Deuil suite au décès du Sinaboko Sabi Nayina III: La vie s’arrête dans les royaumes baatonu et boo

Par Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori,

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La case ronde (sèkô) de la cour impériale de Nikki s’est assombrie depuis mercredi 19 octobre dernier, avec Sa Majesté, le Sinaboko Sabi Nayina III qui a rejoint ses ancêtres. Conséquence, toutes les manifestations sont interdites jusqu’à nouvel ordre dans tout le Baro Tem. Et c’est la vie qui s’arrête ainsi dans les différents royaumes de l’aire culturelle et cultuelle baatonu et boo.

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Pour paraphraser l’Emir Sabi Kpassi de Yashikirou, porte-parole de la famille du défunt Sinaboko Sabi Nayina III et de la lignée des Dafiarou, tel que rapporté par Souleymane Gbassidé du service de la communication à la cour impériale de Nikki, c’est l’enfant qui a perdu son père, sinon que l’Empereur vit toujours. N’empêche que, depuis qu’il a rejoint ses ancêtres, mercredi 19 octobre dernier, c’est la consternation à la cour impériale. Son inhumation ayant déjà eu lieu, jeudi 20 octobre dernier, commence la période de deuil marquée par une suite de rituels au cours desquels la vie s’arrête dans les différents royaumes sous l’empire de Nikki.
En effet, la disparition de l’Empereur du Baro Tem va affecter un certain nombre d’activités en cours ou prévues pour être organisées dans les différents royaumes baatonu et boo. Déjà, aucun d’eux n’a tenu, vendredi 21 octobre dernier, son conseil hebdomadaire.

Un long processus

Le marché Taki Sari de Nikki, depuis la disparition de l’Empereur, est interdit de s’animer à son emplacement habituel. Ses occupants ont été invités à le quitter, pour aller s’installer au bord des voies, pendant tout le temps que le deuil va durer. « Dans les autres royautés de l’empire, les manifestations et autres réjouissances populaires et festives ne sont également plus autorisées. Il n’y aura plus de Gaani pour ceux qui ne l’ont pas encore organisée, ni d’intronisation d’un roi ou d’un dignitaire traditionnel homme ou femme. Au cours de cette période, il n’y aura pas de cérémonies de rasage. Ceux qui avaient des funérailles à organiser après la récolte sont priés d’attendre, tant que le nouvel empereur n’aura pas été choisi, puis intronisé», insiste-t-il. « Quiconque va vouloir passer outre ces interdictions, rencontrera malheur en chemin. La bénédiction de l’Empereur, puisqu’il ne vit plus, ne les couvre plus », avertit le premier ministre, le Sina Dounhouirou. « S’entêter, c’est provoquer les ancêtres. Ce n’est pas seulement Nikki qui est en deuil, mais tout le territoire de l’empire », met-il en garde.
Par ailleurs, Sa Majesté le Sina Dounhouirou, premier ministre de la cour impériale, a saisi l’occasion pour informer que la prière du troisième jour au défunt, a déjà été organisée, samedi 22 octobre dernier à Nikki. Elle a été faite en famille. La prière du huitième jour suivra, jeudi 27 octobre prochain à partir de 14 heures à la cour impériale, selon Souleymane Gbassidé du service de communication de la cour impériale. Ce sera le lieu de recevoir les autorités politico-administratives, les têtes couronnées, chefs traditionnels et sympathisants venus pour cette prière.
« Après cette cérémonie, nous allons rester au palais durant trois lunes. Les dignitaires femmes seront installées dans la case ronde, au moment où les têtes couronnées que nous sommes seront dans le hall central pour continuer à recevoir les messages de condoléances», laisse entendre le premier ministre. « Il y a les cérémonies traditionnelles de salutations à la tombe de l’empereur effectuées par les griots et les danseurs que la famille prend le soin d’héberger et de nourrir », renchérit l’Emir Sabi Kpassi de Yashikirou, au Nigeria. « En décembre, suivra la cérémonie des funérailles appelée Hannannan pour l’empereur. A la fin, il sera demandé aux prétendants au trône de s’annoncer », poursuit-il.
Par la suite, le Sina Dounhouirou et les autres ministres de la cour vont se retrouver afin d’étudier le dossier de chacun d’eux, déterminer la dynastie qui aura le trône, puis dénombrer le nombre de candidats qui se sont présentés au nom de ladite dynastie et commencer par les éliminer, selon les critères retenus. « On choisira un jour pour officialiser l’intronisation de celui qui sera choisi et le processus prendra fin avec les activités au niveau de la cour impériale qui retrouveront leur cours normal », précise-t-il.
Chargé d’assurer actuellement la régence pour faire aboutir le processus, le Sina Dounhouirou est assisté dans sa mission par les autres ministres de la cour. Les frères de l’empereur, comme Sinantoko, Foudounga et les autres, sans oublier ses serviteurs, peuvent également être présents à ses côtés, tous les jours.

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Les nagots éplorés

Par ailleurs, depuis jeudi 20 octobre dernier, le cousinage qui se pratique à travers les petits ruminants que les nagots immolent dans la cour impériale, bat son plein. « C’est un héritage que nos ancêtres nous ont laissé. On ne peut rien contre. Si les nagots décident de le faire, chaque fois qu’ils trouvent une bête, on ne doit pas se bagarrer contre eux », a expliqué le premier ministre. « Dès que les nagots rentrent dans la ville, ce sont les cabris même qui les cherchent et vont vers eux. Ils se chargent de les capturer, puis de les immoler tout simplement. C’est naturel. Ces rituels existaient depuis et ce n’est pas en notre temps qu’ils vont cesser. Ainsi, que celui qui constate qu’ils ont immolé son animal, se contente de louer les ancêtres. Il sera récompensé au centuple. Mais, malheur à celui qui décide de se battre contre eux », a-t-il confié.
Rappelons que c’est après huit ans de règne et à l’âge de 78 ans que l’empereur s’en est allé. Lors de la dernière Gaani, il a même reçu, vendredi 7 octobre dernier, les membres de la délégation gouvernementale avec lesquels il a échangé. C’est par rapport à la construction d’un nouveau palais et de l’arène de la Gaani. Il avait, en personne, dirigé, depuis la case ronde, la cérémonie de sortie des tambours sacrés. Le lendemain, sous l’effet de la fatigue, il n’avait pas pu effectuer le parcours rituel, préférant déléguer ses pouvoirs à son petit frère, le roi de Sandilo.
« C’est quelqu’un qui aime la jeunesse, la paix et la cohésion sociale. Il est un homme généreux. En exerçant sa profession de menuisier, il était généreux avec tout le monde. Il ne travaillait surtout pas pour l’argent. C’est vrai que pour subvenir aux besoins de sa famille, il faut qu’il gagne sa vie », souligne l’Emir Sabi Kpassi de
Yashikirou, au Nigeria.
Gounou Sidi Zimé Amouda à l’état civil et Bio Yérima de son nom de prince, l’empereur Sabi Nayina III avait été désigné le 2 août 2014, à l’âge de 70 ans, parmi 27 prétendants pour succéder à Séro Kora III. Il est de la dynastie des Lafiarou. Il a œuvré au cours de son règne à l’unité du Baru Tem?