L’infodémie est un virus non négligeable en matière de la propagation de la Covid-19. Elle éprouve les dispositifs de lutte. Les médias doivent être au premier rang pour déconstruire ces rumeurs afin de contribuer à mieux assurer la riposte.
Maladie des fausses informations, l’infodémie fait autant de victimes que la Covid-19. Elle dicte sa loi, en dépit des efforts de riposte. Les individus les moins avertis tombent encore facilement dans le piège. Les infox, entretenues sur les réseaux sociaux, à l’heure de la pandémie, tardent à trouver des traitements efficaces, si ce ne sont pas les sensibilisations des autorités sanitaires et des partenaires.
Pour le moment, la bataille peine à être gagnée. « C’est dommage! Certains continuent le déni de la maladie. Nous mettons tout en œuvre pour accentuer la communication, afin de faire toucher du doigt la réalité aux populations», défend Dieudonné Tchèkpé, médecin coordonnateur de la zone sanitaire Zogbodomey-Bohicon-Zakpota (Zoboza).
L’Organisation mondiale de la santé (Oms) définit l’infodémie comme une « surabondance d’informations, certaines fiables et d’autres non, observée au cours d’une épidémie. Ce qui peut conduire à la confusion et finalement à la méfiance envers les gouvernements et la réponse de la santé publique ».
Charles Soucy, élu conseiller de la ville de Sainte-Anne-des-Monts en 2017, qualifie la rumeur de « vérité qui se promène comme un mensonge, de bouche à oreille, qui ne fait pas réfléchir les gens, qui passe comme un soupir au-dessus du vent ».
Si le virus a été qualifié d’’’ennemi de l’humanité’’ par l’Oms à cause de sa haute contagiosité, l’infodémie n’est pas moins éprouvante pour le système sanitaire mondial. Jacques
Attali, écrivain, homme politique et scientifique avertissait déjà contre les conséquences des rumeurs en ces termes : « Dans un monde où l’information est une arme et où elle constitue même le code de la vie, la rumeur agit comme un virus, le pire de tous, car il détruit les défenses immunitaires de sa victime ».
Les conséquences de l’infodémie sont réelles : « Ceux qui ont peur de la vaccination pour une raison ou une autre, avancent plusieurs prétextes pour ne pas faire le geste du fait des rumeurs basées sur la Covid-19, qui d’ailleurs ne sont fondées sur aucune notion scientifique », argumente Dieudonné Tchèkpé, avant de poursuivre : « A travers les données disponibles actuellement, beaucoup de cas graves surviennent dans le rang des personnes non vaccinées. Dans le rang des personnes vaccinées, il n’y en a pas qui contractent la maladie et qui développent des cas graves», soutient-il. Comme quoi, les rumeurs sont aussi à la base de la survenue des cas graves.
Des pistes aux médias
Selon Awanabi Idrissou, responsable de la communication digitale à l’Unicef : « Les gens créent de la désinformation sur la vaccination en vue de monétiser, politiser et polariser ».
Les rumeurs émergent souvent lorsqu’il y a un manque d’informations précises, crédibles et fiables ou lorsque l’information circule en trop grande quantité.
Aux médias, elle propose une gestion de l’infodémie en quatre étapes. Premièrement, elle pense qu’il faut bâtir une équipe en vue d’analyser l’écosystème de l’information. Le deuxième pan doit être basé sur un système d’écoute à travers l’actualisation d’un journal de rumeur. Le troisième aspect qu’elle propose vise à évaluer les fausses informations tout en identifiant les informations exploitables. Le quatrième point prend en compte l’engagement stratégique. Cela peut consister en des campagnes de déconstruction des rumeurs avec l’engagement des Organisations de la société civile.
Pour lutter contre la Covid-19, avec une bonne gestion de l’infodémie, les professionnels des médias ont un grand rôle à jouer. C’est pourquoi, Awanabi Idrissou leur suggère d’avoir un responsable infodémique et de faire l’évaluation de l’écosystème de l’information afin de déconstruire les rumeurs. Pour elle, il est nécessaire pour les médias d’avoir un plan d’action et de faire des productions informatives et éducatives en réponse aux infox?
Typologie des rumeurs
Selon Awanabi Idrissou, responsable de la communication digitale à l’Unicef, les rumeurs peuvent être classées de manière large en trois groupes.
Elle distingue dans un premier temps, les rumeurs fondées sur les souhaits. Ce sont celles qui reflètent les espoirs de la communauté. Ensuite, les rumeurs fondées sur la peur. Il s’agit de celles qui reflètent les inquiétudes de la communauté. Puis, les rumeurs fondées sur l’hostilité. Elles reflètent les menaces envers la communauté. Il peut s’agir également de préjugés qui ciblent des groupes donnés?