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Crise de la Cedeao: Lionel Zinsou parle d’une phase de transition

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Lionel Zinsou Lionel Zinsou

Au sujet de l’annonce du retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Lionel Zinsou expose que l’institution sous régionale veut faire respecter ses principes de droit, et que les pays du Sahel tentent d’échapper à des sanctions qui ont des conséquences économiques et sociales importantes.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 02 févr. 2024 à 02h12 Durée 3 min.
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« C’est dans la logique de la Cedeao de vouloir garder une situation normalisée en matière de fonctionnement démocratique, plutôt que de légitimer des régimes issus de coups d’État. Suspendre les pays concernés est dans la logique des institutions », a déclaré Lionel Zinsou sur Rfi, ce 31 janvier, à propos du bras de fer qui oppose l’institution aux Etats du Mali, du Niger et du Burkina Faso. L’ancien premier ministre béninois indique que l’annonce du retrait de ces trois pays de l’organisation, n’est rien d’autre qu’une manière pour eux d’échapper aux conséquences des sanctions imposées. Même si en ce qui concerne le Mali, les choses ont évolué, l’élan de solidarité oblige. « Chacun est dans sa propre légitimité : la Cedeao veut faire respecter ses principes de droit, et les pays du Sahel tentent d’échapper à des sanctions qui ont des conséquences économiques et sociales importantes», explique-t-il. Dans ce rapport de force, la négociation s’offre comme une porte de sortie selon Lionel Zinsou, qui rappele qu’une médiation officielle de Faure Gnassingbé, président du Togo, est d’ailleurs en cours. « Peut-être que nous sommes dans une phase de transition plutôt que de rupture immédiate», souligne Lionel Zinsou.

Il explique qu’un retrait définitif serait lourd de conséquences. Car, quand le Mali, le Burkina Faso et le Niger auront quitté la Cedeao, les droits de douanes vont s’appliquer pour l’entrée de leurs marchandises dans les pays membres de la communauté économique. « Cela risque donc d’être un petit peu plus difficile pour les entreprises de ces pays qui travaillent déjà dans toute la région, mais aussi pour attirer de nouveaux investisseurs », relève l’ancien premier ministre béninois. A l’en croire, les pays sahéliens sont aussi des fournisseurs importants des pays côtiers, notamment en denrées animales. A ce niveau, les choses vont être également plus compliquées pour les services de transports et les ports, étant donné que les pays de l’Alliance des États du Sahel, formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger en septembre 2023 sont enclavés. « Or, ils ne peuvent pas évacuer leurs productions vers le Nord en traversant le désert algérien. En outre, il est impossible que ces pays s'isolent car, d’un bout à l’autre de la Cedeao, les échanges entre populations sont très importants. Les éleveurs qui font de la transhumance vont continuer de passer à travers les frontières qui sont poreuses », fait savoir Lionel Zinsou, ajoutant que ce n’est donc pas encore la fin de l’histoire. Pour lui, l’on ne peut couper les pays de la Cedeao, les uns des autres, car ils sont beaucoup plus intégrés qu’on ne le croit. Par ailleurs, il faudra bien évacuer l’uranium et le pétrole du Niger par le Bénin, ou encore envoyer de l’électricité de la Côte d’Ivoire jusqu’au Mali. « Même d’un simple point de vue culturel et humain, les pays sont trop liés pour qu’ils s’isolent. Il faudra traduire cela institutionnellement ; soit par des accords bilatéraux, soit par un compromis avec la Cedeao, soit par un régime particulier », a conclu Lionel Zinsou.