Les investissements du gouvernement dans le secteur du numérique vont permettre au Bénin de connaitre un progrès important dans les années à venir en Intelligence artificielle (Ia), selon Jean-Martin Jaspers, préfet délégué ministériel à l’Intelligence artificielle en France. Dans cette interview, il parle des potentialités du Bénin et invite les autorités béninoises à jouer leur partition pour faire du pays un leader de l’Ia sur le continent.
La Nation : Beaucoup de Béninois ont une conception erronée de l’Intelligence artificielle (Ia). Dites-nous en langage simple ce que c’est.
Jean-Martin Jaspers : L’intelligence artificielle, c’est de l’informatique avancée. Elle prend en compte les métiers de la donnée. Dans ces métiers de l’Ia, vous avez les algorithmes qui doivent être maitrisés et l’utilisation d’un langage pivot qui est le python.
Quels sont les métiers de l’Ia en vogue de nos jours en Afrique et dans le monde ?
Nous avons les data stewards qui préparent les données, les rassemblent et vérifient s’ils sont propres. Les Data scientists qui ont en charge l’analyse de données massives communément appelées Big data, les data analysts, les data managers et les data visualisation. En plus de tout ceci, les plus grands métiers sont dans la formation à distance. Car, le fait d’apprendre à former les anglophones et les francophones dans les métiers de l’Ia constitue également un eldorado.
Pensez-vous que le Bénin dispose des atouts pour le développement de l’Ia ?
Le Bénin est à un stade de décollage de l’Intelligence artificielle (Ia). Je crois que le gouvernement avance vers une stratégie nationale de l’Ia. Le pays est probablement l’un des premiers engagés dans cette démarche. C’est un moment important de votre histoire. Le Bénin a tout aujourd’hui. Vous avez la fibre optique, une forte ambition du gouvernement avec une volonté politique forte, un ministre du Numérique remarquable, une jeunesse disponible, des formations universitaires à l’Institut de mathématiques et des sciences. Vous avez aussi une formation master en intelligence artificielle qui sera possible dès septembre grâce au partenariat avec une université française qui donnera les cours à distance. Du coup, le Bénin va faire un bond en matière d’Intelligence artificielle dans les prochaines années.
Comment le Bénin peut-il tirer meilleur profit de ses potentialités pour être pionnier en Ia matière sur le continent?
Je pense que la première chose, c’est de travailler à la fois pour le marché national et international. Il faut fabriquer des chatbots pour aider le gouvernement, les communes, les banques et autres. Deuxième chose, il faut s’orienter vers le marché international, car votre marché est trop petit pour se contenter d’une stratégie nationale. Il y a peu de start-up au Bénin. Le nombre d’emplois et de projets dans l’Ia est faible. Le Bénin n’a pas le choix, il faut qu’il joue sur le fait d’être un leader en Afrique sur l’Ia. Tout ceci requiert un esprit entrepreneurial.
D’ailleurs, vous avez 25 à 30 incubateurs qui existent actuellement dont une dizaine solides et d’autres en phase d’amorçage. Il faut donc que dans ces incubateurs, les entrepreneurs de l’Ia soient capables de comprendre certains systèmes notamment le Traitement automatique du Langage (Tal) qui est une discipline qui a pour objectif de modéliser, grâce à l’informatique, le langage, qu’il soit écrit ou parlé. Il y a possibilité de développer de petites entreprises qui travaillent sur le marché international.
Quel est votre mot de la fin ?
L’Intelligence artificielle est une opportunité pour la jeunesse béninoise. Il faut réussir à avoir des jeunes capables de commercialiser leurs compétences ou leurs cerveaux tout en vivant au Bénin grâce au travail à distance. Car, l’avenir est au travail à distance.