La Nation Bénin...
Le président de la République a pris part, hier jeudi 10 septembre à l’Atlantic Council de Washington à une causerie-débats relatif au progrès de la démocratie et du développement au Bénin. Boni Yayi soutient l’engagement du Bénin à renforcer sa démocratie.
«Dieu est démocrate, c’est pourquoi la démocratie est non négociable. Pour nous, le monde ne peut que mouvoir vers la démocratie pour régler ses problèmes». Le président de la République venait ainsi de planter le décor de la causerie sur l’expérience démocratique béninoise et les défis de développement à l’aune de la signature du second compact du Millennium Challenge Account.
Pour Boni Yayi, la démocratie béninoise vieille de 25 années est un processus irréversible d’autant que son pays partage les valeurs du monde libre. Mais cette démocratie, soutient-il, nécessite d’être soutenue par des institutions fortes qui travaillent pour l’intérêt général. «On ne peut pas concevoir une démocratie sans un Etat de droit et il n’y a pas d’Etat de droit sans une justice au rendez-vous. Sans la justice, on ne peut pas combattre l’impunité et la corruption. Nous devons progresser dans le domaine des sanctions, autrement nous ne pourrons pas attirer les investisseurs», soutient-il. Le Bénin, poursuit-il, défend la liberté d’expression à travers l’éclosion des médias qui méritent d’être réformés pour un ancrage démocratique plus consistant.
Boni Yayi défend également la liberté pour les populations de circuler dans les centres de production, ce qui suppose la nécessité de garantir leur sécurité, en s’investissant davantage dans la lutte contre le terrorisme.
Le défi des infrastructures talonne toujours le Bénin, raison pour laquelle le chef de l’Etat se réjouit de la signature du 2e compact du MCA. «L’énergie permettra de créer des économies d’échelle pour promouvoir l’auto-emploi et aller vers une croissance forte», souligne-t-il.
Faisant le bilan du premier compact du MCA, Boni Yayi estime que le programme a réellement apporté de la valeur ajoutée à l’économie béninoise, notamment à travers l’amélioration des performances du port de Cotonou, la modernisation de la justice, des services financiers et du foncier. Mais là où le Bénin a buté, reconnait le chef de l’Etat, c’est dans le domaine de la lutte contre la corruption, ce qui explique le retard relevé dans l’obtention de l’éligibilité au second compact. «Le MCA est un outil qui répond aux besoins de transformations économique et social de notre pays. Aujourd’hui nous sommes prêts à gommer nos insuffisances pour mener à bien le MCA de seconde génération», rassure-t-il.
Un indicateur de performance à saluer !
L’investissement dans le secteur énergétique constitue aujourd’hui un impératif pour le Bénin, défend Dana Hyde, directrice exécutive du Millennium Challenge Corporation (MCC). Elle rappelle que seulement le tiers de la population du pays dispose de l’énergie et ceux qui en ont n’en disposent pas à plein temps. « Le compact utilise une approche globale pour développer un secteur énergétique pérenne pour le Bénin », affirme-t-elle. La directrice exécutive du MCC confie que l’éligibilité au MCA repose sur un processus rigoureux de sélection à travers des indicateurs relatifs à la liberté économique, à la gouvernance, et au niveau d’investissement du pays dans la masse. La nouvelle éligibilité du Bénin, à la suite du Ghana et du Cap-Vert constitue pour elle, un indicateur de performance à saluer.
Dana Hyde soutient également la nécessité pour les pays africains d’investir davantage dans l’intégration de leurs économies. Le programme MCA envisage à ce titre de mettre en place des compacts régionaux dans les années à venir. «Nous sommes optimistes de pouvoir le faire », insiste-t-elle.
Boni Yayi estime d’ailleurs que la première génération de MCA comporte déjà des éléments d’intégration dans la mesure où les investissements réalisés ont eu un effet d’entrainement sur l’ensemble de la sous-région. Un effort supplémentaire du programme américain vers les projets intégrateurs ne sera que le bienvenu.
Par Gnona AFANGBEDJI, Envoyé spécial à Washington