Dr Fouad Soumanou, chirurgien urologue: « Il y a des traitements disponibles pour les troubles de la prostate »

Par Reine AZIFAN,

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Comme tout organe du corps humain, la prostate connaît dans son fonctionnement quelques difficultés. On parle dans ce cas de troubles de la prostate. Il est tout à fait normal qu’à partir de 50 ans, un homme présente des troubles de la prostate. Mais des solutions sont disponibles au Bénin et permettent d’y faire face. C’est ce que nous explique le Dr Fouad Soumanou, urologue chirurgien.

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La Nation : Dr Soumanou, quel est le rôle de la prostate ?

Dr Fouad Soumanou : La prostate est un organe masculin qui est situé au-dessous de la vessie. Elle repose sur le planché périnéal et est située en avant du rectum et en arrière du pubis. La prostate, comme dit dans la définition, est un organe uro-génital qui intervient principalement dans la reproduction humaine. C’est un organe traversé par l’urètre d’où son rôle d’organe urinaire.

Quels sont les troubles qui peuvent, à un moment donné, compromettre le bon fonctionnement de la prostate ?

Les troubles de la prostate peuvent être schématisés comme suit: les maladies tumorales de la prostate dans lesquelles nous avons l’hypertrophie bénigne de la prostate et le cancer de la prostate. Nous avons les maladies infectieuses de la prostate au nombre desquelles nous avons la prostatite aiguë et la prostatite chronique. Nous pouvons avoir les maladies lithiasiques de la prostate parce qu’une lithiase (formation de calculs) peut s’enclaver dans la prostate, on parlera de calculs prostatiques. Les maladies liées à la prostate sont donc regroupées en trois groupes que sont: les pathologies tumorales, les pathologies infectieuses et enfin les pathologies lithiasiques.

Quelles sont les causes des troubles de la prostate et comment les reconnaitre ?

Quand nous considérons le groupe des pathologies tumorales, l’hypertrophie bénigne de la prostate et le cancer de la prostate partagent, à une similitude près, les mêmes causes. La principale cause est la sécrétion de la testostérone par l’homme. C’est cette hormone génitale masculine qui est sécrétée par la prostate et qui permet à cette dernière de se développer. C’est une cause principale du développement des cellules prostatiques. Une autre des causes est liée à l’âge ; plus on prend de l’âge plus notre prostate aussi grandit dans notre corps, c’est-à-dire qu’elle pèse plus lorsqu’on prend de l’âge. D’autres facteurs non moindres tels que l’alimentation, la race africaine, les antécédents familiaux de prostate sont à citer. Les régimes riches en graisse favoriseraient le cancer de tout organe selon plusieurs études. En somme, l’âge et la sécrétion de la testostérone sont les principales causes qu’on retrouve dans les deux pathologies tumorales que sont l’hypertrophie bénigne de la prostate et le cancer de la prostate.
Pour ce qui concerne des maladies infectieuses de la prostate, il s’agit d’une infection urinaire que le patient aurait contractée et qui remonte maintenant par le canal de l’urètre jusque dans la prostate où elle se localise pour entrainer un remaniement inflammatoire de cette prostate d’où une prostatite.
Cette dernière se manifeste chez le patient par des douleurs périnéales, il sent la fièvre, il vomit, il a des frissons. Au toucher rectal, on remarque chez le patient des douleurs au niveau de la prostate. On peut donc diagnostiquer chez ce patient qu’il fait une prostatite aiguë qui, mal traitée, peut se transformer en prostatite chronique qui devient difficilement traitable.
Quant à la pathologie lithiasique, c’est-à-dire la présence des calculs dans la prostate, il peut s’agir des calculs qui sont formés dans la vessie et qui vont se déplacer plus tard dans la prostate. Ce sont de petites pierres qui sont dues à une accumulation d’urine et qui vont former par petites pièces une masse qu’on va appeler plus tard les calculs. Ces calculs, à la longue, peuvent aller se localiser dans la prostate et entraîner des douleurs périnéales, le malade sentira des douleurs. Ce diagnostic sera porté par l’échographie et si possible, la radiographie qui va retrouver une image radio opaque. Là, on portera le diagnostic de calculs prostatiques. Des bilans infectieux seront demandés et le traitement sera dirigé pour soulager le patient.

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Qu’en est-il du cancer de la prostate ?

Le cancer de la prostate est un développement anarchique des tissus prostatiques qui vont se transformer plus tard en des cellules malignes de la prostate. On parle du cancer de la prostate quand le patient vient en consultation avec des signes tels qu’il n’urine pas bien la nuit, n’arrive pas à garder l’urine ou on retrouve du sang dans les urines. Dans ce cas, on lui fera faire un bilan. D’abord, il passera chez l’urologue qui lui fera faire un examen clinique dont surtout le toucher rectal qui indiquera clairement la forme de la prostate qui est souvent rugueuse, irrégulière, qui a la forme d’une pièce dure au toucher. Un Psa total sera demandé à ce patient. Le Psa total est une enzyme sécrétée par les cellules prostatiques et qui rend compte uniquement de l’activité de la prostate. Il est souvent élevé, on peut le retrouver à plus de 100 ou de 50 ng/ml chez certains patients, il est un indicatif. En plus, on lui demandera une échographie et bien d’autres examens surtout la biopsie prostatique. Ce n’est qu’après ces examens qu’on pourra parler chez ce patient, d’un cancer de la prostate. Il faut dire qu’une prostatite aiguë mal traitée passe en sa forme chronique. La prostatite chronique peut être un facteur de risque du cancer de la prostate.

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Quels sont les solutions possibles ou les traitements disponibles au Bénin pour faire face aux troubles de la prostate ?

Lorsqu’un patient ressent ces signes urinaires, sa première réaction, c’est d’abord d’aller voir un médecin généraliste qui va l’orienter ensuite vers un urologue. Dans ce cadre, il y a bel et bien des traitements disponibles au Bénin. Je prends d’abord le groupe des pathologies tumorales, là nous avons d’abord l’hypertrophie bénigne de la prostate dont le traitement peut être d’abord un traitement hygiéno-diététique, c’est-à-dire que le patient doit éviter l’alcool, le piment qui ne sont que des excitants et uriner dès que le besoin se fait sentir. Après toutes ces mesures hygiéno-diététiques, on va passer au traitement médicamenteux qui comprend plusieurs groupes de médicaments qui peuvent être des extraits de plantes donc une phytothérapie ; ça peut être des médicaments qui permettent la relaxation des muscles lisses de la prostate. Ensuite, lorsque tous ces traitements sont mis en branle et que le patient ressent toujours les mêmes symptômes, malgré ces traitements bien conduits, on peut passer au traitement chirurgical. Le traitement chirurgical au Bénin, à part la chirurgie ouverte que tout le monde connait, on a l’endoscopie. On pratique de plus en plus la résection endoscopique de la prostate au Bénin. Elle est la chirurgie par les appareils et consiste juste à introduire un appareil dans le méat urinaire pour remonter jusque dans la vessie. Cela nous permet de voir clairement la prostate et nous permet de mieux la réséquer comme un menuisier qui rabote son bois. Donc il y a la chirurgie endoscopique désormais au Bénin. On n’a pas toujours besoin de l’ouvrir pour aller faire une adénectomie.
Ensuite, il y a d’autres méthodes qu’on n’a pas encore au Bénin comme la photo vaporisation au laser qui se fait dans d’autres pays. Il y a aussi une autre méthode qui est le lift. Il s’agit de faire des implants dans chaque lobe prostatique afin de pouvoir élargir le canal urinaire, afin de permettre au patient de mieux uriner, de ne plus pousser pour uriner. Il y a encore d’autres méthodes qui ne sont pas encore développées sous nos cieux. Il y a l’embolisation des artères prostatiques qui n’est pas encore développée dans notre pays. Il s’agit juste de localiser ces artères prostatiques à travers toujours un appareil et d’aller les boucher pour que la prostate n’ait plus d’éléments pour pouvoir croître. On parle d’embolisation des artères prostatiques. Cela contribue, à la longue, à la réduction du volume de la prostate. Le traitement se fait au cas par cas indépendamment aussi de l’âge du patient.

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Comment prévenir les troubles de la prostate ?

Prévenir les troubles de la prostate serait vraiment difficile car à 60 ans, au moins 40% à 45% des hommes font la maladie de la prostate. Donc à 60 ans, on est sûr de trouver un type histologique de la maladie bénigne de la prostate ou du cancer de la prostate chez tout homme. Donc prévenir cette maladie serait vraiment difficile parce que tout homme qui grandit doit vieillir. La prostate, lorsqu’on est jeune, a un volume donné et qui est compris entre 15 et 25g mais lorsqu’on vieillit, elle prend du poids et peut aller jusqu’à 200 ou 500g. Entre 40 ans et 50 ans, l’homme a un pic de testostérone. Donc à cet âge, la prostate du patient peut dégénérer rapidement en un cancer. C’est pourquoi on demande à tous les patients de venir consulter un urologue pour qu’on leur fasse un bilan pour savoir en même temps qui est prédisposé à un cancer de la prostate et qui ne l’est pas. A cet âge surtout, le cancer de la prostate est foudroyant et peut entraîner une mort subite du patient. Le traitement du cancer de la prostate aussi est un traitement au cas par cas. On devra adapter un traitement qui dépend du stade de la maladie, de son état, de son âge, de l’espérance de vie afin de lui administrer un traitement radical ou un traitement hormonal médicamenteux ou une castration chirurgicale ; si la personne est âgée de plus de 70 ans, on ne lui fait pas un traitement radical mais on essaye de l’aider à supporter ses douleurs ou on essaye de l’observer et quand il a mal, on lui prescrit des médicaments jusqu’au jour où les symptômes se déclarent et puis là, on le traite.