alors que la discipline ne marche pas. La compétition, l’envie de diriger une organisation est inhérente à la vie en société. On ne peut pas diriger une fédération qui elle-même organise une discipline qui n’enregistre aucun succès. C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai dit à l’ensemble des responsables des fédérations que le plus important, c’est que la discipline fonctionne et qu’elle soit pratiquée partout, qu’on ait des compétences, des talents, des performances et des médailles et qu’à la suite de ça, on puisse dire qui va diriger nos fédérations.
L’une des difficultés dans les fédérations, c’est lorsqu’on ne stabilise pas les textes. Et une des réformes que nous avons introduites, c’est que, désormais, il n’est plus possible de tripatouiller les textes à quelques jours d’une assemblée générale pour maintenir tel ou tel au pouvoir. Les choses sont très claires, les mandats sont connus, les textes sont standardisés et on sait très bien dans quelles conditions organiser les assemblées générales pour renouveler les différents comités exécutifs.
Vous avez évoqué les performances, les médailles remportées. Mais ces champions que nous avons aujourd’hui, quel plan est mis en place pour les accompagner ?
Nous avons mis en place ce qui, à notre entendement, est une bonne initiative: le gala des champions. Il s’agit d’un évènement par lequel chaque année, nous célébrons les différents sportifs des différentes équipes qui ont fait les meilleures performances au cours de la saison sportive écoulée. Au-delà de la petite distinction que représente le trophée, il y a parfois, et bien souvent d’ailleurs, un accompagnement financier que nous donnons à chaque athlète. Et l’effet, nous l’avons vu ;il a été immédiat. Dès que nous avons mis en place cette initiative, c’est 85 médailles pour 19 fédérations au total. Depuis que cette initiative est en place, chaque année, le nombre de médailles augmente puisque désormais en courant en compétition, chaque athlète béninois résident ou de la diaspora sait que, s’il décroche une médaille d’or, ça correspond à une distinction et à un montant donnés, s’il a une médaille d’argent, ça correspond à une distinction et à un montant donnés ainsi de suite.
Aujourd’hui, nous voyons l’intérêt, l’engouement que cela suscite dans la motivation de nos sportifs et nous allons continuer à le faire pour qu’une fois encore, notre pays puisse prendre le contrôle du continent et de toutes les disciplines d’ici quelques années.
Monsieur le ministre, on va parler maintenant des perspectives. On devrait sortir de la double confrontation Bénin-Lesotho, le Bénin a bien amorcé les éliminatoires de la Can 2021. Comment entrevoyez-vous la suite de cette campagne même si le monde traverse en ce moment une grave crise sanitaire?
Malheureusement, la crise sanitaire que traverse le monde a conduit à un report de cette échéance majeure qui est la double confrontation Bénin–Lesotho, mais je voudrais rassurer chacun de nous que le Bénin reste concentré. J’ai dit que ce qui s’est passé à la Can 2019, c’est le début de l’aventure, je n’ai pas dit que c’était une parenthèse, et donc nous avons conscience qu’on a vécu un exploit.Il faut garder la tête froide, rester humble et le prochain challenge, c’est une qualification pour la prochaine Coup d’Afrique des nations en ce qui concerne le football. Et puis, quand nous sortirons de cela, j’ai l’intention de jouer à fond les chances du Bénin pour la qualification àla Coupe du monde pour ce qui est du football.
Pour les autres disciplines, nous avons en perspective la Coupe du monde de pétanque 2022. Le Bénin a fait acte de candidature et nous sommes aussi vice-champion de pétanque, donc nous travaillons à organiser cela convenablement.
Dans le chapitre des réformes, il y a la question des sociétés sportives que j’ai annoncées. Le gouvernement va prendre le décret qui institue les sociétés sportives et à partir de ce moment, plus aucune association, aucun club n’appartiendra à un individu entant que personne physique. Il faudrait être une personne morale pour être propriétaire d’un club ou d’une association sportive dans l’ensemble des fédérations. Donc plus aucun sportif, aucun encadreur ne sera lié à un club sans que nous n’ayons copie du contrat et que nous ne suscitions en faveur de ces différents sportifs ou encadreurs la souscription par les propriétaires des clubs d’une assurance et éventuellement nous travaillons à garantir à chacun une retraite.
Autre perspective, c’est l’intensification de la campagne en faveur de la pratique du sport pour tous. Nous espérons avant décembre 2020 arriver à ce que dans les 546 arrondissements du Bénin, dans les 77 communes, dans les 12 départements, tout le monde pratique le sport pour son bien-être. Et enfin, la restructuration du programme de classes et associations sportives qui, une fois encore, donnera lieu à un meilleur programme, plus performant, plus proche de nos jeunes enfants, de nos jeunes talents pour l’avenir sportif de notre pays.
Parlant des perspectives, il y a un point qui vous tient à cœur. C’est la mise en place d’une unité de production de contenus sportifs.
Nous avons décidé que pour valoriser davantage tout ce qui est fait dans notre pays, nous allions doter notre pays d’une unité de production de contenus sportifs aux normes internationales dédiée à la valorisation exclusive du sport béninois. C’est un chantier qui avance bien.
Le chef de l’Etat a évoqué dans son discours le sport comme un élément de fierté. Ce qu’on n’a jamais vu depuis 1960. C’est à votre actif, monsieur le ministre.
J’ai vécu avec beaucoup d’émotions le discours du chef de l’Etat à l’Assemblée nationale sur l’état de la nation en décembre 2019, notamment au moment où il a dit que si l’on peut être satisfait dans l’ensemble des secteurs, le secteur qui a fait notre fierté au-delà de tout a été le sport à travers les performances de notre équipe nationale pendant la Can. Vous savez, je suis heureux pas pour moi. Dans ce que nous faisons, nos personnes n’existent pas. Ce qui compte, c’est ce que nous apportons à notre pays. J’ai été heureux pour tous les sportifs qui, depuis 1960 et même avant, se sont sacrifiés. Tous ceux qui, anciennes gloires, anciens dirigeants, anciens sportifs, se sont battus pour que le Bénin ait un rayonnement sportif. Et enfin, pour tous les jeunes aujourd’hui qui se battent, c’est une grande reconnaissance que le président de la République,un chef d’Etat du Bénin, dans son discours, évoque le sport comme l’élément qui a fait la fierté du pays. Ça donne simplement envie de continuer à travailler en toute humilité pour mériter encore des reconnaissances plus importantes.
Quel message fort avez-vous envie de passer à vos compatriotes ?
Le premier message s’adresse à tous les Béninois, de façon globale. Je veux les remercier du fond du cœur pour le soutien dont nous avons bénéficié, les inviter à continuer par nous accompagner, et les inviter enfin à se joindre à nous en pratiquant pour eux-mêmes, leur bien-être, le sport, pour ceux qui ne veulent pas faire de la compétition.
Le deuxième message s’adresse particulièrement aux Béninois de la diaspora. Je leur disais que je ferai en sorte, avec le soutien du président de la République, que d’ici quelques mois, on n’indique plus le Bénin par rapport à un de ses voisins, mais que l’on nous indique à partir des performances de nos équipes. Je suis heureux qu’aujourd’hui, on reconnaisse le Bénin à travers les performances de ses équipes, et nous allons continuer par travailler pour que nos compatriotes de la diaspora comme ceux d’ici soient encore plus fiers.
Enfin, je veux, de façon globale, remercier chacun de vous, remercier tous nos concitoyens, tous les acteurs sportifs et leur dire que nous sommes une équipe de compétiteurs et que quand un compétiteur a une première victoire, il ne s’arrête pas là. Nous avons l’appétit plus grand, nous allons continuer humblement à travailler pour des victoires encore plus belles.