Erosion de la côte entre deux épis: Une vague d’inquiétudes submerge Akpakpa

Par Fulbert Adjimehossou,

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érosion

Ces dernières semaines, les vagues se brisent avec force sur la côte béninoise. Au quartier Jak à Cotonou, l’inquiétude monte d’un cran face aux creusements qui s’observent entre les deux épis. Les spécialistes rassurent.

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De loin, pas d’anomalie perceptible sur la plage, à la hauteur du quartier Jak. Seul le défilé d’engins lourds pour la construction de la corniche devant desservir le nouveau complexe touristique retient l’attention. Mais ce décor change brusquement au voisinage des rochers qui font barrières à l’avancée de l’océan. Daniel Pognon, la trentaine, et ses frères ont l’habitude d’emprunter cette partie de la côte pour rejoindre Akpakpa Dodomè. Cet après-midi du vendredi 23 juillet 2021, ils ont été obligés de faire un saut dans le vide pour continuer le chemin. « C’est vraiment un fossé dans lequel on entre. Ça fait au moins un mètre. Depuis que les pluies ont commencé, le courant est si fort et rase le sable qui a servi à recharger la plage. Il y a un mois, on pouvait encore faire six mètres avant de mettre les pieds dans la mer », confie-t-il, l’air bien préoccupé.

Un stress nocturne

Pourtant, les vagues ne sont pas si agressives. Du moins, à cette heure de la journée, elles s’enroulent pour s’écraser calmement au creux des épis. Cependant, Doris Alapini, une riveraine dit se coucher le soir avec la peur de voir son restaurant englouti. Puis, elle se réveille le matin avec l’assurance d’en avoir encore pour quelque temps. Cette dame ne cesse de déplacer les piquets de délimitation de son restaurant, au rythme de la dégradation.
« Hier nuit, à 1 h 30 du matin, nous avons été obligés de déplacer encore les barrières. Ça sert de sécurité pour éviter que les gens ne tombent dans le trou. D’un autre côté, ça permet de suivre l’évolution de l’érosion. A chaque fois qu’on repousse, on a une idée de ce qu’on a perdu de nouveau. La mer monte tard la nuit à des hauteurs incroyables », s’inquiète-t-elle.
Debout sur la dune de sable, le regard concentré sur l’océan, Doris Alapini est connue, dans ce quartier si calme, comme une lanceuse d’alerte. « Le rôle de tout citoyen est d’attirer l’attention du chef de l’Etat pour que les dispositions soient prises. J’ai tiré la sonnette d’alarme plusieurs fois. Mais apparemment, les gens ne prennent pas ça au sérieux parce qu’ils ne vivent pas la situation. Si mon restaurant disparait, c’est tout le quartier qui va suivre », martèle Doris Alapini.

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« La situation reviendra à la normale »

Les creusements qui se notent ces dernières semaines n’étonnent guère les océanographes et les autorités en charge de la protection de la côte. Ceux-ci font le lien avec la marée haute, dont la période critique va de mai à septembre, voire octobre. C’est un phénomène cyclique qui crée des débordements. Les relevés de la semaine dernière indiquent une hauteur de 1,5 m en moyenne.
« C’est normal en cette période de grande houle. Au fil des années, il y aura une stabilité dans cette zone. Il n’y a pas longtemps que les épis et le moteur de sable ont été installés. L’accumulation et la sédimentation ne se font pas en un seul jour. Ça prend du temps. La situation reviendra à la normale », explique Dr. Zacharie Sohou, directeur de l’Institut de Recherches halieutiques et océanologiques du Bénin (Irhob).
De son côté, le directeur de la Protection de la Côte, Philippe Zoumènou, suit tout de près. Il espère aussi un retour, sous peu, à la normale. « Nous sommes en période de marée haute. C’est ce qui explique ce creusement. C’est un remodelage naturel de la plage qui se produit avec les mouvements des vagues qui sont plus fortes à cause de la marée haute. Lorsque nous allons descendre dans la petite marée, vous verrez que le système va se réguler », rassure Philippe Zoumènou. L’Etat ne baisse pas non plus la garde. Les travaux s’intensifient pour stabiliser la côte à l’Est de Cotonou et créer une destination touristique prisée.