
Joséa Dossou-Bodjrènou, directeur de Nature tropicale Ong
Joséa Dossou-Bodjrènou est directeur de l’Ong Nature tropicale spécialisée dans la sauvegarde de l’environnement. A l’occasion d’une journée portes ouvertes qu’il a organisée récemment, il a exprimé son vœu de voir s’appliquer les textes de loi sur l’environnement afin de le préserver. A travers cette interview, il est revenu sur la nécessité d’appliquer la loi pour sauvegarder les Biens publics mondiaux et le rôle de chaque acteur à cet effet.
La Nation : Pourquoi une journée portes ouvertes sur les Biens publics mondiaux ?
Joséa Dossou-Bodjrènou : La journée portes ouvertes, au profit des Organisations non gouvernementales (Ong) impliquées dans la mise en œuvre du programme Srjs dénommé Ressources partagées, solutions communes, vise à sensibiliser les divers acteurs sur la nécessité de sauvegarder l’environnement grâce aux lois. L’humanité dispose des Biens publics mondiaux (Bpm) qui sont des ressources qui appartiennent à nous tous, mais malheureusement, des gens ne prennent pas conscience que leur préservation et leur utilisation dépendent de tout le monde. Et grâce à la Coopération néerlandaise, depuis deux ans, une dizaine d’Ong ont commencé à travailler pour l’application des lois qui protègent ces ressources. Nous avons choisi cette journée pour faire découvrir au public les actions que mènent ces Ong dans la lutte par exemple contre la criminalité faunique, la criminalité de la flore, la destruction de notre environnement, c’est-à-dire les crimes environnementaux que nous commettons. Que ce soit individuellement ou collectivement, ces Ong travaillent pour que ceux qui commettent ces crimes soient sévèrement punis et que nos ressources et notre écosystème soient mieux préservés.
Sur la question de la préservation de l’environnement, n’y a-t-il pas un arsenal juridique qui réglemente les pratiques ?
Vous savez que dans notre pays, la loi cadre sur l’environnement exige que, pour tous les grands travaux initiés par l’Etat ou les privés, des études d’impact environnemental soient faites et qu’après ces études, un certificat de conformité environnementale soit décerné à l’entreprise ou à la structure de l’Etat avant l’exécution des travaux. Mais dans la réalité, ça ne se passe pas toujours ainsi. Et l’on constate que des entreprises s’installent, font des travaux et après créent des dommages à l’environnement sans être sanctionnées, ni inquiétées. Et dans notre pays, si l’on doit continuer ainsi, on risque de perdre beaucoup dans l’environnement. A notre niveau, nous avons choisi cette journée pour montrer les différentes actions que mènent les Ong au niveau local comme au niveau national, pour mieux préserver nos ressources.
Quelles sont vos perspectives ?
A travers cette initiative, on s’attend surtout à une prise de conscience de tous les participants, à un changement de mentalité. Nous avons mis l’accent sur la jeunesse. Ainsi, les élèves qui sont dans le quartier sont venus visiter les stands et le musée. S’ils prennent conscience de l’existence des lois qui préservent leur environnement, ils pourront être beaucoup plus sensibles à l’âge adulte ou quand ils deviendront des leaders demain. C’est aussi l’occasion pour l’autorité locale de voir ce que les Ong font pour accompagner les gouvernants dans la préservation de l’environnement et de nos ressources. Et, nous espérons qu’il y aura cette prise de conscience et que dès aujourd’hui, les gens comprendront que plus rien ne sera comme avant. Si on crée des dommages à l’environnement, on doit être en mesure de subir la rigueur de la loi.
Quelle sera l’implication des autorités dans la prise de sanction contre les fautifs ?
L’une des activités importantes au cours de la journée, c’est une formation au profit des Ong en ce qui concerne l’application des lois environnementales. C’est l’occasion pour les Ong de s’approprier les lois qui préservent notre environnement, les conventions au niveau des pays et le rôle des acteurs dont l’Etat, la société civile… Et quand on parle de l’Etat, ce n’est pas seulement l’Etat au niveau administration et autres, mais aussi au niveau des agents assermentés. Par exemple, si vous avez des problèmes environnementaux dans votre quartier, vous devez savoir qui vous devez appeler. L’article 27 de notre Constitution dit que nous avons droit à un environnement sain. Mais quand notre environnement est perturbé alors que cette loi dit que nous avons le droit de le défendre et que l’Etat a l’obligation de nous accompagner, si vous êtes en difficulté dans votre quartier, qui faut-il contacter pour que ces problèmes soient réglés ? Au cours de la formation, nous avons essayé d’attirer l’attention sur le rôle de chaque acteur surtout les agents assermentés : les forestiers, les agents de pêche, même la Police environnementale dans notre quartier ou la Police républicaine… Quand vous connaissez leur rôle, vous savez à qui vous adresser en cas de difficulté. Mais cela ne s’arrête pas là. Au niveau de la justice, il faut que les procédures soient respectées afin que les sanctions tombent. Nous profitons de l’occasion pour amener chacun à jouer son rôle pour que la justice puisse sévir. Quand les gens auront peur de la loi, ils pourront respecter notre environnement.
Propos recueillis par Alexis M. METON