
indice-mo-ibrahim
Les difficultés que rencontrent les jeunes à trouver un emploi, sont le signe que le marché du travail se resserre. La problématique est constante depuis plusieurs décennies, car elle constitue l’une des entrées principales de l’analyse de la question des jeunes dans nos sociétés. La Fondation Ibrahim Mo s’y penche sous un angle tout aussi pertinent et tire la sonnette sur ce qu’il convient d’appeler le péril jeune.
« La gouvernance continue de progresser lentement en Afrique, mais reste en-deçà d’une croissance démographique explosive et des attentes de la jeunesse », tel est le diagnostic saisissant établi par l’Indice Ibrahim Mo de la gouvernance africaine 2018 et rendu public ce lundi 29 octobre. Autrement dit, les croissances économiques observées sur le continent ne sont pas inclusives, en tout cas elles ne sont pas de nature encore à décrocher le dividende démographique, à favoriser un développement durable ! Ou si l’on préfère encore, il y a progression de la richesse économique, soit une croissance de près de + 40.0 % du PIB, mais cela reste sans impact significatif sur le capital humain, encore moins d’impact sur les attentes de la jeunesse, en termes de débouchées économiques, de perspectives d’emplois, de possibilités de poursuivre leurs objectifs économiques et de prospérer…Et pour cause, « Trop de gouvernements ont échoué à convertir la croissance économique de leur pays en Développement économique durable pour leurs concitoyens », pointe l’Indice Ibrahim Mo selon lequel, « environ trois citoyens du continent sur quatre (71,6 %) vivent en 2017 dans un pays où la gouvernance s’est améliorée», mais non pas la qualité de vie chez les populations. Alors que la population du continent s’est accrue, en dix ans, de plus de 26,0 %, culminant à 1,25 milliard d’habitants dont 60,0% ont aujourd’hui moins de 25 ans. Sans solutions d’emplois pour eux, autant dire qu’il s’agit d’une bombe à retardement comme on a pris coutume de le dire à propos de la jeunesse, sans que cela n’émeut personne outre mesure. Il y a danger cependant, car selon l’Indice Mo toujours, est attendue « une croissance sur le continent de près de 30,0 % de la population en âge de travailler (15-64 ans) au cours des dix prochaines années ». Le problème ne fait que s’empirer davantage, avec plus de 750 millions d’Africains qui « vont venir grossir la demande d’emplois, dans un contexte où, sur dix ans, le progrès en matière de Développement économique durable est quasiment nul ». Quant à l’indicateur Satisfaction publique en matière de création d’emplois, il plombe a -3,1 points, et l’indicateur Mesures en faveur de l’insertion socio-économique des jeunes, est à – 2,3 points.
Quid de l’IIAG ?
La Fondation Mo Ibrahim définit la gouvernance comme « L’accès à des biens et à des services publics dans les domaines politique, social et économique auxquels chaque citoyen peut légitimement prétendre auprès de l’État et que tout État est tenu d’offrir à ses citoyens ». L’Indice Ibrahim Mo de la gouvernance, outil de mesure et de suivi des performances en matière de gouvernance dans les pays africains, est axé sur l’évaluation des tendances des pays au cours des cinq dernières années (2013-2017), dans le contexte de la dernière décennie (2008-2017). Les performances d’un pays en matière de gouvernance sont mesurées sur quatre composantes clés, à savoir, Sécurité et État de droit, Participation et Droits humains, Développement économique durable et Développement humain.
Le Bénin au plan de la gouvernance globale est 13e sur 54 pays avec une substantielle note de 58 sur 100.0. La Côte d’Ivoire est 22e avec la note de 54, 5. Le Togo a une note de 49,1 et pointe à la 30e place.
« Agir maintenant »
« La poursuite de la progression de la gouvernance globale sur le continent est une bonne chose, mais les occasions manquées de la dernière décennie en matière de développement économique durable sont un sujet majeur de préoccupation. Le continent africain est confronté à un défi prioritaire. Le potentiel immense que représente une jeunesse devenue fortement majoritaire, et qui continue de croître, pourrait transformer le continent pour le meilleur. Mais cette opportunité est sur le point d’être gaspillée. La jeunesse africaine réclame des perspectives, des espoirs, une voix au chapitre. Sans accélération de la création d’emplois, le continent va dans le mur. C’est maintenant qu’il faut agir ».