Art divinatoire: Le sens de la consultation Bénin Tofâ
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Le chef de l’Etat, entouré de son épouse et du président de l’Assemblée nationale, suivant attentivement les interprétations du Fâ
Professeur Mahougnon Kakpo, président du Comité des rites vodun, présente un bref bilan du Tofâ 2024, et annonce la consultation de l’oracle ce jour, dans le cadre de l’édition 2025 des vodun days.
Par
Arnaud DOUMANHOUN, le 13 janv. 2025
à
00h35
Durée 3 min.
#Art divinatoire
« Le Fâ est ce qui apporte la lumière sur toutes les préoccupations que l'on se pose en tant qu'humain et qui apporte des réponses sur ce qui existe et sur ce qui va advenir. Par conséquent, le Fâ devient ainsi non seulement un élément de connaissance de soi, mais également un élément de gestion des risques dans tous les domaines. Lorsque vous avez une préoccupation, vous allez la soumettre au Fâ». Tel est l’éclairage apporté par Professeur Mahougnon Kakpo, président du Comité des rites vodun, appuyé d’exemples de vie communautaire.
A l’en croire, c’est en raison du fait que le Fâ apporte des réponses sur les plans sanitaire, sécuritaire, et bien d’autres, pour l’harmonie de la société, que sa consultation est sollicitée à l’occasion de divers évènements. « Pour le mariage, l’individu peut soumettre cette préoccupation au Fâ afin de savoir, avec quel conjoint ou conjointe, faire sa vie et avoir une progéniture dans la tranquillité et la paix. Le Fâ apporte une réponse à cette question et propose des solutions pour le bonheur que vous désirez. C’est le cas d’un examen, d’un projet de construction...», explique-t-il. Selon lui, autant le Fâ apporte des réponses aux préoccupations individuelles, autant il le fait à l’échelle d’un pays. D’où le Tofâ, qui date des lustres, afin d’avoir des réponses, sur comment les Béninois et les Béninoises peuvent traverser l’année 2025 pieds et mains alertes. « Cela se faisait par les souverains, les chefs de villages ou les rois. Donc, cela a été récupéré et introduit dans l'organisation des vodun days», souligne Mahougnon Kakpo. Ainsi, se déroulera ce vendredi, sur les installations de vodun days, la consultation nationale du Tofâ édition 2025.
Que retenir du Tofâ 2024 ?
A la question de savoir si les prédictions du Tofâ 2024 ont porté leurs fruits, le professeur répond par l’affirmative. « Si vous avez le rapport de cette consultation du Fâ pour 2024 et que vous avez lu l'actualité immédiate du pays pendant cette période, vous allez comprendre que le Fâ a tracé l'itinéraire, a dit ce qui pouvait arriver et les rituels ayant été exécutés, nous avons pu traverser facilement les turbulences qui auraient pu être préjudiciables au développement de notre pays », a-t-il précisé. A juste titre, l’expérience sera rééditée, ce vendredi 10 janvier, pour le compte de l’année 2025, suite à la grande cérémonie vodun.
Mises en garde
Les signes sont-ils bien interprétés au regard des réactions de certains bokonon (prêtres du Fâ) qui versent dans la polémique à l’issue des consultations ? Le président du Comité des rites vodun explique que certains animateurs de ces polémiques ne sont pas de véritables bokonon. « On ne naît pas bokonon, on devient bokonon par un long et minutieux apprentissage. La formation du bokonon dure autant que la formation d'un médecin chirurgien. Le bokonon a une éthique et une déontologie. C'est un praticien qui interprète des savoirs authentiques, sacrés. Un bon médecin, après un diagnostic, ne va pas dire au patient qu’il va mourir. C'est cela le prêtre du Fâ que l'on appelle bokonon », a indiqué le professeur.
Il expliquera également que dans le Fâ, il existe 256 signes dont 240 dérivés qui ressortent de la combinaison des 16 grands signes entre eux. Chacun de ces 256 signes apporte un éclairage sur plusieurs préoccupations à la fois. Lorsque le signe apparaît à la consultation, le bokonon l’interprète, pose le diagnostic, propose un traitement. Le traitement, ce sont les rituels à exécuter. « Ce n'est pas comme les autres méthodes de consultation qui peuvent être précises, exactes, mais qui ne proposent pas de solution. Donc, lorsque vous êtes dans les arcanes du Fâ, vous ne pouvez pas dire qu’il y a de mauvais signe. Aucun signe n'est mauvais dans la consultation du Fâ. Tous les signes sont de même nature», rectifie le professeur. Il soutient que lorsqu’un signe dit que vous aurez le bonheur, et que vous ne faites rien pour vous maintenir dans la trajectoire de ce bonheur, avant de l'atteindre, vous allez dévier, et vous n'aurez pas le bonheur. « De la même façon, si le signe dit qu'il y a un malheur qui arrive, et si vous ne faites pas ce qu'il faut pour l’éviter, vous irez droit dans le malheur. Le signe sorti, l'année dernière lors de la consultation, a posé des problèmes, a fait des annonces, mais les rituels qui ont été exécutés ont permis d'écarter tout ce qui est tumultueux, tout ce qui peut être dommageable ou préjudiciable à l'existence de notre pays», a indiqué le président du Comité des rites vodun.
Il prévient également les populations du danger que représentent les charlatans. A l’en croire, les charlatans sont des personnes qui pratiquent un art dont ils ne maîtrisent pas les fondements et sont obligés de jouer sur la psychologie des consultants pour les escroquer, leur extorquer de l'argent.
« Ce sont des escrocs. Nous sommes en train de les chasser de la corporation », soutient le Professeur Mahougnon Kakpo■