Le guitariste et parolier Ambroise Akoha alias Jukko n’est plus. L’ancien sociétaire de l’orchestre Bcb et de « Gnonas Pedro et ses Dadjè » a cassé sa pipe, ce mardi 21 avril des suites d’une longue maladie.
Il ne dansera plus le Djodjoklidjo, son rythme de prédilection et de joie. Souffrant depuis plusieurs mois, Ambroise Akoha a tiré sa révérence, ce mardi 21 avril, créant une perte énorme dans l’univers artistique béninois. Le guitariste, auteur, compositeur et chanteur, ex-sociétaire de l’orchestre Bcb et de « Gnonas Pedro et ses Dadjè» tourne ainsi définitivement dos à la scène.
Apôtre de la paix, de l’unité nationale et du développement, l’illustre disparu laisse derrière lui une longue carrière de cinq décennies riche de plusieurs chansons célèbres d’amour, de paix, de réconciliation. « Unissons-nous pour le développement de notre pays… Œuvrons tous pour la paix, la réconciliation et l’amour », prônait-il dans son morceau Unité nationale qui tourne en boucle sur les chaînes de radiodiffusion et de télévision pendant les périodes électorales. Cette chanson résonnera pendant longtemps comme un hymne, une invite à la culture de la paix et de la concorde nationale à l’endroit de la classe politique et de toute la jeunesse béninoise.
Les mélomanes d’un certain âge se souviennent de son duo alléchant avec Zeynab Habib dans Sokèmi. Mais le début de la véritable carrière d’Ambroise Akoha remonte aux années 70 et 80.
Le public mélomane a découvert le jeune talent à Bohicon en 1971, avant qu’il ne fasse exploser tout son talent de soliste et d’accompagnateur dans le groupe musical de « Gnonas Pedro et ses Dadjè» entre 1975 et 1977 à Cotonou. Puis, il devient membre fondateur du célèbre orchestre de la Banque commerciale du Bénin (Bcb), créé aux temps forts du régime marxiste-léniniste.
Lui et ses compères Bluecky d’Almeida, Danialou Sagbohan, Oscar Kidjo, Célestin Migan, Célestin Gbedjinou travaillaient la journée dans la banque d’Etat et officiaient sur scène le soir. Ambroise Akoha y était comme soliste et compositeur. Ses talents d’arrangeur sont également connus et exploités par des artistes de sa génération.
Solo
Insatisfait, Jukko décide de sortir son propre disque pour faire valoir toute sa capacité de composition, sa voix accrocheuse et son talent d’instrumentiste. « Ambroise Akoha, c’est une voix, mais c’est aussi et surtout le rythme et la nuance, c’est avec égale aisance qu’il passe du Djodjoklidjo au slow, du Reggae au Makossa… », lit-on sur ce premier album « Spécial » de « Grande variété musicale » produit par un certain Hubert M. Houégban. Avec ses morceaux Pas faire l’important, Djodjoklidjo, Nuwamè vivi nou kinto, You make me cry, My mother, exécutés avec les regrettés Antoine Agoligan, Miguelito et Dam Suggu au chœur, l’artiste était annoncé comme un « chanteur d’avenir ». Et même s’il n’a pas connu une grande carrière internationale, il a su tenir son rang de pionnier dans la musique moderne béninoise, à travers ses chansons qui resteront quelque peu des classiques et des repères pour la jeune génération.