Infanticide : Josué Dangboe condamné à 20 ans de prison

Par Benaja Henoc Schallum GBEDJISSI,

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Les faits remontent au samedi 8 juin 2019 où Josué Amen Dangboe a administré par injection du poison à ses enfants jumeaux qu’il a eus suite à une relation extraconjugale. Ecouté hier mardi 1er mars dans le troisième dossier au rôle de la première session criminelle de l’année 2022 du Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi, l’accusé a été reconnu coupable des faits d’infanticide et a pris 20 ans de réclusion criminelle.

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C’est une nouvelle qui, courant juin 2019, a fait le tour des réseaux sociaux et suscité une grande consternation. Un agent d’une banque de la place venait d’assassiner deux nouveau-nés jumeaux qu’il a eus suite à une relation extraconjugale. Mis en détention le 14 juin 2019, le sieur Josué Amen Dangboe a répondu hier des faits d’infanticide mis à sa charge. Il est accusé d’avoir assassiné les jumeaux Elie et Elisé en se servant du poison Sniper qu’il a acheté et injecté à l’aide de seringues sur les fesses des deux nourrissons. Il a écopé d’une peine de 20 ans de réclusion criminelle.
A la barre, l’accusé n’a pas nié les faits. Il reconnait son acte mais semble ne plus avoir toute sa tête. C’est avec beaucoup de peine qu’il a répondu aux interrogations nourries du tribunal. Manège ou pure réalité, le sieur Josué Amen Dangboe dit ne plus se souvenir des circonstances de la commission de son crime. Il semble perdu devant l’évidence. L’accusé n’a pas pu reconnaitre les photos de ses enfants et les seringues utilisées pour le crime, présentées comme pièces pendant le procès. C’est un double meurtre qui n’a pas laissé le tribunal indifférent. Droit dans ses bottes, le ministère public dans ses réquisitions, a demandé au tribunal de retenir contre le mis en cause le crime d’infanticide. Pour soutenir son argumentaire, le procureur de la République près le Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi évoque les articles 473, 474 et 476 du Code pénal. L’article 473 stipule : « L’infanticide est le meurtre ou l’assassinat d’un enfant nouveau-né. Est considéré comme nouveau-né, l’enfant âgé de moins de dix-huit (18) mois ».
Le ministère public rappelle au tribunal les constances du dossier et le rapport d’autopsie des nouveau-nés qui démontrent sans équivoque que le sieur Josué Dangboé a assassiné ses enfants en leur administrant une substance nocive. Il y a donc eu empoisonnement et en la matière l’article 474 précise : « Est qualifié empoisonnement, tout attentat à la vie d’une personne, par l’effet de substances qui peuvent donner la mort plus ou moins promptement, de quelque manière que ces substances aient été employées ou administrées, et quelles qu’en aient été les suites ». Tablant sur le crime d’infanticide, le représentant de la société a rappelé l’article 476 qui prévoit la sanction en ces termes : « Est puni de cinq (05) ans à vingt (20) ans de réclusion et d’une amende de cinq cent mille (500 000) à un million (1 000 000) de francs Cfa quiconque est coupable de meurtre ou d’assassinat sur un nouveau-né ». Le ministère public a alors requis que le mis en cause soit condamné à 8 ans de réclusion. Le conseil de l’accusé Me Ayodélé Ahounou a invoqué l’état psychique défaillant de son client et plaidé la clémence du tribunal.
Contre toute attente, après en avoir délibéré, le Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi siégeant en matière criminelle a condamné l’accusé à 20 ans de réclusion criminelle.

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Résumé des faits

Courant décembre 2017, Floriane Cocossou, une jeune fille de moins de trente ans, a tapé dans l’œil de Josué Amen Dangboe qui lui a fait des avances qu’elle a tout naturellement repoussées en raison de ce qu’il est marié régulièrement et est père d’un enfant. Mais les deux ont gardé des relations cordiales et s’écrivent de temps à autre. A l’occasion de son 24e anniversaire en 2018, elle l’a invité comme tout autre ami et il est arrivé avec un cadeau sous les bras. Les avances se sont donc faites plus belles et ont abouti à une première relation sexuelle, puis d’autres jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte en mai 2018 et fasse en février 2019 des jumeaux prénommés Elie et Elisée.
De peur de voir son image écornée en société et en famille, Josué Amen, le géniteur des jumeaux Elie et Elisée avait essayé à plusieurs reprises de faire avorter leur mère. N’ayant pas réussi son coup à cette étape, il élabora un plan pour les éliminer après naissance. C’est ainsi qu’il exigea que leur mère fasse partir toutes les aides et domestiques qui étaient avec elle afin qu’il vienne passer du temps avec ses enfants pendant qu’elle irait faire des courses en ville. Le samedi 8 juin 2019, il se pointa à la résidence de dame Cocossou et de ses enfants et après s’être assuré qu’elle est seule à la maison avec ceux-ci, il lui remît de l’argent pour les courses qu’il a lui-même indiquées. Après le départ de la dame, il se rendit sur le moteur de recherche de son téléphone Android pour y chercher et découvrir le nom d’un poison lent dont il va se servir contre ses propres enfants. C’est ainsi qu’il choisit le poison Sniper qu’il acheta et injecta à l’aide de seringues sur les fesses des deux nourrissons. Au retour de leur mère, cette dernière constata tout de suite l’état anormal de ses enfants et les amena au centre de santé le plus proche en dépit de l’opposition de leur père. Les nourrissons décèderont plus tard à la Clinique Pédiatrique d’Abomey-Calavi. Les premières analyses ainsi que l’autopsie de leur cadavre ont révélé que le décès est survenu du fait de l’injection d’un produit chimique cytotoxique dans la fesse.

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Composition du tribunal

Président : Iko Afe Fidèle

Assesseurs :

Vigan Nicodème
Segle Justin
Denami Morel
Faihun Muriel

Ministère public : Kodjo Aubert

Greffier : Tamou Amina