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Echec du coton génétiquement modifié au Burkina Faso: Le réseau JINUKUN tire la sonnette d’alarme

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Par   Site par défaut, le 27 mai 2016 à 10h12

Dans le cadre des manifestations de la journée du 23 mai dédiée à la Marche mondiale contre Monsanto, une firme promotrice des Organismes génétiquement modifiés (OGM), le réseau JINUKUN a organisé, jeudi 26 mai, à la Bourse du Travail à Cotonou une conférence publique. Portant sur le thème « Echec du coton Bt au Burkina Faso : quelles leçons pour l’Afrique ?», cette conférence vise à sensibiliser l’opinion sur le danger des OGM pour la vie afin d’empêcher sa généralisation en Afrique.

La douloureuse expérience du Burkina Faso avec le coton Bt ne doit pas s’étendre à d’autres pays d’Afrique. C’est la leçon capitale retenue par le Réseau national pour une gestion durable des ressources génétiques dénommé JINUKUN de l’échec de ce pays, après l’introduction du coton génétiquement modifié.

C’est par la projection de deux films exposant l’échec et les dangers du coton Bt et des produits OGM en général, que s’est ouverte la conférence publique. Il ressort des deux projections que les produits OGM sont nocifs aussi bien pour l’homme que pour l’environnement. La preuve en est que les rats nourris à base de ces produits ont développé des tumeurs d’organes. Quant au coton Bt expérimenté par le Burkina Faso, il est mauvais à tous points de vue.
Selon les coton culteurs burkinabé témoignant dans le deuxième film, la récolte a chuté, faisant ainsi baisser de façon considérable leurs revenus. De même, les plants post-récoltes ne sont pas rongés par les termites comme elles le font avec le coton conventionnel. Ce qui leur fait penser que ce type de coton comporte des substances impropres à l’alimentation. Pour ce faire, il représente un danger pour l’environnement et la vie, dénoncent-ils.
Au regard du danger des produits OGM en général et du coton transgénique en particulier, René Sègbénou, président de JINUKUN, a précisé que des manifestations se font dans le monde contre la firme Monsanto, promotrice des semences OGM et des intrants de synthèse. Rapportant un procès impliquant la première société cotonnière du Burkina Faso victime, le président de JINUKUN a révélé que cette société poursuit la firme américaine Monsanto pour des dommages et intérêts de 75 millions de dollars, soit 42 milliards de F CFA. Pour lui, le Bénin ne saurait rester en marge de ce combat contre les marchands de la mort.

Pourquoi, il faut éviter le coton Bt et les OGM

Présentant le thème de la conférence « Echec du coton Bt au Burkina faso : quelles leçons pour l’Afrique », Athanase Akpoé, secrétaire général de la Plate-forme nationale des organisations paysannes et des producteurs agricoles (PNOPPA), a informé qu’avant l’expérience du coton Bt, le Burkina Faso s’est hissé premier pays producteur du coton en Afrique au Sud du Sahara pour la campagne 2004-2005 avec une production de 631 000 tonnes. Mais avec l’introduction du coton transgénique, le rendement a totalement chuté. Comparant les performances de ce coton avec celles du coton conventionnel, Athanase Akpoé a souligné que le coton Bt produit peu de graines de telle sorte qu’avec un volume identique, il pèse moins que le coton conventionnel. « Cette diminution de poids entraîne une diminution de revenus à la fin de la campagne », a-t-il conclu. Poursuivant ses explications, il fera savoir que la fibre du coton génétiquement modifié se présente plus courte que celle du conventionnel. D’où son classement sur le marché international comme de moindre qualité et par conséquent, la chute de son prix au kilogramme.
Par ailleurs, la culture de ce coton a des conséquences graves sur l’environnement. En dehors de la mort des animaux d’élevage dont se sont plaints les producteurs burkinabé, il faut aussi regretter la disparition des abeilles et autres insectes pollinisateurs. L’autre constat qui inquiète, a poursuivi Athanase Akpoé, c’est que les tiges de ce coton enfouies sous terre ne se dégradent pas rapidement. La raison, a-t-il expliqué, c’est la disparition des micro-organismes sous l’effet de l’insecticide.
Pour le compte des consommateurs béninois, Hermann Mèton, président de la Fédération nationale des consommateurs, a d’abord regretté l’absence remarquable des autorités et des cadres de l’administration à cette conférence. Ensuite, rappelant que le deuxième moratoire relatif à l’entrée des produits OGM au Bénin a expiré en 2013, il a exprimé son inquiétude sur ce vide qui court depuis trois ans. Pour lui, en dehors du coton Bt, la firme Monsanto et ses partenaires s’attaquent déjà aux produits vivriers tel que le sorgho. Face à la détermination des promoteurs de ces produits nocifs pour la vie et l’environnement, il a invité la population à la vigilance et à entrer dans le combat pour faire barrage à leur introduction au Bénin.?