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Contre-amiral Fernand Maxime Ahoyo sur la sécurité maritime: « Désormais, plus rien ne nous échappe »

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Toute la façade maritime du pays est surveillée en permanence,  sept jours sur sept, et 24 heures sur 24 Toute la façade maritime du pays est surveillée en permanence, sept jours sur sept, et 24 heures sur 24

Il est désormais difficile, voire impossible pour les criminels d’agir dans les eaux territoriales du Bénin sans se faire repérer. Un système ultramoderne, coordonné par la préfecture maritime avec la collaboration de la marine nationale, permet de surveiller en permanence et de détecter tout mouvement suspect. C’est d’ailleurs ce dispositif qui a permis de neutraliser le remorqueur Spsl Udeme qui s'est finalement échoué sur la plage de Fidjrossè.

 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 10 juil. 2024 à 06h42 Durée 3 min.
#Sécurité maritime

Beaucoup s’étonnent de la promptitude avec laquelle le Bénin a détecté les mouvements du remorqueur Spsl Udeme, suspecté d’activités illicites, qui a fini par s'échouer sur les côtes béninoises avec plus de deux cents tonnes de gasoil. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que le centre conjoint de commandement des opérations est désormais fonctionnel. Le projet a vu le jour en 2018 suite à la visite en Norvège du président de la République. Et depuis lors, il a fait son chemin. Depuis trois mois, le centre est opérationnel et coordonné par le préfet maritime, le Contre-amiral Fernand Maxime Ahoyo. « Nous travaillons en tandem avec la marine nationale. Lorsque nous détectons quelque chose dans ce centre, nous appelons la marine pour confirmer l’information et ensuite nous nous concertons pour agir », explique le préfet maritime. En marge de sa déclaration de presse sur l’évolution de la situation liée à l’incident impliquant le remorqueur Spsl Udeme, il a, à titre exceptionnel, ouvert les portes du centre pour une brève explication sur son fonctionnement. « C’est un joyau et nous sommes pour l’instant le seul pays de la sous-région à l’avoir. C’est à l’actif du gouvernement et cela nous permet de travailler dans de très bonnes conditions de surveillance», a indiqué à l’occasion, le Contre-amiral Fernand Maxime Ahoyo. «Désormais, plus rien ne nous échappe », assure-t-il fièrement. Et même s’il arrivait que les radars de la marine aient un petit souci, le centre peut prendre le relai et continuer à faire la surveillance.

L’avantage de la mise en place de ce centre, c’est que toute la façade maritime du pays est surveillée en permanence, sept jours sur sept, et 24 heures sur 24. Toutes les activités qui s’y mènent sont visibles à l’écran, depuis les eaux jusqu’à la côte. On peut y voir, sans la moindre difficulté, des pêcheurs jetant leurs filets, les mouvements sur le littoral, les bateaux en mer… Plus la météo est meilleure, plus les écrans de captation du centre ont une meilleure vue de la situation. Raison pour laquelle le remorqueur Spsl Udeme n’a pas pu se soustraire au système de surveillance. Il a été détecté par ce nouveau système de surveillance maritime, ainsi que par le centre des opérations de la marine nationale. « Le navire avait jeté son ancre à 5 milles marins, soit environ 9 km de nos côtes, avec son transpondeur allumé. Cependant, toutes nos tentatives de communication par radio avec le navire sont restées vaines. Le sémaphore de Grand-Popo a été chargé de continuer les appels et de le surveiller en permanence », avait expliqué le préfet maritime. Le lendemain, décision a été prise d’envoyer une équipe de fusiliers marins à bord. « À leur vue, le navire a tenté de fuir, mais a été rapidement maîtrisé. Le capitaine du navire a ensuite signalé une avarie mécanique». Selon le Contre-amiral, c’est à partir du centre que le navire a été détecté.

 

Des équipements ultramodernes

Les équipements du centre enregistrent en temps réel le déroulé de toutes les activités et laissent la possibilité de les consulter autant que possible. Ils détectent la superficie, la direction, la vitesse et le point d’impact. Un des écrans dudit centre permet de faire la surveillance maritime en permanence. Aux extrêmes, sont posées des caméras fixes. L’une à Kraké et l’autre à Hillacondji. Elles donnent à voir tous les mouvements sous les hangars et sur les parkings camions. Il y a ensuite des caméras avec une antenne radar pour détecter et signaler le moindre mouvement suspect à Grand-Popo, Ouidah, Cotonou et Sèmè Kraké. Le personnel qui y travaille est entièrement béninois. D’autres ressources formées par le centre sont déployées dans d’autres unités et travaillent à la même cause. En temps de crise, toutes les structures impliquées se joignent à l’équipe du centre pour des actions concertées, sous la coordination du préfet maritime. Il s’agit notamment des inspecteurs de pêche, des inspecteurs de l’environnement, des inspecteurs de navigation, ceux des douanes. Même l’armée de l’air vient en appui en cas de besoin. Sur place, d’autres salles constituent les cellules techniques.

« Ce système est redondant. Ce qui veut dire que s’il y a coupure à Cotonou, le relai de Grand-Popo peut continuer par fonctionner et enregistrer tous les évènements. A partir d’ici, nous pouvons suivre également les activités qui se déroulent sur le terminal pétrolier de Sèmè, lorsque les navires viennent pour charger jusqu’à leur sortie des espaces maritimes du Bénin », a aussi révélé le Contre-amiral Ahoyo. « C’est un système ouvert. Si demain, on veut connecter d’autres capteurs de collecte de données, on peut le faire. Nous avons les moyens pour la mise à jour régulière des données», poursuit-il. Autre élément indicateur de la performance du centre et de ses équipements, c’est qu’il a la possibilité de faire la discrimination de deux navires, contrairement aux radars utilisés par le passé. «Lorsque vous avez un radar qui a une impulsion et que deux échos sont très proches, vous voyez un navire. Avec les radars du centre, lorsqu’il y a activité illicite, on peut tout détecter et intervenir », souligne le préfet maritime.

Ce centre d’opération est interdit d’accès pour des raisons de sécurité. C’est un endroit stratégique et très sensible, ont soutenu les maitres des lieux. L’accès est subordonné à des codes digitaux détenus par les personnes habilitées. Tous les mouvements sont enregistrés et l’utilisation des téléphones portables à l’intérieur du centre est proscrite. Le centre livre une situation réelle de la façade maritime et permet de mieux organiser une réponse en cas de nécessité. « C’est aussi un outil de sécurité et de protection aussi bien du port que des plages disposant de téléopérateurs bien formés et de capteurs de dernière génération.