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Banque du trésor: Des innovations et des défis

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Patrice Talon, président de la République du Bénin Patrice Talon, président de la République du Bénin

Cantonnée à livrer un service a minima, la Banque du Trésor  se métamorphose grâce aux réformes introduites dans son fonctionnement et management. Ce qui a permis d’en faire une structure plus dynamique. Réformes, innovations, nouveau management… La Banque du Trésor n’a jamais été autant au service des usagers. 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 08 août 2025 à 08h28 Durée 3 min.
#Banque du trésor

La Trésorerie spéciale des correspondants (Tsc) aussi appelée «La Banque du trésor» est la structure opérationnelle du Trésor public qui joue le rôle de « banque ». Elle est chargée à ce titre de la tenue et du suivi des comptes des correspondants du Trésor. « Les correspondants du Trésor, aux termes de l’article 83 du décret n°2014-571 du 07 octobre 2014 portant règlement général sur la comptabilité publique, sont des organismes particuliers qui, soit en application des lois et règlements, soit en vertu de conventions, déposent à titre obligatoire ou facultatif des fonds au Trésor public ou sont autorisés à procéder à des opérations de recettes et/ou de dépenses par l’intermédiaire de ses comptables ». Dans le temps, l’appellation de la structure a connu des modifications.

A sa création, il y a 25 ans, elle était dénommée Service épargne, avant de devenir «Service de la gestion des comptes des correspondants, des dépôts et consignations. Mais elle n’en restera pas là. Aujourd’hui, elle est désignée « Trésorerie spéciale des correspondants » ou encore « la Banque du trésor». Selon certains spécialistes, elle a pendant longtemps souffert de la comparaison avec les établissements bancaires du secteur privé en termes de qualité de services rendus. Mais depuis l'avènement de Wadagni à la tête de l’Economie et des Finances, elle a été remise au cœur du dispositif avec un cahier des charges plus étoffé, le tout sur fond de réformes et d’un management de qualité. Faut-il le souligner, les comptes tenus par la Tsc sont, d’une part, des comptes de nature budgétaire qui reçoivent des dotations du budget national pour le fonctionnement des ministères et institutions de l’État et leurs Programmes d’investissement public (Pip) et d’autre part, des comptes non budgétaires qui reçoivent diverses opérations hors budget des structures publiques et des particuliers.

 

Réformes phares

La Banque du trésor a connu de profondes réformes depuis 2017. Elle s’est mise dans la danse du processus de dématérialisation des moyens d’accès aux services financiers et non financiers et y associe un management de la qualité. Les actions engagées dans ce sens ont eu pour effet d’améliorer les services offerts à la clientèle. Celles-ci se remarquent à tous les niveaux de décision et impactent toutes les actions de la structure. La généralisation de l’émission des chèques normalisés sur tous les comptes figure au nombre des réformes phares. Ici, il a été question de clôturer tous les comptes non normalisés, de procéder au dépôt des signatures électroniques sur les comptes et « de créer une interface entre fleurette et Sica Uemoa ». Tout ceci a eu pour avantage de permettre l’émission des chèques personnalisés et d’échanger facilement avec les banques primaires via Sica-Uemoa. Autre réforme, la levée de l’obligation faite aux gestionnaires de comptes de garantir le paiement ou la couverture d’un chèque (certification) avant remise aux bénéficiaires au profit de la saisie. On est également parvenu à la mise en place d’un module d’émission des ordres de virements au profit des gestionnaires de compte qui permet à ces derniers de payer les fournisseurs sans risque de détourner les fonds de la banque domiciliataire du marché, respectant ainsi le principe qui veut que la dépense soit payée dans les mains du vrai bénéficiaire. Puis, la mise en place d’un module de consultation par les banques des chèques saisis et déposés à leurs guichets ainsi que des ordres de virement.

La satisfaction des clients étant au cœur des actions de la Banque du trésor, il a été institué un système d’envoi mensuel par mail et d’impression par eux-mêmes de leurs relevés de comptes. « Ils reçoivent aussi à la saisie de chaque opération effectuée sur leurs comptes (retraits et dépôts) des alertes par mail », renseigne-t-on. Ce système permet aux gestionnaires (clients) de ne plus se déplacer pour avoir leur solde ou toute autre information utile liée à leurs comptes. A cela s’ajoutent l’assistance quotidienne au client pour l’utilisation du système d’information mis à sa disposition pour effectuer ses opérations et la mise en place d’un système de gestion des files d’attente afin de mieux gérer l’affluence des clients venus faire des opérations à la Trésorerie spéciale des correspondants.

« Le positionnement de tous les comptes sur lesquels des dépôts de fonds sont faits à tous les guichets du Trésor public sur délivrance de quittances par espèces, par chèques et par monnaies électroniques au jour le jour » est à retenir aussi  comme une innovation de taille sans oublier la réception et le positionnement automatiques au quotidien des titres reçus des différents comptables du Trésor public (les mandats, les ordres de paiement, les ordres de mouvement) sur les comptes de la Tsc. Enfin, le traitement automatique des paiements d’impôts par télépaiement, le contrôle des chèques retour présentés par les banques sur Sica-Uemoa, le positionnement automatique des ordres de virement reçus des banques commerciales figurent au rang des réformes qui permettent aujourd’hui à la Tsc de remplir aux mieux ses obligations avec professionnalisme, rigueur et orthodoxie. 

Des défis 

Les améliorations apportées au système ont permis de ramener dans les livres du Trésor public les ressources des formations sanitaires et centres de santé publics. Il en est de même des mobilisations de recettes de la Direction générale des impôts en remplacement de la banque intermédiaire, de la douane, de l’Agence nationale des domaines et du Foncier (Andf) et bientôt la gestion des opérations effectuées sur la plateforme nationale des paiements électroniques. Mieux, dans le cadre de la mise en œuvre du compte unique du trésor, il a été procédé à la clôture des comptes des différents comptables du trésor (Td et Tc) dans les banques commerciales et de les ramener dans les livres de la Trésorerie spéciale des correspondants.

Même si elle a fait peau neuve sur fond d’innovations et d’amélioration de ses prestations, la Banque du trésor a encore de nombreux défis à affronter. L’un des plus importants reste sans aucun doute celui de la digitalisation. A l’heure de la numérisation à grande échelle pour simplifier les opérations de trésorerie, cette structure n’entend pas être du reste. «Dans un avenir proche, il lui serait primordial de poursuivre sa transformation numérique en veillant à l’appropriation des outils digitaux et nouvelles applications business par son équipe », renseigne-t-on à l’interne.

En outre, faire évoluer son management pour s’assurer de la montée en compétences des collaborateurs afin de les rendre plus performants constitue un objectif majeur. L’institution devra aussi maintenir son rayonnement en se positionnant comme un véritable agent économique dans le secteur bancaire et en élargissant son champ d’action. « Le socle de ses défis se situe dans la poursuite de la déconcentration des opérations au niveau des postes comptables tout en améliorant la qualité des services offerts aux clients », laisse entendre un responsable de la structure. Enfin, l’amélioration de sa politique de gestion des risques semble déterminante afin de protéger aussi bien la structure que les clients.