Inédit dans l’histoire de l’Archidiocèse de Cotonou ! Pour la toute première fois, il a organisé, du 21 au 27 novembre dernier, une Foire de l’agriculture et de la foi. L’engagement de l’Eglise pour la culture de la terre paraît surprenant mais se justifie comme un acte d’évangélisation, selon Mgr Roger Houngbédji.
« La foi chrétienne nous pousse à nous engager pour la transformation de notre terre, selon le mandat reçu de Dieu : ‘’Emplissez la terre, soumettez-la’’ (Genèse 1 V28)». C’est ainsi que Mgr
Roger Houngbédji, archevêque de Cotonou, justifie l’engagement de l’Eglise pour l’agriculture au lieu de se consacrer uniquement à l’évangélisation, au point d’organiser une foire. Il a saisi l’occasion de la messe d’ouverture de la Foire de l’agriculture et de la foi (Faf), jeudi 21 novembre dernier à Toffo, pour exposer les mobiles de cette initiative. Celle-ci s’inscrit dans le Plan stratégique d’action pastorale de l’Archidiocèse de Cotonou.
Dans ledit plan, il a été jugé nécessaire de créer ce cadre de réflexions, de partage et d’émulation. Le but visé, c’est de favoriser une plus grande découverte des richesses de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, une meilleure visibilité des produits agricoles et d’inciter la jeunesse à s’intéresser davantage à ce secteur souvent délaissé.
L’archevêque de Cotonou fait remarquer que beaucoup considèrent la culture de la terre à tort comme une activité de second rang, réservée à ceux qui n’auraient pas réussi à trouver mieux. En effet, le travail de la terre n’est pas encore suffisamment valorisé afin de contribuer à l’autosuffisance alimentaire et à la réduction de la pauvreté. Plusieurs bras valides le dédaignent et préfèrent prendre le chemin de l’exode rural pour d’autres activités telles que la conduite de taxi-moto ‘’Zémidjan’’, lesquelles ne sont pas forcément source de richesse.
« N’est-il pas alors de notre devoir en tant qu’Eglise, de contribuer activement à faire redécouvrir toute la noblesse du travail de la terre confié à l’homme dès les premiers instants de la création?», se demande Mgr Houngbédji. En conséquence, en déduit-il, prendre une part active dans la promotion de l’agriculture devient à proprement parler un acte d’évangélisation. Autrement dit, s’intéresser à la question cruciale de l’agriculture fait entièrement partie de la mission d’évangélisation, selon lui.
Bonne nouvelle !
A en croire l’archevêque de Cotonou, l’Eglise catholique est étroitement solidaire de la famille humaine et reste sensible à tout ce qui touche à l’homme. « L’évangile que nous prêchons n’est pas un message éthéré, déconnecté des réalités concrètes que vivent les hommes », fait savoir le prélat. Bien au contraire ! Il explique : «Pour que cet évangile soit véritablement Bonne Nouvelle, il est nécessaire qu’il puisse s’incarner dans les réalités concrètes que vivent nos peuples. Et en parlant de réalités concrètes de nos peuples, l’agriculture est non seulement une activité prépondérante, mais aussi une source sûre de développement intégral de notre peuple ».
« Comme Eglise, nous voulons nous engager au service de tout l’homme, en vue d’un développement intégral et partagé », souligne Mgr Roger Houngbédji. Il ajoute : « Nous voulons travailler au bien de tous, et créer par le travail, non seulement des biens et services, mais aussi et surtout une plus grande communion fraternelle ».
C’est d’ailleurs ce qui est exprimé par le thème de la première édition de la foire : « Mission de l’évangélisation par les œuvres: Faire de l’agriculture un métier valorisant les fidèles dans leurs milieux de vie ».Selon Mgr Houngbédji, Dieu a voulu le travail comme prolongement de son œuvre de création, et aussi comme lieu de communion avec les frères et sœurs et avec Dieu lui-même. « Car, le travail, surtout celui de la terre, est par excellence le lieu où se conjuguent admirablement le don de Dieu et l’effort de l’homme », renchérit-il. « En faisant fructifier la culture de nos terres, que le Seigneur fasse croître davantage notre champ intérieur!», prie-t-il.