Les adeptes des cultes endogènes résidant à Cotonou et Sèmè-Podji n’ont pas dérogé à la tradition, ce mardi 10 janvier. Ils ont commémoré l’édition 2023 de la fête nationale des religions endogènes. Sur la plage Fidjrossè à Cotonou et à Lokocoucoumè dans la commune de Sèmè-Podji, adeptes Mami, Dan et Thron ainsi que les Zangbéto ont séduit le public à travers chants, danses et démonstrations.
C’est un rendez-vous annuel important pour les adeptes des cultes endogènes. Ce mardi 10 janvier, ils ont sacrifié à la tradition : celle de la commémoration de la fête nationale des religions endogènes. Parés de leurs plus beaux accoutrements, adeptes et dignitaires des cultes traditionnels ont magnifié leurs divinités et prié pour la paix au Bénin.
A la plage de Fidjrossè, les adeptes de Mami étaient venus non seulement festoyer mais aussi faire des offrandes à la mer afin qu’elle puisse agréer leurs différentes prières.
« Tout ce que l’être humain est venu voir sur la terre doit être vénéré. La mer est là avant les êtres humains. Certainement qu’elle regorge d’entités que nous ne maîtrisons pas. Aujourd’hui, nous faisons offrande à la mer pour bénéficier des bénédictions au cours de l’année », a affirmé Hounnongan Tchètoula Adodo Dêdédji, président de l’Association des adeptes de Mami Dan Egblémankou du Bénin et président du Conseil national des cultes endogènes du Littoral. « Cette fête, détaille-t-il, est une occasion pour les adeptes des religions endogènes de célébrer leur culture. C’est grâce au président Nicéphore Dieudonné Soglo que cette fête a été instituée. Nous implorons les mânes de nos ancêtres afin qu’ils puissent le protéger. Ce jour est un jour mémorable parce que cette religion que nous célébrons aujourd’hui a pu trouver sa place au milieu des religions importées. C’est très important pour le peuple béninois ».
La célébration à la plage de Fidjrossè a bénéficié du soutien des autorités communales et de plusieurs autres acteurs dont la députée Sèdami Médégan Fagla.
A Lokocoucoumè (Tohonto) dans la commune de Sèmè-Podji, les adeptes de Zangbéto ont aussi tenu en haleine le public. Une douzaine de Zangbéto venus de douze villages d’Agblangandan ont enchaîné danses, parades et démonstrations magiques sous le rythme des chants vodoun et des tam-tams et castagnettes. «Notre rencontre ici nous permet de magnifier nos divinités et prier pour le pays. Nous nous réunissons à Tohonto pour vénérer nos divinités et fêter. Avant de démarrer les festivités, nous faisons les rituels déjà à la veille afin de chasser toutes les entités maléfiques qui errent dans chaque village où se trouvent les divinités à savoir Sakpata, Dan, Thron, Ahôvi », a expliqué Zangan Tossi Atchèdé Missé, l’un des responsables des lieux.
La fête du vodoun est aussi l’occasion pour les dignitaires religieux de réfuter des préjugés au sujet des cultes vodoun avant de lancer un appel aux adeptes. « Le vodoun fait du bien comme les autres religions, contrairement à ce que les gens disent. Aujourd’hui, on constate que le vodoun est diabolisé et persécuté. Or c’est la religion qui respecte le Dieu Tout-Puissant et toute sa création dont l’eau, l’air, la terre et le feu. Pour nous, Dieu qui a créé son monde ne s’est pas réfugié au ciel mais il est plutôt en nous et partout. Je demande aux adeptes du vodoun de se prendre au sérieux. Le vodoun n’est pas une profession contrairement à ce que nous voyons. En le faisant, les gens passent à côté de la déontologie du vodoun », a clarifié Hounnongan Dah Aho Sènou Tito Weziza, dignitaire de Thron kpéto déka Alafia, secrétaire général du culte Houindonanfa.
La célébration du 10 janvier 2023 se poursuivra jusqu’à fin janvier dans chaque couvent.
Par Ariel GBAGUIDI & Isidore GOZO