La passion de Novalie Houngbédji pour les Technologies de l’information et de la communication (Tic) l’a poussé à se lancer très tôt dans l’entrepreneuriat numérique. Du Community management au développement web en passant par le référencement web, le promoteur de la plateforme digitale « Aliments Bénin » touche à tout dans le secteur. Dans cette interview, il évoque son parcours et ses initiatives ainsi que les difficultés des plus jeunes dans l’écosystème béninois.
La Nation : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’entrepreneuriat numérique ?
La passion pour les Technologies de l’information et de la communication m’a amené dès 2009 alors que j’étais étudiant en Gestion des Banques à l’Ecole nationale d’Economie appliquée et de Management (Eneam) à m’intéresser à l’entrepreneuriat numérique. J’ai donc appris en autodidacte le graphisme, le community management, le développement et le référencement web. Après des années de travail en free-lance et en tant que salarié dans une banque de la place, j’ai compris avec l’apparition de la Covid-19 en 2020 qu’il était temps de lancer DigitAll Farmer pour répondre aux besoins grandissants du marché qui nécessitaient une digitalisation avec la dématérialisation des process agricoles.
Comment l’idée vous est-elle venue de proposer une solution pour les acteurs du monde agricole ?
Entre 2015 et 2019, mon parcours professionnel m’a amené à travailler avec les acteurs du monde agricole, producteurs comme transformateurs. C’est ainsi que j’ai pu prendre conscience de toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés et de comment le digital pourrait les aider comme cela se faisait déjà ailleurs dans le monde. Je me suis alors associé à un informaticien développeur et une ingénieure agronome pour créer DigitAll Farmer en 2020 avec une mission clairement définie : mettre le digital au service de l’agriculture.
L’accès aux marchés étant une des plus grandes préoccupations des producteurs, qui pouvaient enregistrer de lourdes pertes post récoltes (jusqu’à 80 % de pertes au Bénin pour la tomate par exemple), nous avons commencé par concevoir et déployer une solution à ce niveau. Il s’agit de « Aliments Bénin » (www.alimentsbenin.com) qui est une plateforme digitale de promotion et distribution de produits agricoles et agroalimentaires locaux.
Quel est l’intérêt pour les acteurs du monde agricole d’utiliser cette solution ou plateforme ?
La plateforme « Aliments Bénin » est conçue pour faciliter la vie aux agriculteurs et transformateurs béninois. Elle permet au producteur d’avoir pour ses produits une plus grande visibilité et un accès direct (quasiment sans intermédiaire) aux marchés nationaux et internationaux. Grâce à « Aliments Bénin », le producteur peut mieux faire connaître ses produits partout au Bénin et au-delà de nos frontières, avoir accès au dernier des consommateurs pour vendre ses produits à prix équitables, avoir des données sur les prix du marché, les habitudes d’achat des consommateurs, les retours clients, etc., faire de la prévente grâce aux annonces et au système d’achat groupé que nous avons mis en place et faire participer ses produits aux différents événements (foires, salons, etc.) auxquels DigitAll Farmer participe.
Quels sont les moyens dont vous disposez pour faire connaitre vos innovations ?
Pour faire connaître l’entreprise et ses innovations, nous allons à la rencontre des acteurs concernés. Certains événements des milieux du numérique et de l’agriculture, comme la Semaine du numérique (Senum), constituent pour nous de belles opportunités de promotion de nos solutions. Nous faisons également la communication sur les réseaux sociaux et les prospections terrains pour toucher le public cible. Nous profitons pour dire merci aux médias qui aident aussi à porter nos voix vers la population.
D’autres acteurs proposant le même service sur le marché, comment vous démarquez-vous ?
Notre principal avantage concurrentiel est notre culture de la collaboration et du partenariat qui nous permet de comprendre les besoins de nos clients pour mieux les satisfaire ensemble. Nous proposons donc des services de qualité, faits sur mesure.
Jusqu’ici, quelles sont les principales difficultés rencontrées ?
La principale difficulté à laquelle nous faisons face en tant que start-up est le financement de nos solutions. Nous manquons de ressources financières pour déployer les solutions et les sources de financement adapté aux start-up digitales font défaut au Bénin. Nous rencontrons aussi quelques difficultés pour le recrutement de personnel qualifié dans le numérique.
Quels sont vos défis futurs et comment voyez-vous l’avenir du secteur ?
Le digital au Bénin a un avenir très prometteur, vu que l’Etat en fait une priorité et le secteur privé ne cesse d’innover en la matière. A DigitAll Farmer, notre premier défi est d’être le leader en matière de développement de solutions technologiques pour le secteur agricole. Nous voulons travailler avec l’Etat, les Ptf, les organisations et tous les acteurs du secteur agricole pour accélérer la transformation digitale de l’agriculture au Bénin et en Afrique.
Quel appel avez-vous à lancer aux autorités du secteur du numérique pour qu’elles assistent davantage les jeunes ?
Je suis content des investissements consentis par les autorités béninoises au profit du secteur numérique. Toutefois, je voudrais leur demander de faire des efforts supplémentaires pour mettre en place des mécanismes d’encadrement, et de financement adaptés aux start-up du numérique?