La journée de la femme, c’est la journée de l’Homme, la promotion des droits de la femme, c’est la promotion des droits de l’Homme. Et tous les hommes gagneraient à œuvrer pour la promotion des droits de la femme, car leur réalisation profite à la communauté dans sa plénitude. C’est ce qui ressort, entre autres, de la conférence animée hier jeudi 10 mars par Joseph Djogbenou, président de la Cour constitutionnelle, autour du thème « Droits des femmes et droits de l’homme ».
« Revendiquer pour la femme ses droits, c’est revendiquer pour soi-même ses propres droits. Admettre la violation des droits de la femme, c’est admettre la violation de ses propres droits, c’est admettre la violation des droits humains ». C’est l’opinion soutenue et défendue par Joseph Djogbénou, président de la Cour constitutionnelle, à l’entame des échanges avec le personnel autour du thème: « Droits des femmes et droits de l’homme ». Une initiative qui s’est tenue dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits de la femme. « Quand on regarde l’assiette des droits, les droits réclamés par les femmes (droit à la liberté, droit au respect de l’intégrité, droit à la participation…) sont aussi les droits recherchés par les hommes. Il n’y a pas une différence de nature de façon intrinsèque entre les droits de la femme et les droits de l’Homme. Les anglo-saxons parlent de Human rights qui s’entend comme les droits de l’humain. Les droits de la femme sont donc les droits humains », fait observer le président Joseph Djogbénou. Pour lui, la satisfaction des droits de la femme ne profite pas seulement aux femmes… Elle profite à l’ensemble de la communauté. Ce n’est donc pas une démarche sentimentale, une démarche de pitié… C’est même une nécessité au sens égoïste pour chacun et tous de revendiquer les droits de la femme. « Car de la satisfaction dans leur complétude des droits de la femme, dépend la satisfaction dans leur complétude des droits de l’Homme. Il y a donc un intérêt pour chacun de faire en sorte que les droits de la femme puissent être réalisés », a soutenu le président de la Cour constitutionnelle. Il apparait selon lui que la journée de la femme est la journée de l’Homme ; promouvoir les droits de la femme, c’est promouvoir les droits de l’Homme. Et tout ce qui est fait en faveur des femmes en termes de réformes et d’actions menées contribue non seulement à leur épanouissement mais surtout au développement de la société entière y compris les hommes. Portant la voix des femmes, la conseillère Cécile de Dravo Zinzindohoué a salué l’initiative du président de la Cour constitutionnelle qui vient situer cette journée dans son essence… Pour la présidente de la Haute Cour de justice, la journée du 8 mars doit être une journée d’intenses réflexions sur le statut de la femme.
Une journée utile sinon nécessaire
Pourquoi une journée internationale de la femme quand on sait que chaque jour est jour de la femme ? Pourquoi s’arrêter en une journée, se regarder, interpeler, faire le point et prendre de nouvelles résolutions en mettant la femme au cœur de ces résolutions? Joseph Djogbénou répond: «Je pense que ceux qui l’ont instituée ont raison. Je pense que pour des raisons que beaucoup savent ; des raisons relevant dans le monde entier du statut de la femme et des contraintes auxquelles elle est exposée, de ce que l’on peut appeler les déterminismes sociaux et politiques ; il est normal que la communauté internationale se concentre sur la question de la femme ». Mais le président de la Cour constitutionnelle fait deux observations : « J’ai l’impression que l’on prend cette journée du côté où l’on ne devrait pas. Elle a de plus en plus un caractère folklorique, festif, anecdotique. Une journée qui passe et qui s’en va. Une journée qui, quand on regarde de plus près, est considérée comme toute autre journée… La deuxième remarque est que l’on considère cette journée comme la journée de la femme, prise au sens du genre. Et certains arrivent même à penser que l’on devrait instituer la journée de l’homme… Non car la journée de la femme me semble être d’abord la journée de l’Homme ». Pour Joseph Djogbénou, la journée de la femme ne doit pas être célébrée dans une approche sentimentale à l’égard de la femme. Ce n’est pas un instant que l’on décide de fixer pour regarder la femme dans sa situation comme si on devrait avoir à son égard un sentiment de pitié… C’est ce que soutient, à son tour, la présidente de la Haute cour de justice. Elle exhorte les femmes à ne pas se laisser aller aux discours romantiques et galants mais à faire de cette journée, une journée de réflexions, de bilan et de projections sur la base des droits de la femme ; les droits acquis et les droits qui restent à conquérir.
Donner aux femmes une meilleure place
Les échanges entre le président Joseph Djogbénou et le personnel de la Cour constitutionnelle ont également porté sur l’évolution du statut de la femme. « Ne faut-il pas changer de paradigme et mettre les unités physiologiques qui sont plus nombreuses devant ou tout au moins les mettre côte à côte ! La locomotive irait sans doute plus vite. Il faut prendre l’option stratégique de considérer que pour aller plus loin, nous avons intérêt à ce que les femmes soient à nos côtes sinon devant nous. J’ai l’impression que c’est cette option stratégique que la plupart des États empruntent aujourd’hui. En l’occurrence l’Etat du Bénin ». Voilà une affirmation du président Joseph Djogbénou qui a suscité l’intérêt des participants. Pour certains, ce sont les femmes elles-mêmes qui se montrent passives et ne semblent pas résolues à prendre leur part active au développement. Pour d’autres, il faut craindre que la place prépondérante donnée à la femme ne se retourne finalement contre la société entière au regard du risque de désintégration des femmes de leurs responsabilités au ménage. S’intéressant aux statistiques démographiques, le président Joseph Djogbénou relève que dans la plupart des États du monde, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Et cet élément démographique va se renforcer au fil du temps. En outre, dans les populations africaines, les jeunes femmes sont plus nombreuses que les jeunes hommes. Régler donc les questions liées au développement et à la jeunesse en Afrique et au Bénin revient à régler en majorité les problèmes liés aux femmes et aux jeunes femmes. A travers les différentes réformes législatives engagées au Bénin, c’est la société qui décide de traiter des causes des inégalités entre femmes et hommes. Et ces réformes permettent de faire en sorte que les femmes puissent se tenir aux côtés des hommes sur le chemin du développement. Dans ses observations, Cécile de Dravo Zinzindohoué, présidente de la Haute Cour de justice exhorte les femmes à prendre conscience de leurs responsabilités et de la part qui leur revient dans le développement de leur pays… Elle les invite à réaliser les droits acquis grâce aux réformes engagées depuis peu… « Ce sont des droits dont toutes les femmes doivent prendre conscience, qu’elles soient intellectuelles ou analphabètes », a-t-elle affirmé. Mais pour relever les défis et saisir les opportunités, il faut des femmes compétentes… Et c’est là que s’invite la problématique de l’éducation à la base, une question sur laquelle la femme est encore attendue.