L’étape de Ouidah dans le cadre du Festival international des arts du Bénin (Finab) s’est voulue une parade aux mille couleurs dans les rues. Démonstrations, performances… tout était au menu.
La parade des arts, prévue dans la cité historique de Ouidah, une des villes hôtes du Festival international des arts du Bénin (Finab), s’est très vite transformée en une belle fête des arts. Le temps d’une soirée, cette cité côtière a cessé de respirer pour ne vivre que l’art. Ses rues et tout particulièrement l’esplanade du Fort français ont donné lieu à un spectacle que beaucoup n’oublieront pas de sitôt.
La cité des Tchatcha a sorti ses plus attrayants masques « Bourian », du nom de ce folklore importé par les descendants d’esclaves. Sur fond de ce rythme, particulièrement festif et d’origine brésilienne ramené du Brésil par les Agoudas, les festivaliers ont dansé tout au long du carnaval. Autre masque, le Guèlèdè. Inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco, fierté des communautés Yoruba et Nago du Bénin, du Nigeria et du Togo, ce dernier a fait résonner ses tam-tams pour épicer la belle caravane dans les rues de Ouidah. Les acrobates du feu ont joué leur partition dans le grand carnaval qui a sillonné des heures durant, les grandes artères de Ouidah sous les ovations et le regard admiratif de la population.
Eventails, cordes, bouts de bois en feu, ils virevoltent au milieu des flammes en faisant tourner leurs boules de feu. Pour la plupart des festivaliers venus à Ouidah, ce moment s’est voulu un peu particulier. « On se pose mille questions à les voir faire avec de si grosses boules de feu sans se brûler », confesse, admirative, une Marocaine, occupée à filmer le spectacle des acrobates. Eau de feu, pétrole ‘’désaromatisé’’ ou autre liquide dans la bouche, le cracheur de feu vaporise en direction d’une torche la flamme qui donne l’impression de sortir directement de la bouche du cracheur.
Imaginaire délirant
Ouidah, ce sont aussi les échassiers. Et pour la parade de ce vendredi 17 février, ils étaient plusieurs à se joindre à la caravane pour danser du haut de leur bois et même se livrer à des pirouettes. Bien d’autres attractions, troupes de danses et groupes ont agrémenté cette parade dans les rues de Ouidah au son de divers tambours, gongs, castagnettes et autres. Mais c’est surtout la démonstration de force des adeptes de la société secrète « Zangbéto » qui aura marqué les esprits par son caractère inédit. Pour les festivaliers et nombreux spectateurs, le mythe de la transformation du masque en divers objets, les uns aussi drôles et surprenants que les autres, reste un élément de questionnement et de curiosité. Prince Toffa s’est aussi invité à Ouidah. L’artiste aux géants costumes réalisés à partir d’objets de récupération a séduit festivaliers et populations par son art d’un genre singulier. Prince Boris Abbas Toffa de son vrai nom, évolue depuis 2013 entre sculpture et couture, après quelques années à réaliser des peintures sur toile. Avec un style atypique qui allie mode, arts plastiques, assainissement de l’environnement, valorisation de la culture africaine et transmission de l’histoire du Bénin, Prince Toffa a trouvé son style dans un imaginaire délirant. Et c’est avec ce style qu’il a envoûté le public venu à sa rencontre dans le cadre du Finab avec son assemblage de canettes de boissons, sachets divers dont ceux d’eau « pure water », gobelets en plastique, papiers de journaux, sacs de provende, cuillères jetables… A cette démonstration dans les rues viendra s’ajouter l’instant récréatif à la place du Fort français de Ouidah en présence des organisateurs du festival, des natifs et dignitaires de la ville ■