Plus qu’historique, le retour des trésors royaux du Bénin sur leur terre d’origine est salué par divers acteurs du monde culturel, artistique et politique.
Boni Yayi : « A l’Afrique de savoir toujours compter avec le Bénin… »

Pour la première fois dans l’Histoire, la France restitue certaines des œuvres pillées à une de ses anciennes colonies. Chose impossible hier, une réalité aujourd’hui, avec comme bénéficiaire, le Bénin qui en devient pionnier à une telle échelle. De quoi prouver à nos aïeux que le combat pour la liberté et la maitrise de notre Histoire passée, présente et à venir, n’a jamais été abandonné. À l’Afrique de savoir toujours compter avec le Bénin. Je salue le courage et l’esprit d’ouverture du président français. Merci au président de la République du Bénin pour les diligences accomplies et à notre vaillant peuple si attaché à sa culture et son patrimoine. Je suis de cœur avec vous. Que Dieu bénisse le Bénin, notre patrie commune.
Irénée Agossa, président du parti Restaurer la confiance : « Le retour de ces objets doit consacrer l’unité nationale »

Le retour de ces trésors culturels et historiques du royaume d’Abomey est une satisfaction totale. Cela fait de nous un peuple qui a une histoire et qui doit être considéré comme tel. Cela fait de nous une Nation qui a un parcours historique et culturel. Donc, nous en sommes fiers. Tout Béninois, toutes tendances confondues, doit être fier de cela. Nous en sommes satisfaits. Nous sommes d’autant plus fiers que le président Talon, en signant le protocole de retour de ces trésors, a dit que ce n’est que le début. Donc, d’autres trésors qui sont de l’autre côté doivent revenir et permettre à ce que les jeunes générations puissent vivre en direct l’histoire de leur pays. Il ne faut pas qu’ils la vivent comme nous autres. Qu’ils aient la chance d’aller visiter ces objets et pouvoir en être fiers. Cela contribue à la consolidation du patriotisme et de l’esprit patriotique. Je tire aussi comme enseignement de ce retour des trésors que c’est ceux qui nous ont dépossédé de ces trésors qui ont eu aujourd’hui une élévation de conscience et ont jugé utile de nous les rétrocéder. Donc, aucune condition politique, économique et sociale ne doit pousser un Béninois à aller en France à la recherche d’une liberté. C’est une inculture historique. Parce que le retour de ces objets, c’est le retour de l’âme de nos rois. C’est symbolique pour nous. Nous devons aussi prendre toutes les dispositions pour que ces objets ne soient pas dégradés. C’est pourquoi nous proposons qu’une copie soit faite et que cela soit mis à la disposition du public. Que ces trésors soient conservés dans leur état naturel quelque part, et que ça soit exceptionnellement par an, qu’on aille visiter, afin que nous puissions garder cet héritage pour les générations à venir. C’est ainsi qu’une Nation se met en place. Parce que ces objets ont besoin d’être sacralisés pour rentrer dans le patrimoine traditionnel des royaumes. Nous n’avons pas les mêmes cultures que les Français. Il faut que ces
objets soient sacralisés et que les copies soient mises à la disposition du public. Et que lors de nos cérémonies qui cadrent avec la tradition, qu’on ait l’opportunité d’aller voir les originaux aux lieux consacrés à ces objets dans la tradition. Nous félicitons le gouvernement qui a eu la capacité, l’intelligence de faire aboutir ce projet. Le retour de ces objets doit consacrer l’unité nationale.
Propos recueillis : Arnaud DOUMANHOUN
Octave Houdégbé, député Union progressiste « C’est tout le Bénin qui est sous les feux de la rampe »

Je ne peux que féliciter le chef de l’Etat. Il faut avoir le courage d’affronter ces colons qui, depuis des années, ont confisqué nos biens, des choses sacrées de notre patrimoine culturel. Le peuple béninois ne peut que remercier le président Patrice Talon qui vient de nous ramener nos objets très sacrés. Je peux vous rassurer que la royauté dont je fais partie mettra en place bientôt une organisation pour remercier le chef de l’Etat et soutenir l’initiative. Je n’ai pas d’inquiétudes pour la conservation et la gestion de ces biens. Le président de la République, pour qui le connait, a réfléchi pendant longtemps avant d’aller chercher ces biens culturels qui sont partis surtout de Ouidah et d’Abomey. Il ne va pas les négliger une fois au bercail. Il a déjà préparé tout cela. La loi sur le patrimoine culturel récemment adoptée par le Parlement lui donne de tonus pour relever ce défi. Ce n’est pas n’importe quel président de la République qui peut réussir ce que Patrice Talon a fait. C’est tout le Bénin qui est sous les feux de la rampe.
Abdoulaye Gounou, président du Groupe parlementaire Bloc républicain : « Tout ne se monnaie pas en termes d’argent »

Il faut d’abord remercier le chef de l’Etat qui a été le fer de lance de ce retour triomphal de nos biens culturels emportés. Il faut le féliciter car c’est lui qui en est l’initiateur. Cette prouesse du gouvernement béninois va rester gravée dans les annales de l’histoire du continent africain. Je pense que le Bénin est le tout premier pays en Afrique à avoir pu réussir à rapatrier son patrimoine culturel. C’est à l’actif du gouvernement. Il faut saluer cet effort du président de la République, ce succès dont je manque les mots pour qualifier la portée historique. Tout ne se monnaie pas en termes d’argent. C’est une fierté pour le peuple d’abord de revoir son patrimoine emporté et ensuite de voir les touristes rien que pour venir visiter ces trésors royaux. Je suis heureux et satisfait. C’est tout le continent africain qui est concerné. C’est sûr que les royaumes maliens, burkinabè et autres doivent être concernés aussi par ce pillage du patrimoine culturel africain. L’Afrique a été pillée. Si les autres chefs d’Etat ont le courage du président Patrice Talon, ils peuvent lui emboiter le pas en demandant également le rapatriement de leur patrimoine culturel.
Gildas Agonkan, député Union progressiste : « Le tourisme se nourrit du patrimoine »

Ce mercredi 10 novembre est un grand jour sinon une grande période puisque le processus a commencé depuis quelques années. Il a été déclenché par le gouvernement béninois à travers son chef d’Etat. Le processus a subi des résistances avec des lobbies français qui se sont opposés au rapatriement de ces biens culturels. Mais il y a eu des engagements fermes non seulement du pouvoir politique béninois mais aussi français qui ont fait bouger les lignes. Le retour de ces biens culturels est aujourd’hui effectif. C’est une réalité pour le Bénin, une réalité pour l’Afrique et une réalité pour l’humanité. C’est une grande joie pour l’ensemble des peuples noirs et endogènes de voir ce qui appartient à leur patrimoine culturel retourné avec une démarche de communication orientée sur la valorisation du tourisme. Tous les peuples qui ont un patrimoine doivent s’enorgueillir. Cela parce que le tourisme se nourrit du patrimoine. C’est le milieu touristique béninois qui se sent honoré avec le retour de ces biens culturels. Au-delà du Dahomey, c’est tout le peuple béninois et africain qui se sent concerné. Il faut saluer les deux chefs d’Etat français et béninois qui ont conduit ce processus.
Il faut souhaiter maintenant qu’au-delà des 26 œuvres qui rentrent, que le grand nombre encore dispersé à travers le monde puisse être rapatrié aussi pour garnir et relever le patrimoine africain. Nous avons déjà fait des efforts et pris des initiatives pour améliorer nos capacités de conservation. Nous avons voté récemment au Bénin une loi pour la protection du patrimoine culturel. C’est déjà un acte fort. On souhaite que tous les pays africains puissent voter aussi ces lois pour garantir la protection du patrimoine. Et en même temps nous mettons en place des infrastructures pour accueillir ces œuvres et montrer nos capacités à les conserver et à les sécuriser. Il y a un investissement lourd en cours de finalisation au Bénin pour accueillir ces biens culturels. A travers moi, tous les Aboméens, Danxoméens et Béninois remercient et félicitent le gouvernement pour cet investissement titanesque qui est fait dans le cadre de la conservation de ces trésors royaux. Car, nous aurions déçu l’humanité si ces biens ne sont pas bien conservés et valorisés. Il faut que chacun puisse considérer ces œuvres comme sa chose, la chose de la communauté toute entière et ne dise pas que c’est l’affaire du gouvernement ou du pouvoir en place.
Propos recueillis par Thibaud C. NAGNONHOU,
A/R Ouémé-Plateau