Cité dortoir de nombreuses communautés, le quartier Enagnon prend au sérieux la menace du coronavirus et lui oppose une riposte à la mesure de ses modestes moyens.
Branle-bas à l’entrée principale du quartier Enagnon, lundi de Pâques dernier. Le regard tantôt affable ou ferme, des jeunes jouent aux vigiles. Impossible pour les habitants et autres riverains du quartier d’y avoir accès sans sacrifier à la tradition de lavage des mains imposée au nombre des mesures barrières contre le coronavirus. Contraints de se diriger vers le dispositif de fortune érigé à cet effet par les jeunes, ces derniers obtempèrent sans résistance, comprenant sans doute le bien-fondé de l’initiative.
Les dispositifs de lavage des mains de fortune installés un peu partout à Enagnon l’ont été sous l’initiative du Forum whats App Politique Enagnon + Infos, un creuset en ligne regroupant des jeunes intéressés par les questions de développement du quartier. Une cinquantaine de dispositifs au total réalisés, suite à une souscription volontaire des membres de ce groupe administré par Eric Kikissagbé. « L’idée nous est venue d’accompagner le gouvernement dans la promotion des mesures barrières pour lutter contre le coronavirus. Nous avons au sein de notre groupe de réflexion, après cotisation en ligne, acquis les bidons d’eau puis les avons confiés à un plombier pour fabriquer les dispositifs que voici », confie ce dernier. A chaque point des rues du quartier une maison est identifiée et le propriétaire responsabilisé pour approvisionner le dispositif implanté en eau et veiller à la sécurité du matériel. Du savon liquide est également mis à disposition pour entretenir l’opération.
Quartier populeux avec une population estimée à plus de 20 000 habitants, selon Armand Agoun, conseiller local, Enagnon reste un grand foyer de rencontre entre plusieurs communautés, des ressortissants de pays d’Afrique de l’Ouest qui sont en perpétuel mouvement vu leurs occupations. « Pêcheurs pour la plupart, ils vont et viennent et se retrouvent très souvent dans leurs pays d’origine pour visiter les parents.
Ce qui nous expose tous. Notre objectif c’est de ne pas permettre l’entrée du virus dans le quartier. Enagnon c’est la Cedeao de Cotonou car regroupant toutes les nationalités », précise le conseiller local. Raison pour laquelle il en appelle à un appui conséquent des autorités sanitaires. L’intérêt de cette opération tient à la sensibilisation des populations à la base qui continuent de ne pas prendre conscience d’une pandémie face à laquelle semblent même impuissants les pays occidentaux, selon Timothée Hounton, membre du forum et habitant du quartier. Son invite à prendre en compte les ravages de la maladie l’amène par ailleurs à penser à la pérennisation de l’opération. « Il nous faut envisager une équipe de suivi pouvant faire le tour des 50 points pour approvisionner les dispositifs », relève-t-il.