La Nation Bénin...
« Les traces du Vodun dans les arts et cultures des sociétés post-esclavage » est le thème du colloque scientifique international qui a notamment meublé, du 2 au 4 août dernier, le Festival des masques à Porto-Novo.
Le
Vodun est une valeur partagée et une religion universelle pratiquée sur tous
les continents. Tous les participants au colloque scientifique
pluridisciplinaire sur le thème: «Les traces du Vodun dans les arts et cultures
des sociétés post-esclavage », organisé, du 2 au 4 août dernier, dans le cadre
du Festival des masques à Porto-Novo l’ont admis. La rencontre hautement
intellectuelle a mobilisé des hommes et femmes de science et de culture du
Bénin et d’ailleurs notamment des Etats-Unis, du Canada, de la France, de
l’Italie, de l’Allemagne, du Burkina Faso, du Ghana, Togo, Cameroun et du
Nigeria. En lien avec le thème retenu, l’aréopage de participants a réfléchi
sur ce qu’est le Vodun, ses origines, ses manifestations et comment il impacte
le vécu quotidien et le vécu sociopolitique et économique aussi bien des
initiés que des non-initiés dans les sociétés post-esclavage. Il s’agissait
également pour le colloque de redécouvrir l’ontologie phénoménologique du Vodun
pour une vision renouvelée non seulement de la religion Vodun mais surtout de
l’impact de ces arts et cultures sur le quotidien des sociétés post-esclavage.
Les trois jours de réflexion ont tourné autour de quatre axes essentiels à
savoir: les esclavisés : mémoire des cultures africaines dont le Vodun; la
phénoménologie du Vodun ; l’identité saillante dans les sociétés contemporaines
post-esclavage et les arts et cultures Vodun post-esclavage. Lesquels axes ont
été décortiqués à travers plus de 70 communications aussi riches les unes que
les autres.
Plus
de 70 communications…
Le Festival des masques fait partie de l'agenda des festivités d’intérêt pour le positionnement de la Destination Bénin, a indiqué le ministre en charge de l’Artisanat, Modeste Kérékou, assurant l’intérim de son collègue du Tourisme, de la Culture et des Arts, représentant le ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané. L’initiative de ce colloque, explique l’autorité ministérielle, offre l’occasion de fixer dans les mémoires, le rôle prépondérant que jouent les arts dans les dynamiques sociales engendrées par les traditions religieuses et l’expérience qu’en tirent le citoyen et la communauté. La documentation de référence que génèrent les réflexions servira de bréviaire à la poursuite de l’action publique en matière de promotion du patrimoine culturel et de développement du tourisme religieux, assure Modeste Kérékou.
Labéliser les rites
Mahougnon Kakpo, coordonnateur général de ce colloque scientifique pluridisciplinaire, dira qu’il n’y a pas de développement sans la culture dans ses aspects spirituel et religieux. Il loue la vision du président de la République, Patrice Talon, qui l’a si bien compris en investissant à fond et en multipliant les initiatives dans le secteur depuis 2016 pour rappeler à tous que tout développement doit être porté par la culture. Car, les préjugés contre le Vodun nourris par le système colonial pendant des siècles et maintenus jusqu’à nos jours dans les manuels scolaires des pays de culture Vodun n’offrent guère d’ouverture de développement ni d’épanouissement aux initiés ou aux fidèles de cette religion. Il faut travailler à corriger le tir, insiste Mahougnon Kakpo. Ce colloque scientifique, ajoute-t-il, a toute sa place dans le festival pour autant que la conception sur le Vodun a été jusque-là un discours péjoratif, dévalorisant et dégradant pour les traditions béninoises. Le colloque veut que les hommes et femmes de science et de culture puissent investir ce domaine du Vodun et des traditions. « Le Vodun est un humanisme total », défend Mahougnon Kakpo. Le coordonnateur général du colloque se dit très satisfait de la qualité des travaux. Lesquels travaux s’inscrivent dans la droite ligne de l’option du gouvernement de déconstruire les préjugés et autres stéréotypes portés sur le Vodun et de faire découvrir le riche patrimoine culturel dans la perspective d’un tourisme religieux. Le président du comité national des rites Vodun Bénin salue l’engouement des participants pour le thème, marqué par de riches et captivants débats, explications, démonstrations et projections sur le Vodun, autrefois caricaturé mais aujourd’hui pris en charge par les regards scientifiques croisés. Il ne s’agit pas de convertir les uns et les autres à la religion Vodun, mais de pouvoir en parler positivement et de ne pas être choqués ou choquer en évoquant le Vodun, a nuancé Mahougnon Kakpo.
Le maire de Porto-Novo, Charlemagne Yankoty, se réjouit de l’initiative gouvernementale qui a mis sous les feux de la rampe la ville capitale pendant trois jours. Il loue aussi le but final du festival qui est de révéler l’intention artistique et humaniste qui sous-tend les Vodun et les arts■