La Commission électorale nationale autonome a donné sa part de vérité suite aux déclarations accablantes du président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Lors d’un point de presse, le président de la Céna,
Emmanuel Tiando, a mis en cause l’intention, la démarche et le contenu des allégations de favoritisme portées sur la Céna par Jean-Baptiste Elias.
« Le président de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption a manqué de professionnalisme et d’objectivité au cours de sa dernière sortie médiatique contre la Céna », c’est la conclusion à laquelle est parvenue la Commission électorale nationale autonome au regard des dénonciations de Jean-Baptiste Elias. Pour la Céna, il ne s’agit ni de révélations ni de déballages car les éléments d’information évoqués par le président de l’Anlc ne portent pas sur des faits nouveaux. «Il s’agit en effet de faits déjà connus puisque la Céna elle-même les a évoqués au cours de sa conférence de presse du 13 mars 2019 suite aux accusations de favoritisme faites par certains partis et même des individus à l’issue de la publication de la liste des partis politiques retenus pour prendre part aux élections au terme des délibérations de la Cena », a rappelé le président de la Céna, Emmanuel Tiando. Il ajoute que c’est dans un souci de transparence que la Céna avait apporté les explications nécessaires à la compréhension des décisions qu’elle avait prises en son temps. Poursuivant avec les remarques d’ordre général sur la démarche et les dénonciations de Jean-Baptiste Elias, le président de la Céna relève que les faits soulevés ont fait l’objet de plusieurs recours devant la Cour constitutionnelle qui, après examen et délibération, a conclu que la Céna n’avait fait preuve d’aucun traitement de faveur dans l’examen des dossiers de candidatures et par conséquent, n’avait pas agi en violation de la Constitution et du Code électoral. Par ailleurs, le président
Emmanuel Tiando fait observer que le président de l’Anlc, Jean-Baptiste Elias, a omis de faire état de l’ouverture d’esprit que la Céna lui a témoigné, en répondant avec bonne foi et transparence, chaque fois qu’il le souhaitait, à ses diligences, à ses interrogations, et aux diverses séances de travail tenues dans le cadre de la préparation du processus électoral. « Pour nous, ce dossier était clos. C’est alors avec grand étonnement que nous avons accueilli la sortie médiatique de monsieur Jean- Baptiste Elias », a déclaré le président Emmanuel Tiando. A l’en croire, il y a lieu de s’interroger sur les motivations réelles de la sortie médiatique du président de l’Anlc le 15 septembre dernier. « Pourquoi maintenant, soit après 5 mois ? Jean-Baptiste Elias voudrait-il insinuer qu’il existerait des soupçons de corruption dans le processus de l’étude des dossiers de candidatures ? Si c’était le cas, pourquoi ne pas dénoncer avec des preuves ces faits de corruption et surtout en identifiant les corrupteurs et les corrompus quels qu’ils soient ? La loi portant lutte contre la corruption autorise-t-elle Jean-Baptiste Elias à rendre public sur les médias ce genre d’accusation ? Il me plait de lui rappeler que son rôle est de porter, le cas échéant, les faits incriminés devant le procureur de la République compétent… De fait, monsieur Jean-Baptiste Elias s’est-il assuré que les documents dont il dispose sont fiables? Au surplus, de qui détient-il ces documents puisqu’aucun cadre n’est censé les détenir? »…, autant d’interrogations que porte la Céna.
Les clarifications de la Céna
La Commission électorale nationale autonome ne s’est pas arrêtée à la démarche et aux motivations des récriminations de Jean-Baptiste Elias. Elle a apporté des clarifications sur les allégations du président de l’Anlc. Pour ce qui concerne l’accusation d’injustice liée à la façon de traiter les dossiers au ministère de l’Intérieur et à la Cena, le président de la Céna souligne : « A ce sujet, je voudrais rappeler que la Cena n’est pas un service relevant du ministère de l’Intérieur. Son fonctionnement repose sur son autonomie organisationnelle et délibérante. Etablir une comparaison entre la méthodologie dudit ministère et celle de la Cena relève d’un mauvais procès puisque ces deux institutions n’ont pas établi une plateforme méthodologique commune pour l’étude des dossiers ».
S’agissant des cas de discordance des lieux de naissance entre la carte d’électeur et d’autres pièces produites par certains candidats, le président Emmanuel Tiando fait savoir que cette discordance est compréhensible et n’est pas imputable aux intéressés. « Elle est la conséquence de la réforme territoriale intervenue en 1978. A titre d’illustration, Kérou faisait partie de Kouandé de même que Comè faisait partie de Grand- Popo, Ifangni de Sakété, Kalalé et Pèrèrè de Nikki. C’est au vu des mutations induites par cette réforme territoriale que la Céna n’a pas pu censurer ces discordances, d’autant plus que plusieurs candidats ont produit des certificats d’individualité. Dénoncer ces prétendues insuffisances relève d’une méconnaissance grave de l’évolution de l’administration territoriale béninoise», a expliqué le président de la Céna avant de conclure au manque de professionnalisme et d’objectivité du président de l’Anlc lors de sa dernière sortie médiatique.