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Affaire Candide Azannaï : Cotonou, entre malpropreté et calme précaire

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Par   Josué F. MEHOUENOU, le 06 mai 2015 à 06h15

Hier mardi 5 mai, Cotonou semble avoir retrouvé son calme légendaire. Et comme si dame nature elle-même voulait contribuer au dégel, c’est avec une petite pluie que la ville s’est réveillée. Adieu donc la journée noire de la veille ! Sauf que tout n’est pas encore parfait.

Les quartiers Zogbo, Kindonou, Mènontin, Vèdoko, les encablures du stade de l’Amitié de Kouhounou, le carrefour IIta rebaptisé même pour la circonstance portaient encore, hier mardi, les impacts et séquelles des échauffourées qui ont embrasé la ville la veille. Les dizaines de pneus brûlés sur les artères publiques, les barricades érigées ça et là, les branchages utilisées et tout ce qui est passé par la main des manifestants ont laissé les zones de tension dans un état pas du tout salubre. Cotonou qui n’était déjà pas particulièrement attrayant par ces temps-ci, présente alors un état de malpropreté à plusieurs égards. Sur le tronçon Zogbo-stade de l’Amitié, la chaussée s’est revêtue par endroits d’épaisses couches noires et aux abords des voies, des amas de ferrailles résultant de la brûlure des pneus ne rendent pas encore la circulation aisée. Situation presque identique à Kindonou avec la particularité que les branchages détruites la veille, obstruent le passage par endroits. En somme, chaque partie de la ville visitée par les manifestants le lundi dernier, peine à retrouver son atmosphère habituelle. Ils n’avaient sans doute pas pris en compte cet aspect des choses, lundi dernier au cours de leur furie.
Nombre de citoyens se posent ainsi la question de savoir si la mairie viendrait en renfort, mettant ses services techniques à contribution pour nettoyer Cotonou, du moins lui redonner son aspect d’avant les échauffourées du 4 mai dernier. Certains Cotonois rencontrés hier ont même manifesté le désir de voir les devanciers du mouvement du lundi dernier « prendre exemple sur les Burkinabè, en procédant au nettoyage de la ville ». En clair, il y a une envie de voir, après le calme retrouvé, la ville renouer avec la salubrité. Et parlant de salubrité, la journée du samedi prochain y sera consacrée. C’est du moins ce qu’ont annoncé hier, certains membres de l’Union fait la Nation (UN), alliance politique du député Candide Azannaï, considéré comme l’homme par qui cette situation est survenue. Les nombreuses concertations organisées par les responsables de l’UN et leur visite au domicile de leur collègue, ont accouché de cette initiative qui ne laisse pas sans interrogations, même si elle est salutaire. Pourquoi attendre, en effet, plus de cinq jours pour se mettre à nettoyer la ville, surtout par ces temps de saison pluvieuse ?

La circulation, toujours un casse-tête

Les habitants de la capitale économique du Bénin n’ont pas encore entièrement retrouvé le sourire. En plus de côtoyer des déchets qui leur rappellent que lundi dernier, ils ont vécu une journée peu ordinaire sur fond de peur et de psychose, ils doivent aussi circuler péniblement. Certaines artères de la ville sont demeurées bloquées, non plus par les manifestants ou partisans de Candide Azannaï, mais par des éléments des forces de sécurité et défense. Inutile de chercher à savoir les motifs d’une telle décision, puisqu’on n’en saura rien. Le cas du tronçon qui passe devant le domicile du chef de l’Etat est flagrant. Et si ce passage n’était pas d’une importance majeure pour les habitants des quartiers comme Houéyiho, Fidjrossè, Agla, Vèdoko, Mènontin, Kindonou, Agontinkon, Godomey… sans oublier la cité dortoir, Abomey-Calavi, les citoyens ne ressentiraient pas pour autant le mal et le calvaire qui leur sont imposés. En réalité, les travaux de construction et d’aménagement qui ont bloqué le passage Sainte Rita-stade de l’Amitié ont fait de la route passant devant la domocile du chef de l’Etat, un passage obligatoire pour nombre de Cotonois. L’interdire pour la circulation revient donc à accentuer leurs difficultés et cette situation crée dans certaines Vons, des bouchons à longueur de journée. L’autre difficulté se situe au niveau des commerces, restaurants et autres supermarchés assez fréquentés de ce tronçon qui, du coup, se voient privés de clientèle. Le blocage va-t-il durer encore longtemps ?
Rien n’est moins sûr en tout cas et ceux qui espèrent le dénouement, devraient prendre leur mal en patience, avec la marche déjà interdite par le ministre de l'Intérieur que projettent ce jour, plusieurs acteurs politiques via une certaine «Coalition des forces démocratiques», pour, disent-ils, «sauvegarder les libertés et acquis démocratiques, protester contre l’enlèvement manqué de l’honorable Candide Azannaï…», il n’est pas exclu que d’autres artères de la ville connaissent le même sort.
Il faut même craindre que l'une des partie de la chaussée ouverte hier nuit aux populations ne soit encore barricadée.


On fait le bilan !

Selon certaines confidences recueillies hier, les manifestants auraient eux-mêmes fait le bilan, du moins certains des meneurs auraient tenu des réunions secrètes au petit matin d’hier mardi et même plus tard dans la journée pour susciter l’accalmie totale, faire le point de leurs actions et surtout se féliciter de ce qu’il n’y ait pas eu des débordements. Nos sources font état de ce que, la maîtrise de la situation du stade de l’Amitié qui a failli leur échapper à un moment donné, avec des manifestants qui voulaient s’en prendre à des commerces et établissements financiers, aurait été l’une de leurs plus grandes fiertés.
JFM