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Criet/Viol sur mineure de moins de 13 ans: Mathias Kouaro écope de 30 ans de réclusion criminelle

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La Cour de répression des  infractions économiques et  du terrorisme (Criet) La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet)

La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), statuant en matière criminelle sur des faits commis à raison de sexe des personnes et protection de la femme, a infligé, ce lundi 19 février, 30 ans de réclusion criminelle à l’accusé Mathias Kouaro retenu dans les liens de l’accusation de viol sur mineure de moins de 13 ans commis à Natitingou en 2019.

Par   Thibaud C. NAGNONHOU, le 20 févr. 2024 à 07h19 Durée 3 min.
#La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet)
Il a eu des conjonctions sexuelles la même nuit avec deux petites amies, toutes mineures, en présence de l’une et de l’autre. Lui, c’est Mathias Kouaro, accusé de la onzième journée de la première session criminelle au titre de l’année judiciaire 2023-2024 de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), statuant en matière criminelle sur des faits commis à raison de sexe des personnes et protection de la femme. Mathias Kouaro a d’abord géré la grande puis ensuite la petite, âgées respectivement de 14 ans et 12 ans 10 mois environ au moment des faits en mai 20219. L’inculpé, lui, était âgé de 32 ans et est apprenti chauffeur de camion gros porteur de chargement d’essence frelatée. Il fait le transit entre le Nigeria et le Burkina Faso via le Bénin. 
Mathias Kouaro est à la barre, ce lundi 19 février, pour répondre des faits mis à sa charge de viol sur une mineure de moins de 13 ans. Il est vêtu d’un pantalon kaki et d’une chemise de couleur blanche, avec le gilet bleu de la Prison civile en par dessus. Face à la cour, Mathias Kouaro n’a pas reconnu les faits. Il reconnait avoir hébergé les deux filles qu’il a croisées fortuitement en ville à Natitingou, aux environs de 1 h du matin du jeudi 11 mai 2019. Les deux filles qu’il dit ne pas connaître jusque-là ni d’Adam ni d’Eve ont passé la nuit dans la chambre, alors qu’il revenait du Nigeria. L’accusé avoue avoir couché seulement avec la grande fille. Mais le lendemain matin, les deux n’ont pas voulu rentrer. C’est ainsi qu’il est allé chez le délégué qu’il a informé qu’il y a deux filles qu’il a rencontrées errant la nuit passée et qu’il a hébergées chez lui mais qui refusent de rentrer chez elles. C’est ainsi que l’affaire a été portée devant le chef quartier qui a alerté la Police où il s’est révélé que les deux filles sont parties de la maison depuis le 24 avril 2019. Mathias Kouaro soutient n’avoir jamais touché la petite. Il dit avoir d’ailleurs trouvé celle-ci très petite. Il a déclaré la même chose à l’enquête préliminaire et devant le magistrat instructeur. Sauf qu'à ces deux niveaux de la procédure, l’inculpé rend responsable plutôt son ami Bruno Chabi, un voisin de quartier à lui, d’être l’auteur du viol commis sur la petite de moins de 13 ans, alors élève en classe de cours élémentaire deuxième année (Ce2). Mathias Kouaro n’a pas reconnu hier avoir fait de telles déclarations devant l’officier de police judiciaire et le juge d’instruction. Il dit n’avoir jamais évoqué le nom de son ami. 
Certificat médical à charge 

Invité à la barre en qualité de témoin, le sieur Bruno Chabi, soudeur-forgeron de profession, 36 ans, a aussi déposé. Mais avant sa déposition hier, il a prêté serment de dire la vérité et rien que la vérité. Le sieur Bruno Chabi n’est pas allé par quatre chemins pour clamer son innocence. Il dit n’avoir jamais traité avec la victime pour encore moins chercher à la violer. Bruno Chabi témoigne de voir de temps en temps les deux copines avec l’accusé. Mais jamais il n’est rentré dans leur cuisine interne. Bruno Chabi ne sait pas pourquoi son ami a voulu à l’enquête préliminaire et devant le magistrat instructeur le plonger et lui faire porter le chapeau du viol de la petite alors qu’il n'en est pour rien. 
La déposition du témoin a été corroborée par la victime. Celle-ci a innocenté le témoin et chargé l’accusé qu’elle a doigté sans hésitation devant la cour de céans comme celui qui l’a violée. La petite a raconté comment les choses se sont passées cette nuit où elle a été hébergée par l’accusé avec sa copine. Mathias Kouaro a abusé d’elle avec violence. Il lui a porté une paire de gifles et bouché la bouche face à son refus de le laisser tenir de rapport sexuel avec lui. Sinon jusque-là elle dit être encore vierge. La copine de la victime a aussi fait des déclarations à l’enquête préliminaire et devant le juge d’instruction. Aujourd’hui introuvable, elle avait soutenu que l’accusé a couché avec elle avant de faire la même chose avec sa seconde, la victime. Celle-ci était à l’audience avec sa mère qui plaide que l’affaire se termine vite. Cela, pour que cessent les pressions de toutes sortes qu'elle subit sur le terrain à Natitingou avec sa fille, doigtées comme étant les responsables de la souffrance de l’accusé en prison. 
Me Anselme Houessou Codo se substituant à Me Pierre Mèhou, constitué partie civile pour défendre les intérêts de la victime et ceux de l’Institut national de la Femme (Inf), a stigmatisé la cruauté d’esprit et l’instinct grégaire de l’accusé qui a couché avec deux amies la même nuit en présence de l’une et de l’autre. Pour l’avocat, les faits sont constitués et sans équivoque même si l’accusé a préféré opter pour la stratégie de la dénégation systématique. Me Anselme Houessou Codo observe qu’aujourd’hui la victime traîne à vie les séquelles de cet acte ignoble. Elle a dû abandonner les bancs. La victime est aujourd’hui mère d’une fille dont elle a perdu tout contact avec son géniteur depuis trois ans. Pour tout ceci, l’avocat réclame 10 millions F Cfa et le franc symbolique comme dommages-intérêts au profit respectivement de la victime et de l’Inf. 
De son côté, le représentant du ministère public, Karamatou Eyitayo Sanny, 4e substitut du procureur spécial près la Criet, requiert contre l’accusé 25 ans de réclusion criminelle à temps et deux millions F Cfa à payer à la victime pour toutes causes de préjudices subis. Pour l’accusation, les faits de viol sur mineure de moins de 13 ans sont constitués au triple plan légal, matériel et intentionnel. La stratégie de dénégation systématique choisie par l’accusé ne saurait résister face à l’évidence des faits et des pièces du dossier dont le certificat médical de la victime établi le 14 mai 2019. Lequel certificat révèle une déchirure linéaire récente de l’hymen et un vagin saignant, preuve que la petite a été pénétrée sexuellement. Avant l’âge de 16 ans révolus, une fille n’a pas de consentement pour un acte sexuel.  Si elle en donnait, ce consentement est nul et de nul effet.   

Un doute épais plaidé 

Commis d’office pour défendre l’accusé, Me Wahabou Akakpo a d’abord plaidé l’incompétence de la cour de céans à connaître du dossier de son client. Selon lui, la victime, née le 11 juillet 2006, avait plus de 13 ans au moment des faits. Mais cette plaidoirie de la défense a été démontée d’abord par l’avocat de la partie civile puis le représentant du ministère public. Pour les deux qui ont répliqué, la victime a moins de 13 ans au moment des faits le 11 mai 2019 et donc la cour de céans est bel et bien compétente pour juger le dossier. 
Reprenant la parole, Me 
Wahabou Akakpo a cette fois-ci, plaidé le doute. Car, selon lui, rien ne prouve dans le dossier que c’est son client qui est l’auteur de la pénétration sexuelle ayant entrainé la défloration de la victime. Puisque depuis le 25 avril 2019 que les deux petites sont sorties de la maison, ce n’est que le 11 mai 2019 que l’accusé les a vues et hébergées pendant la nuit. Personne ne sait ce qui s’est passé les autres jours de leur séjour où la victime pouvait être pénétrée sexuellement par une autre personne avant son atterrissage chez l’accusé. Il y a un doute qui doit profiter à mon client, défend Me 
Wahabou Akakpo. L’avocat plaide, au principal, un acquittement au bénéfice du doute de Mathias Kouaro. Au subsidiaire, il implore la clémence de la cour pour une douce application de la loi. Surtout que l’enquête de moralité est favorable à son client dont le casier judiciaire est encore vierge.  
Prononçant le verdict, la cour déclare coupable Mathias Kouaro du crime de viol sur mineure de moins de 13 ans. Elle le condamne à 30 ans de réclusion criminelle. L’accusé est contraint de payer deux millions F Cfa à la victime pour dommages-intérêts et le franc symbolique à l’Inf. Mathias Kouaro dispose de quinze jours pour relever appel de la décision au cas où il ne serait pas satisfait de la sentence. 
Placé sous mandat de dépôt le 20 mai 2019, Mathias Kouaro passera encore 25 ans en prison pour purger le reste de sa peine.
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Les faits 

Le jeudi 25 avril 2019, ayant recueilli chez lui les petites X et Y qui avaient fait le choix de fuir de leur maison et d’errer dans la ville de Natitingou, Mathias Kouaro abusa sexuellement sans contrainte de X avant de tenir par la violence des rapports sexuels avec Y. Interpellé, Mathias Kouaro a reconnu avoir tenu des rapports sexuels ce jour-là avec X mais pas avec Y.

Composition de la cour 

Président : Christelle Adonon
Assesseurs : Bénédicte 
Tacolodjou et Elias Guidi 
Ministère public : Karamatou Eyitayo Sanny, 4e substitut du procureur spécial près la Criet 
Greffier : Sylvestre Fassinou