Le confinement dû au coronavirus est un piège pour certains élèves, devenus vendeurs de masques au niveau des feux tricolores et artères des villes. Toutes les composantes de la société sont appelées à agir contre ce phénomène qui expose les enfants à certains risques.
Fabrice, élève en classe de Cm1 et Eugénie, en classe de Ce1 ont troqué leurs cahiers contre la vente de masques. Sous le chaud soleil de ce samedi 18 avril aux environs de 12 heures au carrefour Arconville à Calavi, les deux gamins rivalisent d’ardeur avec leur mère pour répondre aux besoins des acheteurs. Dans une course effrénée vers les clients, chacun d’eux se démerde pour vite vider son stock. La recette journalière est récupérée et gérée par la maman.
Leur journée se passe ainsi depuis l’enregistrement des premiers cas de coronavirus au Bénin, obligeant l’Etat à décréter le port de masque systématique au sein du cordon sanitaire et à fermer temporairement les écoles. A quelque chose malheur est bon, peut-on dire pour évoquer le cas de cette petite famille qui a tôt fait de trouver en cette activité, une aubaine.
Mais le malheur des deux gamins, c’est surtout d’avoir carrément rangé leurs cahiers au profit de ce commerce qui ne pourrait prospérer au-delà de la crise sanitaire liée au coronavirus. Ils semblent ne plus avoir le cœur aux études.
Le risque qu’ils courent est grand, analyse Thierry Dovonou, secrétaire général du Syndicat national des professeurs permanents et contractuels du Bénin : « Ces enfants prennent d’énormes risques, car lors de la vente, la distance de sécurité d’un mètre ne peut pas être respectée».
Risque de contamination
La vente de masques expose les enfants et porte un coup aux mesures édictées par le gouvernement dans le cadre de la riposte contre la pandémie.
« Au même moment qu’on demande aux gens de rester chez eux, ces enfants sont en ville», alerte Thierry Dovonou. Jean-Roland Lohento, enseignant, se préoccupe également du sort des élèves vendeurs de masques.
« Nous sommes dans une période très délicate. Nous proposons aux autorités en charge de la sécurité de renvoyer systématiquement toute personne mineure en train de vendre aux abords des rues pendant cette période ».
L’Unicef évalue à 99 %, le nombre d’enfants et de jeunes de moins de 18 ans dans le monde se retrouvant dans les 2,34 milliards de personnes vivant dans l’un des 186 pays ayant imposé une forme de restriction des mouvements en raison de la pandémie.
Si ailleurs, des programmes sont concoctés par les parents, en ligne et dans les médias pour occuper les enfants durant le confinement, cette approche n’est pas encore entrée dans les habitudes au Bénin.
Risque de décrochage
Jean-Roland Lohento énumère quelques pistes pour le suivi régulier des enfants durant le confinement. « Les parents doivent établir et respecter rigoureusement un emploi de temps spécial pour la période. En dehors des week-ends, éviter de passer toute une journée sans travailler. Pour les candidats aux examens, traiter au moins une épreuve par jour (anciennes épreuves d’examen, d’examen blanc, de travaux dirigés…) ».
Pour Roland Hounmènou, les études et le repos doivent aller de pair. « Les enfants doivent bien dormir et regarder la télévision à des heures données en cette période. Ils doivent faire la copie, la lecture des livres et leçons afin d’être à jour », recommande-t-il.