La Nation Bénin...
Le
19e Congrès scientifique sur la drépanocytose, démarré, mercredi 9 octobre à
Cotonou, offre une opportunité unique aux participants de comprendre la maladie
et les nouvelles approches de lutte en vue de la vaincre. Le rendez-vous de
Cotonou annonce un renouveau contre l’affection.
«
Être parent d’enfant drépanocytaire, ça change vos vies, vos timings, vos
agendas, vos quotidiens ».
Patricia
Amand, présidente d’une association de lutte contre la drépanocytose en Côte
d’Ivoire en sait beaucoup sur les ravages de la maladie pour le fait qu’elle
soit maman de deux filles drépanocytaires ; tout comme Mariam Wane, présidente
de l’Association de soutien aux drépanocytaires en Mauritanie qui a vu
plusieurs de ses proches en mourir, faute de connaissances et de soins
spécifiques.
Hermann
Langbégnon, président de l’Association de lutte contre la maladie au Bénin en
est aussi un témoignage vivant. Seul enfant portant la forme
d’hémoglobinopathie la plus grave ‘’SS’’ dans sa famille, on imagine à quel
point certains de ses rêves ont dû être éteints du fait de ses crises
vaso-occlusives, lorsqu’il évoque la maladie.
Tous
les trois se sont relayés au pupitre, mercredi 09 octobre, au Palais des
congrès de Cotonou, à l’ouverture du 19e Congrès international sur la
drépanocytose, pour plaider en faveur d’une approche innovante dans le cadre de
la lutte contre la maladie.
Le
diagnostic de Jean-Benoît Arlet, représentant du comité scientifique est plus
profond: « La drépanocytose est une maladie unique au monde. Un patient naît
toutes les minutes avec la drépanocytose, un en meurt toutes les deux minutes.
Huit millions de personnes vivent avec la maladie en Afrique. Il est anormal
que les patients n’aient pas accès aux médicaments », se désole-t-il.
Désormais, leur plaidoyer portera des échos. C’est le pari que s’est lancé le congrès de Cotonou. Initiative de l’association Dorys présidée par le prof Constant Vodouhè, soutenue par la Fondation Claudine Talon et l’Organisation mondiale de la Santé, le 19e Congrès international sur la drépanocytose se veut un dispositif crucial pour changer le visage de l’affection.
Au terme du congrès, le crépuscule cessera de tomber en plein midi sur les victimes et leurs familles. Les assises de Cotonou se veulent une rencontre de haute portée, mais aussi un défi de taille que veut relever la communauté médicale et scientifique, en termes de stratégies de lutte.
Elles permettront aux participants d’avoir une meilleure vue des expériences locales et d’ailleurs, de mettre en lumière les innovations dans la prise en compte de la maladie afin de renforcer la prévention.
Les défis sont énormes. Il faut investir dans la lutte contre la drépanocytose, stimuler et soutenir la recherche scientifique et rendre accessibles les molécules existantes à un plus grand nombre de patients et promouvoir le dépistage précoce.
Au-delà
de son aspect social, la drépanocytose a des répercussions économiques majeures
sur les communautés. La riposte est une question de justice. Le ministère des
Affaires sociales prend à cœur cette dimension. « Les familles économiquement
fragiles subissent une double peine. Les frais médicaux représentent une peine
économiquement écrasante aggravée par la nécessité de réduire les activités
professionnelles pour s’occuper des malades. C’est pourquoi la réponse contre
la maladie doit être globale et non limitée à des solutions médicales. Le soutien
psychologique des malades est indispensable pour les aider à vivre avec dignité
», préconise Véronique Tognifodé.
Notre
devoir, poursuit-elle, « est de minimiser les impacts économiques grâce à des
programmes de soutien à l’emploi pour les jeunes malades notamment. La lutte
nécessite également une approche solidaire aux échelles sous-régionale et
internationale. Nous devons unir nos forces pour répondre aux défis »,
insiste-t-elle.
Benjamin
Hounkpatin, ministre de la Santé parle de l’engagement du Bénin et des actions
prochaines contre l’affection. «Le choix du Bénin pour abriter les présentes
assises reflète l’engagement indéfectible du gouvernement à lutter contre cette
maladie héréditaire qui cause tant de souffrances socio-économiques. Le centre
de prise en charge médicale intégrée du nourrisson et de la femme enceinte
atteints de drépanocytose s’est réinventé pour mieux répondre aux besoins des
malades…. Les actions sont en cours pour élargir les offres à l’ensemble des
hôpitaux afin d’améliorer l’accès aux soins à toutes nos populations »,
assure-t-il.
Cerise
sur le gâteau, Benjamin Hounkpatin annonce la création imminente d’un centre de
référence pour la prise en charge des cas. « Grâce au précieux appui de la
Fondation Claudine Talon, le Bénin érigera très bientôt un centre de haut
standing avec un plateau technique pour la recherche ainsi que l’offre des
soins et services intégrés dans la lutte contre la drépanocytose y compris la
greffe ». De l’espoir donc pour les personnes touchées par cette maladie au
Bénin et en Afrique■