Traitement et vaccin contre le Covid-19: Quid des dynamiques scientifiques dans le monde ?

Par Anselme Pascal AGUEHOUNDE,

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Dans la riposte contre la pandémie du Covid-19, l’espoir est fortement porté sur la contribution des scientifiques et chercheurs. Les grandes nations accordent un intérêt croissant à la recherche de traitements efficaces et de vaccin. Pendant ce temps, la plupart des pays africains se contentent des traitements disponibles et restent dans la spéculation, dans l’attente d’une solution importée.

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Trouver un traitement approprié, efficace et radical contre le Covid-19 s’avère bien plus compliqué qu’on ne le pense. La recherche de vaccin tâtonne malgré les essais cliniques entrepris dans certains pays. Et pourtant, la contribution des scientifiques et chercheurs est toujours attendue. C’est pourquoi, l’Organisation mondiale de la Santé soutient toutes les initiatives scientifiques visant à maîtriser la pandémie. Depuis le début de cette crise sanitaire, l’Oms travaille avec les experts mondiaux, les chercheurs et les différents gouvernements pour élargir les connaissances scientifiques sur ce nouveau virus afin de trouver des solutions efficaces. Les organisations régionales et les gouvernements soutiennent, quant à eux, les universités et centres de recherches. Ainsi, les chercheurs australiens ont pu découvrir comment le système immunitaire combat le Covid-19. La France à travers le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, appuie les laboratoires de recherches à hauteur de milliards d’euros. La Communauté scientifique française sous l’égide d’Aviesan et du réseau Reacting, déborde d’initiatives scientifiques dans le sens de la lutte contre le Covid-19 et l’Union européenne appuie fortement les gouvernements des Etats membres dans les dynamiques scientifiques. En Allemagne, plusieurs essais cliniques ont été faits et la recherche de vaccin se poursuit. Avec les milliards de dollars injectés, les Etats-Unis quant à eux, promettent un vaccin d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, la fabrication de masques, de gels hydroalcooliques et l’élaboration de test de dépistage au plan local ont fait l’objet de gros investissements dans certains pays. Dans cette vague d’initiatives, l’Afrique noire reste peu active, consommatrice des diligences des autres. La plupart des pays africains se contentent du traitement à la chloroquine qui semble avoir un effet favorable sur les patients. Cette alternative amène certains pays à se passer de toute initiative visant à sonder la pharmacopée traditionnelle. Même si les efforts dans la recherche scientifique ne sont pas reluisants en Afrique, quelques diligences sont tout de même honorables, en l’occurrence dans la gestion de la pandémie par les Etats africains. Chaque pays a pris des mesures hardies qui s’adaptent aux réalités et au quotidien des citoyens. C’est le cas au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Niger, au Bénin… Au Nigeria, après une période de strictes restrictions, certaines bornes ont commencé à être levées à la surprise générale. La première puissance économique de l’Afrique a certainement quelques atouts aujourd’hui, quant à la maîtrise de cette pandémie. Par ailleurs, certains Etats s’investissent dans la réalisation de produits utiles. Au Cameroun, l’Institut universitaire de technologies et la Faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques de l’Université de Douala coordonnent leur expertise pour produire du gel hydroalcoolique renforcé par l’apport de plantes aromatiques et d’huiles essentielles aux propriétés antivirales, antifongiques et antibactériennes.

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Approfondir la pharmacopée en Afrique

Les plantes ont une valeur inestimable et les pays africains doivent apprendre à mieux se servir de cette source intarissable de remèdes. La crise sanitaire du Covid-19 montre encore combien l’Afrique noire est en retard en matière de recherches scientifiques. Des initiatives sont prises mais elles restent souvent superficielles. Au Congo, avec l’appui du ministère chargé de la Recherche scientifique, les chercheurs et l’Union nationale des tradipraticiens se sont engagés dans la recherche de traitements symptomatiques du Covid-19 par les plantes. Après avoir réalisé des activités pharmacologiques contre les différents signes cliniques qui accompagnent le Covid-19, le Docteur Arnaud Wilfrid Etou Ossibi a pu alors affirmer : « Les études montrent que beaucoup de plantes ont des effets antalgique, antipyrétique, antioxydant, immunostimulant, antibactérien ». Cela révèle une fois de plus la valeur des plantes en Afrique. C’est pour soutenir cette dynamique en Afrique, que le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur et la recherche scientifique (Cames) à travers son programme thématique de recherche : Pharmacopée et médecine traditionnelles africaines (Pmta), a engagé les universités et centres de recherche de l’espace Cames dans la recherche de solutions basées sur les pratiques endogènes séculaires issues des réalités locales. Mais là où le bât blesse, c’est que ces initiatives sont souvent plombées, la recherche n’est pas poussée et pas suffisamment soutenue! Au Burkina Faso, où les traitements à base de chloroquine prise seule puis associée à l’azithromicyne pour les cas graves ont été adoptés, des essais cliniques avaient été annoncés sur Apivirine, un médicament naturel. Finalement, cette initiative a été interrompue ou passée sous silence. En outre, les laboratoires ne sont pas assez équipés pour contribuer fortement à la riposte contre cette crise sanitaire qui mobilise l’expertise des scientifiques dans le monde entier. Il est temps qu’en Afrique, la recherche scientifique axée sur les plantes soit plus approfondie. Il est temps que l’Afrique œuvre à moderniser et valoriser sa pharmacopée traditionnelle qui recèle bien de secrets.