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Assemblée nationale : Une affaire de fraude salariale éclabousse l’administration parlementaire

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Par   Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 22 juin 2016 à 23h15

Florentin Dazan n’est plus le chef du service personnel de l’Assemblée nationale. Il a été relevé de ses fonctions depuis mardi 21 juin par le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji et remplacé par Matilde Roko Guédou. Le limogeage de ce fonctionnaire de l’Etat intervient à un moment où l’administration parlementaire est éclaboussée par une affaire de fraude et de gonflement de salaires de certains agents.

Plusieurs agents de l’administration de l’Assemblée nationale sont dans l’œil du cyclone. Ils font partie d’un vaste réseau de fraude et de gonflement de salaires en augmentant à leur guise et à leur profit le nombre de séances plénières payées. Le réseau est entretenu depuis le service personnel de l’administration parlementaire. Le mode opératoire des membres de ce réseau est simple. Ils se tapent un certain nombre de séances plénières en surplus à celui qui leur reviennent normalement. Ils vont jusqu’à 65 séances plénières en bonus. Ce qui fait doubler voire tripler leur salaire mensuel. Pour le plus gradé du groupe par exemple qui est à 12 500 FCFA par séance plénière, il s’en sort avec les 65 signatures avec la somme de 812 500 FCFA. Laquelle somme doit être ajoutée à son salaire mensuel. Il se retrouve au bout du compte avec près de 1,5 million FCFA le mois. Même des secrétaires administratifs sont membres de ce vaste réseau qui a ses tentacules dans plusieurs services du Parlement. Ils s’en sortent avec près du million de FCFA à la fin du mois pour ceux d’entre eux qui sont les gagne-petit. Le réseau fonctionnait depuis trois mois. L’écart trop grand entre les salaires de ces agents indélicats et ceux de leurs collègues de la même catégorie a commencé par éveiller l’attention des autres. Les chuchotements ont commencé par fuser comme c’est d’ailleurs le propre de l’administration béninoise. Les soupçons sont remontés vers le président de l’Assemblée nationale. Me Adrien Houngbédji, en homme bien patient et sans agitation, a mené ses enquêtes. C’est ainsi que le pot-aux-roses a été découvert. Le président de l’Assemblée nationale, patron de l’administration parlementaire, a aussitôt fait agir son couperet. Il a relevé, mardi 21 juin dernier, le chef du service personnel de ses fonctions. Florentin Dazan, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été retourné à son service d’origine avant sa promotion, il y a moins d’un an. Florentin Dazan est renvoyé à la Commission du Plan, de l’équipement et de la production où il devient le quatrième assistant. Bien qu’il soit du même parti que lui, le président Adrien Houngbédji ne s’est pas fait prier pour se débarrasser de ce collaborateur indélicat. Et ce, malgré les interventions qui fusaient de toutes parts pour l’adoucissement de la sanction à l’encontre du désormais ex-chef personnel.

Le président de l’Assemblée nationale vient ainsi de donner un signal fort qui doit faire école. Mieux le patron de l’administration parlementaire ne s’est pas arrêté en si bon chemin. De sources proches de l’institution parlementaire, Me Adrien Houngbédji aurait mis sur pied un comité pour lui faire un rapport exhaustif sur la situation. Lequel rapport doit faire ressortir la liste nominative des agents impliqués dans cette fraude et le montant indûment gagné par chacun d’eux depuis le début de cette affaire, il y a trois mois. Ces agents indélicats seront certainement sommés de rembourser le trop perçu sur salaire. En tout cas, le rapport du comité est fortement attendu pour faire la lumière sur cette scabreuse affaire et situer les uns et les autres. ?