La Nation Bénin...
Cantonnée à livrer un service a minima, la Banque du
Trésor se métamorphose grâce aux
réformes introduites dans son fonctionnement et management. Ce qui a permis
d’en faire une structure plus dynamique. Réformes, innovations, nouveau
management… La Banque du Trésor n’a jamais été autant au service des usagers.
La Trésorerie spéciale des correspondants (Tsc) aussi
appelée «La Banque du trésor» est la structure opérationnelle du Trésor public
qui joue le rôle de « banque ». Elle est chargée à ce titre de la tenue et du
suivi des comptes des correspondants du Trésor. « Les correspondants du Trésor,
aux termes de l’article 83 du décret n°2014-571 du 07 octobre 2014 portant règlement
général sur la comptabilité publique, sont des organismes particuliers qui,
soit en application des lois et règlements, soit en vertu de conventions,
déposent à titre obligatoire ou facultatif des fonds au Trésor public ou sont
autorisés à procéder à des opérations de recettes et/ou de dépenses par
l’intermédiaire de ses comptables ». Dans le temps, l’appellation de la
structure a connu des modifications.
A sa création, il y a 25 ans, elle était dénommée Service
épargne, avant de devenir «Service de la gestion des comptes des
correspondants, des dépôts et consignations. Mais elle n’en restera pas là.
Aujourd’hui, elle est désignée « Trésorerie spéciale des correspondants » ou
encore « la Banque du trésor». Selon certains spécialistes, elle a pendant longtemps
souffert de la comparaison avec les établissements bancaires du secteur privé
en termes de qualité de services rendus. Mais depuis l'avènement de Wadagni à
la tête de l’Economie et des Finances, elle a été remise au cœur du dispositif
avec un cahier des charges plus étoffé, le tout sur fond de réformes et d’un
management de qualité. Faut-il le souligner, les comptes tenus par la Tsc sont,
d’une part, des comptes de nature budgétaire qui reçoivent des dotations du
budget national pour le fonctionnement des ministères et institutions de l’État
et leurs Programmes d’investissement public (Pip) et d’autre part, des comptes
non budgétaires qui reçoivent diverses opérations hors budget des structures
publiques et des particuliers.
Réformes phares
La Banque du trésor a connu de profondes réformes depuis
2017. Elle s’est mise dans la danse du processus de dématérialisation des
moyens d’accès aux services financiers et non financiers et y associe un
management de la qualité. Les actions engagées dans ce sens ont eu pour effet
d’améliorer les services offerts à la clientèle. Celles-ci se remarquent à tous
les niveaux de décision et impactent toutes les actions de la structure. La
généralisation de l’émission des chèques normalisés sur tous les comptes figure
au nombre des réformes phares. Ici, il a été question de clôturer tous les
comptes non normalisés, de procéder au dépôt des signatures électroniques sur
les comptes et « de créer une interface entre fleurette et Sica Uemoa ». Tout
ceci a eu pour avantage de permettre l’émission des chèques personnalisés et
d’échanger facilement avec les banques primaires via Sica-Uemoa. Autre réforme,
la levée de l’obligation faite aux gestionnaires de comptes de garantir le
paiement ou la couverture d’un chèque (certification) avant remise aux
bénéficiaires au profit de la saisie. On est également parvenu à la mise en
place d’un module d’émission des ordres de virements au profit des
gestionnaires de compte qui permet à ces derniers de payer les fournisseurs
sans risque de détourner les fonds de la banque domiciliataire du marché,
respectant ainsi le principe qui veut que la dépense soit payée dans les mains
du vrai bénéficiaire. Puis, la mise en place d’un module de consultation par
les banques des chèques saisis et déposés à leurs guichets ainsi que des ordres
de virement.
La satisfaction des clients étant au cœur des actions de
la Banque du trésor, il a été institué un système d’envoi mensuel par mail et
d’impression par eux-mêmes de leurs relevés de comptes. « Ils reçoivent aussi à
la saisie de chaque opération effectuée sur leurs comptes (retraits et dépôts)
des alertes par mail », renseigne-t-on. Ce système permet aux gestionnaires
(clients) de ne plus se déplacer pour avoir leur solde ou toute autre
information utile liée à leurs comptes. A cela s’ajoutent l’assistance
quotidienne au client pour l’utilisation du système d’information mis à sa
disposition pour effectuer ses opérations et la mise en place d’un système de
gestion des files d’attente afin de mieux gérer l’affluence des clients venus
faire des opérations à la Trésorerie spéciale des correspondants.
« Le positionnement de tous les comptes sur lesquels des
dépôts de fonds sont faits à tous les guichets du Trésor public sur délivrance
de quittances par espèces, par chèques et par monnaies électroniques au jour le
jour » est à retenir aussi comme une
innovation de taille sans oublier la réception et le positionnement
automatiques au quotidien des titres reçus des différents comptables du Trésor
public (les mandats, les ordres de paiement, les ordres de mouvement) sur les
comptes de la Tsc. Enfin, le traitement automatique des paiements d’impôts par
télépaiement, le contrôle des chèques retour présentés par les banques sur
Sica-Uemoa, le positionnement automatique des ordres de virement reçus des
banques commerciales figurent au rang des réformes qui permettent aujourd’hui à
la Tsc de remplir aux mieux ses obligations avec professionnalisme, rigueur et
orthodoxie.
Des défis
Les améliorations apportées au système ont permis de
ramener dans les livres du Trésor public les ressources des formations
sanitaires et centres de santé publics. Il en est de même des mobilisations de
recettes de la Direction générale des impôts en remplacement de la banque intermédiaire,
de la douane, de l’Agence nationale des domaines et du Foncier (Andf) et
bientôt la gestion des opérations effectuées sur la plateforme nationale des
paiements électroniques. Mieux, dans le cadre de la mise en œuvre du compte
unique du trésor, il a été procédé à la clôture des comptes des différents
comptables du trésor (Td et Tc) dans les banques commerciales et de les ramener
dans les livres de la Trésorerie spéciale des correspondants.
Même si elle a fait peau neuve sur fond d’innovations et d’amélioration
de ses prestations, la Banque du trésor a encore de nombreux défis à affronter.
L’un des plus importants reste sans aucun doute celui de la digitalisation. A
l’heure de la numérisation à grande échelle pour simplifier les opérations de
trésorerie, cette structure n’entend pas être du reste. «Dans un avenir proche,
il lui serait primordial de poursuivre sa transformation numérique en veillant
à l’appropriation des outils digitaux et nouvelles applications business par
son équipe », renseigne-t-on à l’interne.
En outre, faire évoluer son management pour s’assurer de la montée en compétences des collaborateurs afin de les rendre plus performants constitue un objectif majeur. L’institution devra aussi maintenir son rayonnement en se positionnant comme un véritable agent économique dans le secteur bancaire et en élargissant son champ d’action. « Le socle de ses défis se situe dans la poursuite de la déconcentration des opérations au niveau des postes comptables tout en améliorant la qualité des services offerts aux clients », laisse entendre un responsable de la structure. Enfin, l’amélioration de sa politique de gestion des risques semble déterminante afin de protéger aussi bien la structure que les clients.
Patrice Talon, président de la République du Bénin