Balance commerciale en déficit, indicateur de diversification des exportations en détério-ration… L’état des échanges commerciaux dans l’Uemoa au titre de 2020 appelle à une transformation structurelle des économies, à travers des stratégies axées sur la promotion de l’industrie agroalimentaire et textile.
« Il urge d’intensifier la mise en œuvre de réformes structurelles afin d’améliorer la compétitivité des filières exportatrices traditionnelles et de diversifier l’offre de biens et services destinés aux non-résidents ». C’est l’une des recommandations du Rapport sur le commerce extérieur de l’Uemoa au titre de l’année 2020 de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
Selon le document, les échanges extérieurs de biens et services des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) au titre de l’année écoulée sont ressortis déficitaires à 5,5 %
du produit intérieur brut (Pib) en 2020 contre 5,7 % en 2019. Cette amélioration de 0,2 point de pourcentage s’explique essentiellement par l’orientation favorable des cours de l’or, premier produit d’exportation de l’Union, et le repli de la facture énergétique, souligne la Bceao. Malgré une réduction de 0,6 point de pourcentage, le déficit commercial demeure élevé en s’établissant à 911,3 milliards F Cfa soit 1,0 % du Pib en 2020 contre 1461,2 milliards soit 1,6 % du Pib en 2019.
Le rapport précise que les exportations totales de biens en valeur des pays de l’Uemoa se sont établies à 17 753,0 milliards F Cfa en 2020, en augmentation de 0,5 % par rapport à 2019. Outre les ventes de l’or qui ont progressé de 31,1 %, celles de cacao et de caoutchouc sont respectivement en augmentation de 2,4 % et 12,5 %.
Les ventes de l’anacarde connaissent une progression de 0,5 %. Les produits pétroliers et le coton prennent également une place de choix dans les exportations de biens.
Quant aux exportations de services de l’Union, elles sont ressorties à 2,7 % du Pib en 2020, soit un repli de 0,8 point du Pib par rapport à leur niveau un an auparavant. La pandémie de Covid-19 qui a imposé des mesures restrictives dans le commerce et les transports a impacté tous les secteurs et particulièrement le tourisme. Le poids des services dans les exportations totales de l’Union est ressorti à 12,1 % en 2020 contre 15,0 % en 2019, soit une baisse de 2,9 points de pourcentage.
Importations en baisse
Les importations de biens de l’Union sont ressorties à
18 664,3 milliards F Cfa en 2020 contre 19 121,2 milliards en 2019 en valeur Fob, c’est-à-dire sans les frais de transport, les taxes y afférentes et les assurances. Cette baisse de 2,4 %
est essentiellement imputable à l’allègement de la facture énergétique (-24,8 %), tandis que les approvisionnements en biens de consommation ont progressé de 6,0 %.
Les importations de services ont augmenté de 1,3 % pour ressortir à 6 616,1 milliards en 2020, en liaison avec l’augmentation de la demande extérieure de services de construction, selon le rapport de la Bceao. La structure des importations de biens de l’Union est dominée principalement par les biens de consommation (33,7 %), d’équipement (22,4 %),
de biens intermédiaires (17,9 %) et de produits énergétiques (15,1 %).
La balance commerciale déficitaire reste, selon la Bceao, «la conséquence d’une multitude de contraintes qui pèsent sur la transformation structurelle des économies des Etats membres et limitent leur capacité d’offre de biens et services à forte valeur ajoutée ». La disponibilité de facteurs de production et les coûts de fourniture constituent des obstacles à l’essor des chaînes de valeur dans les économies de l’Union ainsi que la forte sensibilité de la balance commerciale à la volatilité des cours des produits échangés. Les échanges commerciaux restent tributaires des cours de matières premières exportées à l’état brut. A tout cela s’ajoute un déficit d’offre de produits alimentaires non transformés, notamment les céréales, en raison de la vulnérabilité du secteur agricole aux chocs climatiques.
Approches de solutions
La Banque centrale préconise la mise en œuvre de stratégies appropriées pour promouvoir les chaînes de valeur notamment dans les domaines de l’industrie agroalimentaire et du textile et ce, dans la perspective de réduire les importations de biens de consommation courante transformés et d’accroître la part de produits manufacturés dans les exportations des Etats membres de l’Union. A peine 5 %
du coton produit dans les pays de l’Union sont transformés sur place par exemple.
Il est aussi question de prendre des dispositions afin de diversifier les exportations et de réduire la vulnérabilité des productions vivrières locales aux aléas climatiques qui deviennent de plus en plus récurrents. Un accent devrait être mis sur la vulgarisation de semences améliorées et le développement de la culture irriguée.
Priorité devrait être également accordée à la maîtrise des risques d’insécurité et à l’accroissement des investissements dans les infrastructures de transport terrestre et maritime, et à la mise en œuvre des réformes nécessaires à la libéralisation de tous les segments du secteur des transports, suggère la Bceao. Ces mesures permettront de réduire le coût du fret et de la manutention dans l’Union.
Par ailleurs, la Bceao insiste sur les mesures à adopter pour favoriser la disponibilité des infrastructures sanitaires régionales de qualité à l’effet de satisfaire les besoins en services de santé. Les infrastructures énergétiques ne devraient pas être du reste.