Epices et herbes aromatiques au Bénin: Des cultures orphelines et négligées

Par Josué F. MEHOUENOU,

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Promouvoir la richesse naturelle et locale que constituent les Eha

L’apport des épices et herbes aromatiques dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Bénin reste insignifiant. Plusieurs acteurs travaillent à le corriger, surtout dans la perspective de la valorisation du tourisme culinaire dans le pays.

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Les cuisines africaines doivent leurs saveurs exceptionnelles aux épices et herbes aromatiques. Des ingrédients qui peinent à avoir le dessus sur les bouillons industriels très présents sur le marché et dans les cuisines. Universitaires et acteurs de la recherche s’en inquiètent. La Faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi a abrité il y a peu, un Salon national des épices et herbes aromatiques (Eha). Organisations professionnelles, artisans, agriculteurs, éleveurs et maraîchers, structures d’appui et autres partenaires techniques et financiers ont croisé leurs regards et réflexions avec pour ambition majeure « d’améliorer les pratiques alimentaires des populations béninoises et valoriser les épices et herbes aromatiques du Bénin ».

Aider les populations à adopter les bouillons
naturels dans l’alimentation

Selon les organisateurs, il faut offrir une visibilité nationale et internationale aux entrepreneurs béninois impliqués dans les chaînes de valeurs épicières, édifier le consommateur béninois sur les avantages des épices et herbes aromatiques et leurs rôles dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle, faire la promotion des richesses aromatiques, des saveurs de nos terroirs et des innovations culinaires au Bénin et répertorier les épiciers et épicières béninois pour leur mise en réseau. Sètondé Ultrich Guèdègbé, un des porteurs du projet, explique en effet qu’une « prise de conscience sur les risques pour la santé s’avère donc indispensable pour réduire l’utilisation des bouillons cubes dans les préparations culinaires ». Pour ce spécialiste de la gestion des innovations agricoles et agro-socio-anthropologue, le constat fait par les professionnels du secteur est que « ces exhausteurs de goût traditionnels, qui présentent pour certains d’entre eux des propriétés thérapeutiques sont délaissés au profit des bouillons industriels, produits à base d’ingrédients chimiques ». Le salon devrait donc travailler à créer des opportunités d’affaires pour les producteurs, les transformateurs et les commerçants des Eha, et aider les populations à mieux adopter les produits locaux (bouillons naturels) dans l’alimentation. La mise en place d’une piste touristique culinaire a été aussi envisagée à l’occasion.

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Regain d’intérêt

Le Salon national organisé autour des épices et herbes aromatiques n’est que le prélude d’un long processus pour parvenir à la valorisation de l’art culinaire béninois et même à la promotion d’un tourisme culinaire de qualité. « Le nombre pléthorique d’acteurs directs et indirects rattachés à ce projet témoigne de la portée sociale dudit projet. La présence des femmes dans la production et la manipulation n’est plus à démontrer », explique le promoteur du Salon national des épices et herbes aromatiques.

Les herbes aromatiques sont très négligées dans la production locale

« L’existence d’une cuisine béninoise aux saveurs relevées par des épices d’ici et d’ailleurs peut apporter un plus à notre tourisme », pense déjà Stéphanie Sèton, restauratrice. Selon cette spécialiste, « les multiples projets touristiques qui se mettent en place souffriront d’un équilibre si le volet culinaire n’est pas organisé et structuré ».
Promoteur touristique, Alfred Nobimè ne s’écarte pas trop de cette logique. L’initiative d’un tel salon lui plait bien, tant que les acteurs travaillent à faire prendre conscience que les mets locaux manquent encore de promotion auprès des touristes. Or, relève-t-il, pour y arriver, « on peut mettre en avant au-delà des mets, les épices pour un goût typiquement béninois à donner aux repas ». On comprend ainsi pourquoi la rencontre a drainé divers acteurs notamment des intermédiaires de toutes sortes, depuis le commerçant-détaillant jusqu’au négociant, en passant par le groupement de détaillants, le semi-grossiste, le grossiste, le regrattier ou le restaurateur, les consommateurs individuels et collectivités publiques ou privées de consommation …