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Affaire magouille dans la passation de marchés au MTPT: Les explications du gouvernement aux députés

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Par   Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 19 déc. 2014 à 06h07

Le ministre des Travaux publics et des Transports, Aké Natondé était devant la Représentation nationale hier jeudi 18 décembre. Il est allé s’expliquer par rapport aux soupçons de magouille dans l’attribution de certains marchés de construction de route notamment le chantier Akassato-Bohicon, pour laquelle les députés ont interpellé le gouvernement. Les éléments de réponses.

L’interpellation des députés dans l’affaire de mauvaise gestion dans l’attribution des marchés au ministère des Travaux publics et des Transports fait suite à la conférence de presse organisée mercredi 13 août dernier, par le Syndicat national des travailleurs de l’administration des transports et des travaux publics (SYNTRA-TTP). Une sortie médiatique au cours de laquelle les syndicalistes ont fait de graves révélations sur les magouilles dans la passation des marchés au niveau de ce ministère. Ils ont exposé les irrégularités relatives à quatre dossiers à savoir : Lot 3 allant d’Allada à Bohicon du projet de réhabilitation de la route Akassato-Bohicon, les travaux de construction d’un double dalot 400x400 sur la route en terre Guéné-Karimama, la réhabilitation et le renforcement de la route Parakou-Djougou lot 1 et 2 et l’aménagement et le bitumage des routes structurantes : Comé-Lokossa-Dogbo, bretelle Zounhoué-Athiémé-frontière du Togo, Savalou-Tchetti-frontière du Togo, Logozohè-Glazoué et Djrègbé-Dja-Owodé-frontière du Nigeria. Dans les quatre dossiers, les syndicalistes dénoncent entre autres irrégularités, «le choix du bureau d’étude, l’imposition d’entreprises non éligibles aux différents marchés et parfois la complicité coupable et active aussi bien au niveau de la Commission de passation des marchés publics, que de la Cellule de contrôle des marchés publics de leur ministère. Ces complicités seraient étendues au niveau de la Direction nationale des Marchés publics». Face à l’ampleur des dénonciations, le député Sacca Fikara et quatre autres de ses collègues se sont auto-saisis du dossier. En vertu des dispositions du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale en ses articles 106, 107 et 108 et leurs différents alinéas, ils ont interpellé le gouvernement sur la question. Le ministre des Travaux publics et des Transports étaient donc hier à l’Assemblée nationale pour fournir aux députés les informations relatives auxdits dossiers, notamment les coûts des ouvrages et les divers dossiers des soumissionnaires de ces quatre marchés.Dans sa réponse, le ministre Aké Natondé a balayé du revers de la main toutes les dénonciations faites au cours de cette conférence de presse querellée par le secrétaire général du SYNTRA-TTP, Jacques Ayadji. Il a invité les députés à ne pas prendre au sérieux ces dénonciations venant d’un syndicaliste politique. Pour le ministre, tous les marchés passés par son ministère tels que les projets Guéné-Karimama, Parakou-Djougou lot 1 et 2, Comé-Lokossa-Dogbo, bretelle Zounhoué-Athiémé-frontière du Togo, Savalou-Tchetti-frontière du Togo, Logozohè-Glazoué et Djrègbé-Dja-Owodé-frontière du Nigeria se font dans les règles de l’art. Lesquelles procédures sont prévues par le Code des marchés publics. Aké Natondé a saisi l’occasion pour faire le point de l’évolution de chacun de ces différents chantiers routiers en cours.
La langue chinoise, un handicap Par rapport au lot 3 (Allada-Bohicon) de la route Akassato-Bohicon dont le choix du bureau de contrôle a été surtout dénoncé par le SYNTRA-TTP, le ministre en charge des Travaux publics a expliqué qu’il n’a jamais eu de gré à gré. Le chantier a été confié à une entreprise chinoise parce qu’il s’agit d’un prêt chinois (Exim Bank de Chine) au Bénin. Quant à l’entreprise chinoise retenue pour le contrôle du chantier, elle a été retenue pour des raisons de barrières linguistiques. Ceci pour faciliter les échanges entre l’entreprise en charge de l’ouvrage et le bureau de contrôle. C’est ainsi que l’entreprise chinoise a été préférée à celle française qui a aussi soumissionné, a expliqué Aké Natondé qui a informé que ce choix a été fait par le Conseil des ministres. Les députés n’ont pas du tout digéré la réponse du ministre. Basile Ahossi, Candide Azannaï et Eric Houndété ont trouvé scandaleux l’immixion du Conseil des ministres dans un dossier d’appel d’offre. Celui-ci se serait substitué à la Commission de passation des marchés publics au niveau du MTPT en choisissant l’entreprise chinoise comme bureau de contrôle du lot 3 sous le fallacieux prétexte de barrières linguistiques. Aujourd’hui, font-ils remarquer, l’ouvrage est exécuté par la Chine et en même temps contrôlé par la Chine. «On ne peut pas nous imposer une entreprise et au même moment nous imposer le bureau de contrôle», dénonce Eric Houndété qui se demande là où se trouve la souveraineté de l’Etat dans cet accord de prêt chinois. Ce qui fait dire à Candide Azannaï, qu’il y a une certaine connivence au sommet de l’Etat et l’Exim Bank de Chine. Parce que pour lui, le prétexte de barrières linguistiques est un faux problème d’autant que l’Anglais est une langue de transactions internationales. Il invite l’Autorité nationale de lutte contre la corruption et le procureur de la République à se saisir du dossier. «Le ministre est passé à côté de la plaque. Il n’a pas répondu à la question à lui posée par les députés», a renchéri le député Wakouté Saguifa de la Majorité présidentielle. Celui-ci trouve même nécessaire la descente d’une commission d’enquête parlementaire au MTPT pour passer au scanner tous les appels d’offres passés par ce ministère depuis 2006. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat, contre-attaquent d’autres députés dont Félicien Chabi, Emile Tossou, Kora Gounou Zimé et Bio Kansi. Ils ont plutôt félicité le ministre pour la clarté de sa réponse. Ils trouvent injustes que l’on veuille peindre en noir la Chine qui fait beaucoup pour le Bénin notamment dans le cadre du renforcement de son réseau routier.