Un cadre d’échange avec le Régulateur est mis en place au profit des entreprises de technologies financières dans la zone Uemoa. Dénommé Bureau de connaissance et de suivi des Fintech (Bcsf), il émane de la Bceao qui entend promouvoir la transformation digitale, la stabilité et l’inclusion financières.
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a mis en place un Bureau de connaissance et de suivi des Fintech (Bcsf) pour accompagner les professionnels du secteur bancaire et financier dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Ils sont appelés à exploiter ce cadre d’échange à travers l’adresse électronique courrier.zbcsf@bceao.int, précise un communiqué de l’institut d’émission.
Le Bcsf s’inscrit dans le cadre des initiatives de la Banque centrale visant à promouvoir les innovations financières dans la zone. Il organisera des échanges entre le Régulateur et les sociétés travaillant sur des solutions financières innovantes (Fintech). Il est notamment chargé de recueillir et de traiter toute demande d’information ou d’entretien avec le Régulateur ainsi que tout sujet d’intérêt commun, en rapport avec les innovations technologiques et la régulation du secteur financier.
Pour rappel, la Bceao a décidé d’accompagner ces initiatives par la mise en place d’un Comité Fintech pour promouvoir le développement harmonieux des Fintech dans l’Uemoa. Ainsi, il a été relevé la nécessité de créer un site internet afin d’établir avec les Fintech de l’Union un canal d’information et d’échange. L’appel d’offres pour la réalisation du site a été lancé en août 2021. Il devrait également servir d’outil de communication privilégié pour la diffusion d’information à destination des professionnels des Fintech, des secteurs bancaire, financier et de la microfinance, des administrations publiques, des chercheurs/universitaires, des partenaires externes et du grand public.
En effet, les Fintech sont devenues incontournables dans la transformation digitale et la promotion de l’inclusion financière. Elles interviennent principalement dans la fourniture de moyens et services de paiement, tels que la distribution de monnaie électronique, le transfert d’argent et l’agrégation de paiement. Elles proposent également des plateformes numériques pour le commerce électronique, la gestion de données et de flux financiers.
Outre l’ouverture du Bcsf, la Bceao met l’accent sur l’émission de la monnaie électronique par les trésors publics nationaux (Tpn) ainsi que la création d’un Laboratoire d’innovation financière (Lif). Il est question de faire face aux défis auxquels est confrontée la finance digitale, tels que l’adéquation du cadre réglementaire et de surveillance, le cloisonnement de l’écosystème de paiement électronique et la multiplication d’initiatives nationales et privées d’interopérabilité, l’identification et la protection des usagers, la sécurité des transactions.
Face aux risques
Quelque 42 initiatives d’émission de monnaie via la téléphonie mobile ont été enregistrées dans l’Union en 2020, avec notamment l’entrée de cinq nouveaux établissements et le développement de partenariats entre les banques, les Fintech et les entreprises de télécommunication. Les banques détiennent la majorité des offres avec 29 initiatives, suivies des établissements de monnaie électronique avec 12 initiatives.
Les demandes auprès de la Banque centrale pour l’émission de la monnaie électronique ne cessent de croître, tout comme la demande des services financiers numériques. Le nombre de comptes de monnaie électronique est estimé à 94,23 millions en 2020 contre 76,9 millions en 2019, soit une augmentation de 22,43 %, selon le Rapport annuel 2020 sur la situation des services financiers numériques dans l’Uemoa de la Bceao. Les établissements de monnaie électronique (Eme) détiennent 60,14 % du nombre total de comptes de monnaie électronique ouverts. Cette progression témoigne du dynamisme de ce secteur qui a contribué à hauteur de 48,61 % au taux d’inclusion financière de l’Union établi à 63,8 % en 2020.
Des risques subsistent en termes de protection des détenteurs de compte de monnaie électronique (en cas de défaillance des émetteurs ou de la banque de domiciliation du compte de cantonnement des fonds), d’exercice illégal de l’activité de monnaie électronique, de la complexité des modèles de multi-partenariats développés par les banques avec des prestataires techniques. D’où, il importe de bâtir un écosystème harmonisé, inclusif et innovant, basé sur une concurrence équitable et des partenariats bénéfiques pour tous les acteurs. Cela permettra de poursuivre l’interopérabilité des services financiers numériques et la révision du cadre réglementaire régissant les activités en la matière afin de pallier le phénomène de multibancarité et renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux.