La célébration de la mort et de la résurrection du Christ à travers la fête de Pâques a connu cette année une couleur toute particulière. En raison des mesures en vigueur pour lutter contre le coronavirus, les fidèles chrétiens et les populations en général ont été invités à renoncer pour une grande part à leurs habitudes.
C’est une semaine pascale jamais connue que Bonaventure Togbé a vécue cette année. Ses derniers espoirs se sont envolés dans la matinée de ce lundi de Pâques. En 15 ans de pratique, le fermier n’a jamais connu pareil moment. Dindons, poulets, canards et autres volailles sur lesquels il a investi, espérant les revendre comme à l’accoutumée à la fête de Pâques sont restés sur sa ferme. « Même pas la plus petite des commandes », se désole, résigné, le fermier. La résignation ! C’est l’option de nombreuses autres personnes qui, dans l’impossibilité de braver les interdictions du moment, ont connu un week-end pascal tout particulier. Les chrétiens catholiques devraient être les premiers à annoncer les couleurs avec le dernier chemin de croix du vendredi saint. Cette célébration qui, d’ordinaire, voyait les rues prises d’assaut parfois sous des cortèges policiers n’a pu être organisée. Ce vendredi, tout était comme d’habitude. Rues désertes, fidèles absents, célébrants invisibles… Même scénario le dimanche de Pâques. La ville de Cotonou n’a pas connu la moindre effervescence ni affluence. Comme Désiré Tonato, responsable d’entreprise, les familles chrétiennes ont suivi les cultes sur les réseaux sociaux, à la radio et à la télévision. Mesmin Folly, lui, a opté pour le culte papal sur la chaine de télévision Kto. « J’aurais pu être à l’église, mais à défaut, je l’ai suivi à la télé avec toute ma famille ».
D’ordinaire, c’est dans son Mono natal et en famille que le père de famille vit ces moments. « Nous en avons fait un moment de retrouvailles qui réunit toute la famille et en faisions un moment de brassage ». L’expérience n’a pas été facile à vivre, confesse-t-il. « C’est comme si j’avais un manque. C’est une tradition de vieille date et j’en ressens encore le vide », lâche-t-il, quelque peu triste. Ainsi, c’est chez lui que cet homme de 45 ans a passé le week-end pascal avec sa petite famille, comme la plupart des habitants du pays et tout singulièrement de la ville de Cotonou. Pour éviter de mettre le nez dehors, certains ont bouclé leurs derniers achats déjà vendredi. Supermarchés et autres supérettes ont accueilli du monde vendredi et samedi. D’importants achats ont été effectués créant même des pénuries de certains produits par endroits.
Chacun est resté chez lui !
Sylvanus Fanou, responsable de l’association chrétienne «Tous unis » avait prévu une célébration pascale à Possotomè avec les membres de son cercle. Comme à leurs habitudes, les membres de ce creuset devraient vivre un moment de communion autour de la résurrection du Christ, mais in fine, il n’en sera rien. « Chacun est resté chez lui », souffle le président Sylvanus Fanou. Mesures restrictives liées au Covid-19 obligent, de nombreuses familles ont fêté entre leurs quatre murs comme la famille Donoumassou à Kouhounou. C’était d’ailleurs la tendance générale dans la ville de Cotonou. « C’est pâques à domicile », confie la mère de famille chez les Donoumassou. « Autant nous ne sommes pas sortis, autant nous avons interdit toute visite» appuie-t-elle. Conséquence, Cotonou est restée quelque peu morte ce dimanche, du moins jusque tard dans la soirée où quelques irréductibles se sont résolus à prendre le pouls de la ville. Maquis et restaurants qui sont restés vides presque toute la journée ont eu droit à quelques clients tard dans la soirée. Autant les rues sont vides, autant les plages sont restées désertes. Ici, la police s’est voulue intraitable. Elle menaient des rondes répétitives sur le littoral pour renvoyer tous ceux qui ont tenu à braver l’interdiction de fréquentation des lieux. D’incessants mouvements des hommes en bleu ont été notés sur la plage et à chaque fois, les occupants ont été invités à vider les lieux.
Peu avant 21 heures ce dimanche, notre équipe de reportage croise la patrouille du commissariat de Fidjrossè en pleine opération à bord d’un véhicule. Cette fois-ci, les flics semblent quelque peu excédés. Pour la énième fois, ils sont revenus disperser de jeunes adolescents sur la plage située derrière Erevan. Certains parmi les interpellés n’ont même pas de masque. Sensibilisation et conseils ont été de mise. « Je ne savais pas qu’il ne fallait pas venir à la plage. J’ai cru qu’on avait juste interdit la fréquentation des bars », se défend l’un des interpellés.
L’ambiance a été pareille ce lundi de pâques, jour par excellence des animations à la plage. La police républicaine, elle, n’a pas baissé la garde car
« force doit rester à la loi ».