Transport en commun: Les compagnies de voyage circonspectes

Par La Redaction,

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Les compagnies de voyage entendent renforcer la sensibilisation des passagers aux réflexes à avoir en cas d’incident majeur

Aucune compagnie de transport n’est restée indif-férente au drame survenu dimanche 29 janvier dernier à Dassa-Zoumè. Les voyages se poursuivent au quotidien mais plus aucune précaution n’est de trop. L’heure est à la prise de conscience et à la sensibilisation dans tous les rangs.

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Visage fermé, allure militaire et l’air sérieux, le mécanicien en chef de la compagnie Kabir Transport Voyageurs est très occupé à inspecter le bus sur le départ. A quelques mètres, le chef du personnel donne des consignes au conducteur : « Vérifie à nouveau les pneus, s’il te plaît ! ».
Le cœur meurtri, il évoque le drame du dimanche 29 janvier dernier. « C’est vraiment dramatique ! Nous avons été choqués par ce qui est arrivé à Dassa-Zoumè. Notre prière, c’est que de tels accidents ne se produisent plus. Quand ça arrive à une personne, c’est à nous tous que cela arrive. Avec Baobab, nous partageons les longs trajets. Nous avons l’habitude de nous croiser sur la voie », compatit Moustapha Yessoufou, chef du personnel de la compagnie Kabir Transport Voyageurs. Moussaoudou Abdel Kamal, porte-parole de la compagnie Fofana Voyage, ajoute : « Personne ne peut dire qu’il n’a pas été touché par ce qui est arrivé. Toutes les compagnies de voyage sont attristées. Nous présentons nos condoléances aux familles éplorées. Ce sont les risques du métier. Mais nous devons redoubler de vigilance et espérer vivement que cela ne se produise plus ! ».
Dieudonné Tohouindji, chef du Département des affaires générales à ‘’La Poste du Bénin’’ est tout aussi peiné : «Ce qui est arrivé ce week-end est dramatique. Personne ne saurait rester insensible à cela. C’est dommage qu’un incident de cette ampleur vienne frapper les Béninois et que cela passe par les compagnies de transport qui rendent un service immense à l’ensemble de la population. Nous espérons que cela ne se reproduira plus jamais dans notre pays ».
Compassions et tristesse exprimées, le trafic se poursuit tout de même. Tant qu’il y a des voyageurs, les compagnies fonctionnent à un rythme régulier. Moustapha Yessoufou explique : « Il y a eu un accident. Les clients sont méfiants mais ils doivent voyager et c’est le seul moyen dont ils disposent ».
Un besoin indispensable des usagers qui rime bien avec le but commercial des compagnies. Mais avec le drame survenu dimanche dernier, les compagnies ont davantage pris la mesure du risque que constitue chaque voyage et prennent des précautions supplémentaires. « Nous avons renforcé la sensibilisation à l’égard de la clientèle. La compagnie avait déjà un forum sur lequel tous les clients sont ajoutés au fur et à mesure. Dès le drame du dimanche, nous avons laissé un message à la clientèle. Le lendemain, nous avons fait un message de sensibilisation aux outils à utiliser en cas d’incendie. Avec le drame qui s’est produit, nous réalisons combien il est important de faire une sensibilisation continue aux précautions à prendre en cas d’accident », confie Moussaoudou Abdel Kamal, porte-parole de la compagnie Fofana Voyage. Comme un mot d’ordre, la sensibilisation est renforcée dans la plupart des compagnies. « Nous faisions une communication avant chaque voyage, mais avec ce drame, nous l’avons accentuée ; d’abord au niveau du conducteur et ensuite au profit de l’équipage puis des passagers. Nous attirons également l’attention des conducteurs sur les excès de vitesse », précise Moustapha Yessoufou, chef personnel de la compagnie Kabir Transport Voyageurs.

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Les gestes qui sauvent

Dans les bus de transport en commun, il y a généralement entre autres équipements, l’extincteur à utiliser en cas d’incendie et les poinçons qui sont de petits marteaux avec lesquels on peut briser les vitres. « Habituellement, quand le bus veut démarrer, le percepteur fait un speech pour souhaiter un bon voyage aux passagers. Nous avons rajouté à ce speech, comment utiliser les équipements de sauvetage en cas de péril pour que l’on n’assiste pas à des drames », confie Moussaoudou Abdel Kamal, porte-parole de la compagnie Fofana Voyage. Et dans une démarche pédagogique, il décrit : « En cas d’incendie, le premier réflexe c’est de saisir le marteau pour briser les vitres et s’échapper. Pour ce qui est de l’extincteur, tout l’équipage devrait savoir comment l’utiliser ». La formation de l’équipage doit être une priorité, selon le chef personnel de la compagnie Kabir Transport Voyageurs. A l’en croire, des vies peuvent être sauvées si l’on a les bons réflexes. « Avec les réflexions que nous avons eues après ce drame, on se dit que si tout l’équipage ou le mécanicien étaient bien formés, peut-être que les conséquences de l’incendie auraient pu être réduites. Car les bus modernes ont un système mixte. Il y a un système de déverrouillage manuel de la sortie arrière qui peut permettre d’évacuer des passagers très rapidement si l’on sait comment marche ce système. C’est vrai que lorsque ces accidents arrivent, tout le monde est embrouillé. Mais c’est une formation qu’il faut donner à l’équipage », soutient-il. Le porte-parole de la compagnie Fofana Voyage suggère que les autorités publiques puissent accompagner les compagnies dans cette démarche de renforcement de capacités et de sensibilisation en dépêchant sur le terrain des agents pour former davantage les compagnies et pour effectuer des contrôles dans les postes d’arrêts. Mais le processus de recrutement des conducteurs est tout aussi sensible et mérite le plus grand sérieux. « A La Poste, nous ne faisons pas les choses à la légère. La direction générale a une ligne de conduite très ferme par rapport à l’activité de transport puisque nous avons en main la vie des passagers. Tout part déjà de la qualité du personnel affecté à l’activité de transport. Nous ne recrutons pas n’importe qui. Avant de passer à l’étape de recrutement, nous faisons l’enquête de moralité. Une fois recrutés, les agents suivent une formation. Lorsque nous constatons qu’il y a un conducteur, un percepteur ou un personnel de ce secteur qui ne répond pas aux règles déontologiques, nous l’enlevons tout simplement », explique Dieudonné Tohouindji. Il ajoute que des agents de contrôle sont dans les bus et dans tous les bureaux de poste pour vérifier la façon dont le personnel se comporte et des enquêtes de satisfaction se font également pour écouter les clients.
S’agissant des dispositions prises avant chaque démarrage, Sofiane Gbadamassi, chef d’agence Cotonou de la compagnie Ayina Transport et Tourisme, renseigne : « Avant de prendre le départ, nous faisons un briefing avec nos conducteurs sur les comportements à tenir lors du transport car ce sont des vies humaines qui sont entre leurs mains. Avant le départ du bus, le mécanicien fait un check- up et s’assure que tout est au point. Quand le chauffeur arrive, il fait à nouveau un contrôle rapide de son véhicule. S’il remarque la moindre anomalie, il signale et le mécanicien examine. Ensuite, au moment de démarrer, il y a un mécanicien qui embarque avec le conducteur pour s’occuper des éventuels pépins en cours de route », fait savoir le chef d’agence Att Cotonou. Il ajoute qu’après un voyage, les chauffeurs ont deux jours de repos. Cela permet aux conducteurs de se reposer d’une part et d’autre part de faire la maintenance du bus avant de le remettre sur la route.

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A chacun son rôle

« Lorsqu’on parle de transport, même si c’est une activité commerciale, les responsabilités sont partagées. Nous avons tous des rôles à jouer. Par exemple, le promoteur de la compagnie doit veiller sur les conducteurs, leurs conditions de travail, leur état ; et sur la maintenance et l’équipement des bus », fait observer Harouna Kabirou, promoteur de la compagnie Kabir Transport Voyageurs. Mais il précise que pour la sécurité routière, les passagers, les usagers de la route et les autorités ont également leur partition. « Parfois, ce sont les passagers qui se plaignent et cherchent à contraindre les conducteurs à filer.
Ce qui est sûr, les conducteurs de ma compagnie ne cèdent à aucune pression.
En route, vous retrouvez aussi des usagers qui conduisent comme ils veulent et cherchent à traverser ou à faire des dépassements anarchiques. Or les bus sont de longs véhicules et ne sont pas assez souples pour faire des zigzags anarchiques… On retrouve également des camions qui tombent en panne et qui restent stationnés pendant des jours, des semaines. C’est l’une des causes régulières d’accident, surtout la nuit, cela pose des problèmes quand il n’y a pas de triangles de signalisation. Quand vous êtes dans un virage, le temps d’éviter le camion stationné et le véhicule qui vient en sens inverse, beaucoup de choses peuvent se passer ». Autant de situations à risques que décrit le promoteur. Il relève également les nids de poule sur les routes qui peuvent imposer des déviations au conducteur du bus. « Nous savons que le gouvernement fait des efforts pour l’entretien des voies mais nous demandons aux autorités de nous aider encore ! En plus, il faut imposer que les camions stationnés soit tractés au plus tôt et il faut continuer à sensibiliser les populations sur le code de la route et les comportements à avoir », a-t-il plaidé. Rodrigue Aziakou, chef département Transport de la Poste du Bénin, reconnait les actions menées ces dernières années dans l’entretien des routes. Il ajoute: « Beaucoup de choses ont été faites et il reste encore à faire.
Mais nous devons également redoubler de prudence. Les conducteurs doivent respecter le code de la route et rouler à vitesse raisonnable. A La Poste, les conducteurs savent qu’ils sont très surveillés sur ces questions». Désormais, les défis constants de toutes les compagnies, résume Harouna Kabirou, c’est de ne jamais arrêter la sensibilisation à l’égard des passagers ; de bien contrôler les véhicules ; de faire des recyclages réguliers aux conducteurs et à l’équipage ;
d’avoir les pièces à jour et les équipements en état… Bon gré, mal gré, les compagnies doivent se mettre au pas. Car la Police républicaine se fera davantage leur gendarme. «Après le drame, nous avons été reçus par le directeur général de la Police républicaine qui a été assez clair. Il n’y aura plus de laisser-aller, la pagaille est finie. Tout va se faire dans les normes et tous les promoteurs sont invités à se mettre en règle »,
confie Sofiane Gbadamassi, chef d’agence Att Cotonou .

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Par Anselme Pascal AGUEHOUNDE & Isidore GOZO