Les travaux d’urgence du programme Waca livrent des résultats encourageants. Cependant, la protection durable de la côte et des populations reste un défi, selon Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale, en visite sur le chantier, dimanche 31
octobre dernier à Grand-Popo.
« Ce qui a été fait est très encourageant, mais la problématique est beaucoup plus grande ». C’est
en ces termes qu’Ousmane Diagana, vice-président pour l’Afrique de l’Ouest et centrale de la Banque mondiale, approuve l’évolution des chantiers ouverts dans le cadre du Programme de gestion du littoral ouestafricain (Waca) au Bénin, tout en soulignant que la lutte contre l’érosion côtière reste un défi. En visite au Bénin après son séjour au Togo, il était, dimanche 31 octobre dernier, sur le site de Gbékon, une zone très sensible d’un point de vue environnemental, culturel et cultuel. Les travaux de dragage et de stabilisation de la berge sud du fleuve Mono, ont permis notamment de sauvegarder la Place du 10 janvier à Grand-Popo qui abrite quelque 25 000 adeptes et curieux à chaque fête des religions endogènes. « Le lit d’eau a été repoussé sur un certain nombre de mètres, permettant l’ouverture de l’embouchure de la Bouche du Roy du fleuve Mono », fait observer Jocelyn Ayicoué Ahyi, maire de Grand-Popo. Néanmoins, quelque 4 mètres ont été grignotés par la lagune en moins de deux ans, d’où l’urgence de mettre en place
des solutions durables. L’édile de Grand-Popo plaide pour des ouvrages d’atténuation et d’adaptation aux aléas climatiques sur le long terme afin d’assurer la stabilité de la zone sur 50 ans environ et ce, pour le bien-être des communautés. Cette vision est partagée par Bienvenu Dêdêgnon Milohin, préfet du Mono. « Nous devons à long terme élargir la berge, l’enrocher et remettre la lagune dans son lit pour un écoulement vers l’embouchure naturelle ; ce qui va rehausser la capacité de résilience autour de cette berge », estime-t-il. En fait, la dynamique hydrosédimentaire qui prévaut sur le segment de côte transfrontalier entre Agbodrafo au Togo et Grand-Popo au Bénin entraîne une érosion sévère d’environ 15 m/an, explique l’équipe du projet Waca-Bénin. Elle est accentuée avec la mobilité de l’embouchure, les inondations cycliques, détruisant des villages entiers avec les routes, écoles, cimetières, lieux de culte.
Espérance
« Il faut travailler dans la durée pour apporter une solution qui permet aux communautés et à cette zone qui est si riche sur le plan cultuel et culturel, d’être protégées », admet également Ousmane Diagana. « Nous allons continuer dans le cadre de notre partenariat à faire en sorte que nous supportions les populations, le développement touristique, le développement économique de manière générale », répond-il au plaidoyer du préfet et du maire à l’endroit de la Banque mondiale. Les travaux de protection de la
côte consisteront à la mise en place de huit épis courts avec rechargement de casiers, au comblement de lagune morte du haut de plage de Sanvee-Condji – Hillacondji, au rechargement massif et à l’aménagement et la valorisation de deux espaces récréotouristiques. Les travaux portent sur une emprise de 41 km au Bénin et devraient démarrer le 30 novembre prochain. Ils permettront à Grand-Popo de redorer son blason de plateforme du tourisme balnéaire au Bénin. Pour ce faire, les besoins sont estimés à 11 millions d’euros, alors que les ressources disponibles tournent à peine autour de 2,5 millions d’euros, selon Elias Hamidou Séko, coordonnateur du projet Waca-Bénin. « Nous appelons de tous nos vœux que les partenaires puissent se mobiliser afin de disposer des fonds qui manquent », lance le préfet du Mono.
Préserver le littoral, sauver les communautés !
Les travaux du projet Waca-Bénin comprennent le remplissage des bras de lagunes abandonnés à l’est de l’embouchure à Grand-Popo, la construction des épis de protection, l’installation d’un rechargement de 6,4 millions de mètres-cubes de sable à Agoué, et la construction de pistes cyclables et de parkings à Agoué et Hillacondji. Le projet a soutenu des travaux de protection d’urgence pour stabiliser sur plus de 700 m, la rive sud du fleuve Mono ainsi que l’ouverture mécanique de l’embouchure de la rivière permettant un écoulement régulier des eaux fluviales vers l’océan pendant les fortes pluies. Ces travaux d’urgence ont permis d’éviter l’inondation de 52 villages regroupant 3652 ménages situés le long du fleuve, selon le coordonnateur du projet. Approuvé en 2018 par la Banque mondiale, l’ensemble du programme Waca vise à faciliter l’accès à une expertise technique et à des ressources financières pour des investissements physiques de lutte contre l’érosion côtière au Bénin, au Togo, en Côte d’Ivoire, en Mauritanie, à Sao Tomé-et- Principe et au Sénégal. La Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissau et le Nigeria devraient rejoindre le programme qui vise également le
développement et la mise en œuvre d’activités génératrices de revenus et garantir la survie de millions de personnes menacées par la dégradation du littoral ouest-africain.
C. U. P.