La Nation Bénin...
Un bras de fer oppose depuis quelques jours les populations de Natitingou en ce qui concerne le processus de désignation de l’imam de la mosquée centrale de la ville. Avec l’arrêté préfectoral appelant à la suspension de toute activité en relation avec la désignation et l’installation d’imam, deux prétendus imans attisent les tensions au sein de la communauté islamique de la cité des Nanto.
Un fauteuil en jeu au départ mais deux prétendus imams pour la mosquée centrale de Natitingou. C’est la situation qu’observent depuis quelques jours les populations de cette ville. En dépit des séances de travail tenues à la préfecture et des tentatives de négociations entre les différentes parties par l’Union islamique du Bénin, les différents protagonistes n’ont pas pu accorder leurs violons. Au point d’amener la préfecture par l’arrêté N° 6/084/P-SG/SAG/SA du 4 mai 2016 à suspendre toute activité liée à la désignation et à l’installation de l’imam de la mosquée centrale de Natitingou. Ceci pour des nécessités de sécurité publique vu les menaces de troubles à l’ordre public planant sur la cité des Nanto.
Ainsi depuis, vendredi 6 mai dernier, et jusqu’à ce jour les ancienne et nouvelle mosquées centrales de la ville de Natitingou sont gardées par les forces de sécurité et les séances de prières y tenant d’habitude sont proscrites. Les portes des deux mosquées demeurant toujours closes. Vendredi 13 mai dernier également les fidèles musulmans ont dû se porter vers les petites mosquées de la ville pour la traditionnelle prière.
Les faits
Suite au décès de l’imam de la mosquée centrale de Natitingou, Mohamed Sanni le 1er janvier dernier, son adjoint, Alaza Ibrahim qui assurait son intérim depuis trois ans qu’il était alité, a été désigné par un prétendu collège composé de sages et de ‘’alpha’’ le 13 mars dernier, au quarantième jour de sa disparition, comme le recommanderaient les textes. Alaza Ibrahim, vice-imam de la mosquée (le Nahimi) depuis quinze ans, âgé de 83 ans, désigne par la suite El hadj Nourou Dine Mohamed Sanni, fils du défunt comme son vice et celui-ci tel que l’atteste Boni Alassane, porte-parole du successeur de son père, reconnaît n’avoir pas fait d’objection à cette nomination et se rend disponible à assumer ce rôle. Arguant que Alaza Ibrahim est comme son père et qu’il ne saurait aller contre sa volonté. Un compte-rendu de l’assemblée générale de la communauté musulmane de Natitingou sur la désignation de son ‘’Imam Djamiou’’ est aussitôt transmis au préfet des départements de l’Atacora et de la Donga ainsi qu’au maire de la ville. Mais contre toute attente, deux semaines après la désignation du remplaçant de l’imam, un autre procès-verbal de l’assemblée générale d’une partie s’opposant à l’intronisation du Nahimi comme Imam de Natitingou est enregistrée à la préfecture et à la mairie avec l’intrusion de contestataires à l’hôtel de ville pour manifester leur désapprobation par rapport à ce choix. Il est reproché au remplaçant, son manque de connaissances du Coran, de l’Arabe et du Français. Sa désignation se serait faite en catimini sans le respect de certains critères. « La désignation de l’imam s’est faite de la meilleure des manières, telle que les anciens, les sages et autres dignitaires de la communauté islamique le faisaient. Partout où elle s’est faite, une certaine estime est portée au Nahimi déjà habitué à la charge et dans le cas d’espèce, le fils du disparu n’avait jamais manifesté son ambition de remplacer son père et ne s’est aucunement opposé au choix de la communauté islamique », souligne Boni Alassane qui voit derrière tout ce manège des fauteurs de troubles. Ce que rejette le fils du défunt, notant que c’est la population de Natitingou qui s’est liguée contre le choix du Nahimi de son défunt père et que jamais il n’a été demandeur. « On ne peut aller contre la volonté du peuple », estime-t-il pour justifier l’assemblée générale élective du 21 avril dernier qui l’installe dans le fauteuil de l’Imam Djamiou de la mosquée centrale de Natitingou. Une élection à laquelle n’aura pas participé Alaza Ibrahim et qui a enregistré quatre candidatures dont celle de El Hadj Nourou Dine Mohamed Sanni. « Depuis quand la population désigne-t-elle l’imam ? Ce n’est pas comme dans une dynastie où la succession est faite de père en fils », rétorque le porte-parole de Alaza Ibrahim.
Utiliser tous les recours
Devant cet imbroglio, appel a été fait par les autorités de la préfecture et de la mairie aux différentes parties antagonistes concernées ou intéressées par la question de la désignation de l’imam pour utiliser tous les recours de négociation et de diplomatie afin d’obtenir un consensus. En dépit de tout ceci, force est de constater l’échec des négociations dirigées par l’Union islamique du Bénin dépêchée dans la ville et de la médiation de la préfecture.
Fort de tout ceci, la préfecture par l’arrêté N° 6/084/P-SG/SAG/SA du 4 mai 2016 a décidé de suspendre toute activité liée à la désignation et à l’installation de l’imam de la mosquée centrale de Natitingou. D’où l’appel aux forces de sécurité à prévenir toute menace de troubles à l’ordre public.
Ainsi, a été avortée la cérémonie de port de turban programmée par les partisans de El Hadj Nourou Dine Mohamed Sanni, le vendredi 6 mai dernier à la grande mosquée de Natitingou. Et qui attise encore les tensions dans la ville. ?