La Nation Bénin...
Au
sujet de l’annonce du retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Lionel Zinsou
expose que l’institution sous régionale veut faire respecter ses principes de
droit, et que les pays du Sahel tentent d’échapper à des sanctions qui ont des
conséquences économiques et sociales importantes.
«
C’est dans la logique de la Cedeao de vouloir garder une situation normalisée
en matière de fonctionnement démocratique, plutôt que de légitimer des régimes
issus de coups d’État. Suspendre les pays concernés est dans la logique des
institutions », a déclaré Lionel Zinsou sur Rfi, ce 31 janvier, à propos du
bras de fer qui oppose l’institution aux Etats du Mali, du Niger et du Burkina
Faso. L’ancien premier ministre béninois indique que l’annonce du retrait de
ces trois pays de l’organisation, n’est rien d’autre qu’une manière pour eux
d’échapper aux conséquences des sanctions imposées. Même si en ce qui concerne
le Mali, les choses ont évolué, l’élan de solidarité oblige. « Chacun est dans
sa propre légitimité : la Cedeao veut faire respecter ses principes de droit,
et les pays du Sahel tentent d’échapper à des sanctions qui ont des
conséquences économiques et sociales importantes», explique-t-il. Dans ce
rapport de force, la négociation s’offre comme une porte de sortie selon Lionel
Zinsou, qui rappele qu’une médiation officielle de Faure Gnassingbé, président
du Togo, est d’ailleurs en cours. « Peut-être que nous sommes dans une phase de
transition plutôt que de rupture immédiate», souligne Lionel Zinsou.
Il
explique qu’un retrait définitif serait lourd de conséquences. Car, quand le
Mali, le Burkina Faso et le Niger auront quitté la Cedeao, les droits de
douanes vont s’appliquer pour l’entrée de leurs marchandises dans les pays
membres de la communauté économique. « Cela risque donc d’être un petit peu
plus difficile pour les entreprises de ces pays qui travaillent déjà dans toute
la région, mais aussi pour attirer de nouveaux investisseurs », relève l’ancien
premier ministre béninois. A l’en croire, les pays sahéliens sont aussi des
fournisseurs importants des pays côtiers, notamment en denrées animales. A ce
niveau, les choses vont être également plus compliquées pour les services de
transports et les ports, étant donné que les pays de l’Alliance des États du
Sahel, formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger en septembre 2023 sont
enclavés. « Or, ils ne peuvent pas évacuer leurs productions vers le Nord en
traversant le désert algérien. En outre, il est impossible que ces pays
s'isolent car, d’un bout à l’autre de la Cedeao, les échanges entre populations
sont très importants. Les éleveurs qui font de la transhumance vont continuer
de passer à travers les frontières qui sont poreuses », fait savoir Lionel
Zinsou, ajoutant que ce n’est donc pas encore la fin de l’histoire. Pour lui,
l’on ne peut couper les pays de la Cedeao, les uns des autres, car ils sont
beaucoup plus intégrés qu’on ne le croit. Par ailleurs, il faudra bien évacuer
l’uranium et le pétrole du Niger par le Bénin, ou encore envoyer de l’électricité
de la Côte d’Ivoire jusqu’au Mali. « Même d’un simple point de vue culturel et
humain, les pays sont trop liés pour qu’ils s’isolent. Il faudra traduire cela
institutionnellement ; soit par des accords bilatéraux, soit par un compromis
avec la Cedeao, soit par un régime particulier », a conclu Lionel Zinsou.
Lionel Zinsou