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Conférence internationale du Groupe Initiative Afrique: Réflexions de haut niveau sur les souverainetés africaines

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Plusieurs questions d’importance capitale ont été abordées lors de la rencontre Plusieurs questions d’importance capitale ont été abordées lors de la rencontre

De nombreux experts et personnalités africaines en conclave à Cotonou, du 8 au 11 mai, ont débattu des souverainetés africaines dans un monde fracturé, à l’occasion de la Sixième conférence internationale Afrique du Groupe Initiative Afrique. L’évènement est fortement soutenu par le gouvernement dont le but ultime est de dégager des propositions constructives et réalistes, susceptibles de guider les décideurs actuels et futurs.

 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 12 mai 2025 à 08h37 Durée 2 min.
#Groupe Initiative Afrique

L’importance des thèmes en débat à l’occasion de la Sixième conférence internationale Afrique du Groupe Initiative Afrique justifie sans aucun doute la forte mobilisation du gouvernement béninois à l’ouverture des travaux, vendredi 9 mai dernier. Abdoulaye Bio Tchané, Romuald Wadagni, Olushegun Adjadi Bakari, Mathys Adidjatou, Alassane Seïdou, José Didier Tonato, Véronique Tognifodé, Shadiya Alimatou Assouman, la présidente de la Haute Cour de justice… ont été témoins de l’ouverture des travaux.

La rencontre de Cotonou comme celles qui l’ont précédée se tient à l’invitation du Groupe Initiative Afrique qui s’inspire de la méthode Aspen : indépendance, et échanges sans tabous. A partir d’analyses sans complaisance durant cinq sessions, les participants ont été appelés à des propositions constructives et réalistes, susceptibles de guider les décideurs actuels et futurs, dans leurs sphères de responsabilités publiques et privées. « Souveraineté et souverainisme : (re) construire une souveraineté équilibrée en politique intérieure africaine », « les conditions de conquête de la « souveraineté économique de l’Afrique », « la souveraineté sécuritaire face aux menaces et aux défis transversaux », «les souverainetés nationales et les cultures africaines, face  à la géopolitique mondiale et ses luttes d’influence ». Les sessions d’échanges de la conférence ont porté sur des thématiques qui devraient déboucher sur diverses propositions, suggestions et méthodes à même de mieux affranchir l’Afrique de certains chocs. « Notre rencontre se déroule dans un contexte mondial marqué par des limitations profondes et des incertitudes grandissantes», a rappelé Jean Louis Ekra, ancien président de Afreximbank. Le retour du président Donald Trump à la tête des États-Unis et les premières orientations de son mandat, la recrudescence des conflits climatiques à travers le monde, la crise sanitaire mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19. Ces bouleversements demandent une étude de cas particuliers concernant l’Afrique. «Nous ne sommes bien évidemment pas épargnés par ces globalisations. Outre ces enjeux globaux, l’Afrique doit également faire face à des dynamiques internes qui méritent toute notre attention», souligne-t-il. La résurgence des coups d’État et des questionnements sur le modèle de gouvernance à privilégier, l’augmentation du nombre de jeunes africains qui, au péril de leur vie, tentent l’aventure de l’immigration… se dressent aussi en défis majeurs pour le continent.

Jean Louis Ekra note aussi une aspiration croissante des jeunes Africains et de certains leaders à reprendre en main les leviers économiques et à façonner leur propre destin. Dans cette perspective, indique-t-il, « nous assistons à une résurgence du panafricanisme porté par les grandes figures du 20e siècle et à une montée du souverainisme qu’il convient d’analyser avec utilité ». Il est donc essentiel d’examiner les implications de ces tendances souverainistes sur la coopération régionale, notamment dans le cadre de la zone de libre-échange qui exige une concession partielle de souveraineté au Sénat.

Entre assurances et espoirs 

Comme lui, le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané relève l’évolution géopolitique mondiale, la multitude de conflits à travers le monde, les instabilités dans plusieurs régions du continent, les tensions géopolitiques comme des éléments dont les implications profondes sur la souveraineté des États ne sont pas moindres. Ils requièrent, plus que jamais, un esprit d’intégration et un esprit de dignité face aux menaces auxquelles font face nos États, souligne-t-il. En 2025, une personne sur quatre sera africaine. Il faut voir cela comme un atout, selon Abdoulaye Bio Tchané qui voudrait qu’on y associe une éducation de qualité définie en fonction des besoins du marché et des évolutions des économies. Le Bénin l’a très vite compris et cela se ressent dans l’action déployée  par son président pour l’enseignement des sciences, des techniques, de l’ingénierie, des mathématiques et de la formation technique et professionnelle, illustre-t-il. « Je pense que tous nos États doivent accorder cette importance à l’éducation des métiers dont l’économie a besoin pour que nous préparions notre jeunesse pour des évolutions futures et pour mieux profiter des évolutions relatives à la mobilisation de nos ressources naturelles, à leur transformation sur le sol africain », va-t-il suggérer.

Il mettra aussi en exergue bien des défis comme la technologie, l’exportation des matières premières, le financement du développement, le dérèglement climatique, l’instabilité financière, les replis identitaires, la fracture numérique, les questions de sécurité… «L’Afrique est bien préparée pour devenir l’usine du monde. Elle a toutes les ressources naturelles nécessaires pour la nouvelle révolution industrielle. La cinquième révolution industrielle sera africaine », projette-t-il.

Selon lui, penser la souveraineté africaine dans ce monde fracturé et incertain n’est pas une simple question de pouvoir. L’Afrique ne devrait pas revendiquer une souveraineté d’isolement, mais une souveraineté de responsabilité. Cela signifie une souveraineté qui ne s’oppose pas à l’interdépendance, mais qui refuse la dépendance passive. Une souveraineté qui assume son rôle dans la stabilité régionale, dans la solidarité avec les autres, dans l’innovation. « Ce continent doit être un acteur à part entière, respecté, équitablement traité et stratégiquement écouté», exhorte Abdoulaye Bio Tchané.