La Nation Bénin...
Le chef de l’Etat a procédé, hier mercredi 17 décembre, à l’ouverture du deuxième forum sur le secteur de l'éducation. Ces assises ouvrent la réflexion sur l’avenir du système éducatif béninois.
Tous les acteurs s’accordent sur la nécessité de repenser le système éducatif béninois. Le deuxième forum sur le secteur de l’éducation s’est assigné la mission de faire un diagnostic sans complaisance du système, afin d’y déceler les tares et apporter les thérapies appropriées. Les assisses ouvertes hier à Cotonou a donc mobilisé tous les acteurs du secteur éducatif autour de l’enjeu de création d’un modèle de formation pour construire un Béninois nouveau. La rencontre estime Paulin Hountondji, président du Conseil national de l'éducation (CNE), cheville ouvrière du forum, se propose de faire le point des acquis, d’identifier les goulots d'étranglement et définir de nouvelles approches pour la résolution des multiples problèmes qui se posent encore avec acuité au secteur. Après le premier forum tenu en février 2007, souligne Paulin Hountondji, ces deuxièmes assises se justifient par la persistance de multiples dysfonctionnements dans le secteur éducatif. Ces dysfonctionnements ont pour nom : inadéquation formation/emploi, incohérences des contenus didactiques et pédagogiques, difficultés de l'approche par compétence, relation enseignant/apprenant de plus en plus rythmée par des comportements peu vertueux tels que le harcèlement sexuel, le trafic de notes, la paresse de certains enseignants doublée d'un mercantilisme de mauvais aloi. «Il faut que nous parvenions à nous mettre d'accord sur ce que doit être notre pays, notre système éducatif. Nous rêvons d'un Bénin où l'apprenant qui sort d'une formation de durée variable ne devienne plus un simple "Akowé", un simple écrivant, un simple gratte-pied qui serait fier d'être un diplômé sans emploi», conclut-il.
L'éducation, un secteur incontournable
«Nul ne peut ignorer que l’éducation est la clé du développement», opine Anne Vincent, représentante résidente du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), chef de file des Partenaires techniques et financiers du secteur de l’éducation. Saluant les efforts déployés par le gouvernement béninois ces dernières années, elle note néanmoins des insuffisances qu'il importe de cerner à la faveur du présent forum. Hassana Alidou, directrice régionale Afrique pour l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la culture (UNESCO) encourage le gouvernement béninois à poursuivre ses efforts en faveur du secteur éducatif. S'appuyant sur la riche coopération qu'entretient le Bénin avec son institution, elle estime que ce forum sera d'une contribution de taille à la conférence internationale sur le secteur éducatif post-2015, prévue par l'UNESCO à Kigali au Rwanda. S'inspirant des nombreuses recommandations du précédent forum non encore opérationnelles, François Abiola, ministre d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur plaide pour une évaluation objective des acquis et une veille permanente de tous les acteurs pour un meilleur avenir du système éducatif.
Marquer la rupture !
Le président Boni Yayi estime, pour sa part, que ce forum s'inscrit dans la droite ligne de l'agenda 2063 de l'Union Africaine. Il s'agit, précise-t-il, de travailler à doter nos pays de ressources humaines de qualité par le truchement d'un système éducatif performant. Les problèmes du système éducatif béninois, à savoir l'inadéquation formation/emploi, l'insuffisance de formations aux TIC, l'insuffisance de modules relatifs à l'apprentissage des langues nationales, le manque de formation à l'éthique et au civisme doivent être appréhendés à l'aune des enjeux du monde contemporain. «Face aux défis de la mondialisation, notre système éducatif doit s'adapter aux mutations en cours en tenant compte des exigences de notre société», recommande Boni Yayi pour qui, ce forum doit être celui de la rupture. «Nous avons beaucoup de défis à relever. Ce forum doit être celui de la rupture. Rupture avec le système actuel qui a prouvé ses limites et peine à s'adapter au marché de l'emploi. Nous devons créer la nouvelle dynamique qui nous permette de faire le diagnostic sincère de tous les dysfonctionnements qui ont empêché notre pays depuis les indépendances de créer un Béninois nouveau, véritable acteur de développement. Le nouveau système doit s'appuyer sur l'enseignement technique et de la formation professionnelle», a conclu le chef de l’Etat qui estime qu’il s’agit d’une affaire de responsabilité collective, le temps de l'État providence en Afrique et partout ailleurs, étant révolu.