Avec la tenue du Conseil des ministres, ce mercredi 1er février, on en sait un peu plus sur les conditions de survenue de l’accident de Dassa-Zoumè, le bilan actuel ainsi que les mesures prises par le gouvernement aussi bien pour soutenir les victimes et leurs parents que pour que les responsabilités soient situées.
Vingt morts dont 19 calcinés et un décès par brûlure au troisième degré et 24 personnes blessées de gravité variable et d’importants dégâts matériels. C’est le bilan enregistré sur place lors du drame survenu, dimanche dernier à Dassa-Zoumè et qui commence par livrer peu à peu ses secrets. Et c’est la voix officielle, celle du gouvernement qui situe l’opinion nationale et internationale sur la réalité des faits. Au total 45 personnes se trouvaient à bord de ce véhicule de transport en commun qui avait pris départ de Parakou pour Cotonou. Selon les faits rapportés par le Conseil des ministres, c’est arrivé à hauteur du Village d’enfants Sos de Dassa-Zoumè que « le conducteur du bus en aurait perdu le contrôle à la suite de l’éclatement du pneu avant côté chauffeur. Dans sa course, il a percuté un camion grue qui roulait en sens inverse, puis s’est immobilisé en pleine chaussée et a pris feu. Le camion percuté s’est, quant à lui, renversé dans le ravin et a été contaminé par les flammes ». Progressivement le feu s’est étendu à tout le bus, ne laissant plus de chance à ceux qui étaient restés coincés à l’intérieur de se sauver. Selon le Conseil des ministres, « les premiers éléments d’analyse postulent que le bus allait à vive allure au moment de l’accident, et il est à signaler que le chauffeur du bus avait été verbalisé ce même jour à la sortie de Parakou, par la Police républicaine, pour excès de vitesse ». Ce récit des faits ainsi que le bilan qui en découle permettent désormais de savoir ce qui s’était réellement passé puisque depuis dimanche dernier, mille et une versions, les unes plus sensationnelles que les autres, étaient répandues. Mais une chose demeure, le drame est affligeant.
Les mesures prises
Malgré tout l’émoi suscité, un fait est assez particulier et mérite d’être relevé. Depuis l’avènement du régime de la Rupture, c’est la première fois qu’une minute de silence est observée à l’ouverture du Conseil des ministres. Cela semble bien témoigner de l’importance que le gouvernement accorde à la situation. Mais la réaction de l’Exécutif ne s’est pas limitée à cet acte symbolique. Dès les premières heures, des mesures concrètes ont été prises pour secourir les rescapés et soulager leurs familles. La présence physique des membres du gouvernement auprès des victimes n’a pas fait défaut. « Le Président Patrice Talon a dépêché sur les lieux les ministres chargés des Transports et de la Sécurité. Il y aura une suite afin que cela ne se reproduise plus. La perte de ces nombreuses vies ne sera pas vaine », avait publié le dimanche, juste après l’accident, le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji. Cette réaction du gouvernement a permis de prodiguer les soins d’urgence aux personnes blessées à l’hôpital de zone de Dassa-Zoumè dans un premier temps, de les transférer vers les unités de traitement des brûlés et de réanimation adéquates à Cotonou et Abomey-Calavi pour une meilleure prise en charge et ce, sur le budget national.
Mieux, pour faciliter le contact avec les parents des victimes avec un élan de proximité, trois comités de crise ont été installés à Parakou, Dassa-Zoumè et Cotonou. Ils ont pour mission de prendre en charge les familles affectées et leur apporter les informations appropriées ainsi qu’un soutien psychologique.
Structurel
Des mesures structurelles variées et multidimensionnelles ont été également prises par le gouvernement, en réponse au drame. Elles partent des dispositions législatives et réglementaires au renforcement des équipements des sapeurs-pompiers et de la Police républicaine. Ainsi, il est décidé que les principales casernes de sapeurs-pompiers de l’intérieur du pays seront dotées de matériel adéquat pour faire efficacement face aux sinistres en cas de besoin. Il est aussi annoncé l’intensification des contrôles routiers, par un déploiement important de policiers et la dotation prochaine des agents de la Police de caméras et micros. Ces mesures structurelles semblent bien fondatrices du renouveau dans le secteur des transports en commun et de la sécurité routière.
Par ailleurs, le ministre en charge de la Justice est instruit pour entamer les diligences nécessaires pour que les responsabilités soient clairement situées. Une enquête judiciaire est donc ouverte et se poursuit sous l’égide des personnels concernés.
La professionnalisation du métier de transporteur dont les textes sont en cours de finalisation, la création d’un parc automobile avec des véhicules répondant aux normes qui seront fixées par les textes, le vote prochain d’un nouveau Code de la route dont le projet a déjà été étudié par le gouvernement, et qui sera transmis à l’Assemblée nationale dès l’installation de la 9e législature et l’adoption prochaine de la politique nationale en matière de sécurité routière sont d’autres initiatives à moyen et long termes qui auront des impacts sur le transport en commun d’une manière globale.
L’autre mesure médico-légale qui ne manquera pas de soulager les parents des victimes, c’est le choix du gouvernement d’exclure que les corps soient ensevelis sous anonymat. Il est donc entrepris la mise en place d’une équipe de biologistes et de médecins légistes pour déterminer, par des tests d’Adn, l’identité des personnes décédées dont les corps sont méconnaissables du fait de l’intensité de l’incendie à la suite de l’accident. Ce qui permettra aux familles des défunts de faire leur deuil de manière convenable et d’inhumer leurs proches dans des conditions qu’ils auraient voulues.
———————- La limitation de vitesse, une exigence ————
Les multiples décisions du gouvernement n’auront réellement de sens que si les populations notamment les conducteurs font preuve du civisme qu’il faut sur les routes. De manière particulière, l’excès de vitesse reste le quotidien de ces bus, minibus et camions qui foulent aux pieds presque toutes les règles de la route. En cela, l’appel du gouvernement au civisme reste important et doit faire écho auprès de ces conducteurs peu enclins au respect du code de la route.
Ainsi, l’accentuation du contrôle de la vitesse et de la visite technique de ces engins, parfois branlants, sera certainement une mesure à court terme qui délivrera de potentielles victimes des griffes de ces bourreaux d’un genre particulier n