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Décès du général Mathieu Kérékou: Regrets dans le rang des proches

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Par   Eklou, le 15 oct. 2015 à 08h10

Frappée par une certaine atonie, la commune de Natitingou a appris la nouvelle de la mort d’un de ses dignes fils. Le général Mathieu Kérékou s’en est allé, laissant dans la douleur ses proches parents qui peinent encore à l’accepter.

Quartier Wenkè à Natitingou, au domicile de feu Madougou Kérékou, frère aîné du général Mathieu Kérékou, un attroupement peu ordinaire, ce soir du mercredi 14 octobre. Véritable coup de massue, la nouvelle de la mort de cette personnalité politique laisse bon nombre de proches inconsolables. Odile Kérékou, nièce du défunt, peine à accepter la triste réalité. En larmes, elle confiera toute sa douleur. Contrairement à sa mère qui s’est refusée à toute déclaration, étreinte encore par l’émotion. «C’est le seul pilier qui nous reste dans la famille. Notre douleur est bien vive ce jour et c’est le parent le plus cher qui nous quitte en ce moment. Il nous revient maintenant d’aller au village annoncer aux parents la triste nouvelle», déclare-t-elle.

Un peu plus loin, la vaste demeure de l’ancien chef d’Etat, comme pour marquer le deuil qui a frappé le peuple béninois, est plongé dans le noir. Pas de lumière à ses alentours. Sauf une présence qui vient confirmer la nouvelle. Au service du défunt depuis 2011, Issa Abdou, vigile de la maison, est atterré. Mais retrouve à travers les œuvres de l’homme le courage nécessaire pour parler de lui. Seul avec le jardinier à veiller sur la maison, il reste nostalgique des passages furtifs du père de la démocratie béninoise. «Nous sommes comme ses enfants et chacune de ses visites est célébrée comme telle. Nous nous amusions beaucoup avec lui et il savait nous combler d’affection. Il nous gâtait énormément. C’est quelqu’un de très simple qui ne se fâche pas. Il a beaucoup fait pour notre pays et nous devons nous réjouir de son passage sur cette terre. Je me demande si l’on pourrait encore avoir quelqu’un d’aussi immense, prêt à tout pour préserver la paix au Bénin », soutient-il, la voix enrouée. En face de la résidence, la maison de feu Kouandété est aussi affectée par la nouvelle. «Mes condoléances. Le baobab est tombé», lance Marie-Cécile Kouandété, veuve du général Maurice Kouandété. «C’est mon beau-frère. C’est la douleur, la grande douleur quand on perd quelqu’un de si cher», ajoute-t-elle, un peu agacée par les questions des journalistes. «Ne me parlez pas beaucoup», prévient-elle pour éconduire les visiteurs de circonstance qui n’entendent pas s’attirer la colère de la septuagénaire.
A la sortie de Natitingou, sur la route de Kouarfa, village natal de Mathieu Kérékou, un de ses amis d’enfance estime qu’il faut dépasser la douleur et l’émotion et ne retenir que la mission que l’homme a accomplie sur la terre. Quoique reconnaissant être totalement troublé par la nouvelle. Joseph Kouakéré, président du Comité des sages et notables de Natitingou, pense que le Bénin se porterait mieux si chacun pouvait faire le tiers de ce que le défunt a fait pour sa patrie. Se rappelant que depuis 1965 l’homme était dans la politique au moment où il servait le président Hubert Maga en tant que garde du corps et était farouchement contre l’injustice. «C’est une grande perte pour le Bénin et l’Atacora-Donga en particulier. Il faut pleurer certes mais il a fait son temps», tranche-t-il.