Editorial de Paul AMOUSSOU: Le tribut !

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En attendant le prochain drame. C’est bien ce qu’inspire l’horreur survenue ce samedi à Sèmè-Kraké suite à l’explosion d’un dépôt d’essence de contrebande. Enième drame de même nature, sans que la contrebande de cette matière hautement dangereuse ne s’estompe. Les dégâts causés suite à ce genre d’explosion, dégâts matériels et en vie humaine, ne provoquent aucune prise de conscience et s’avèrent bien peu dissuasifs. Et pour cause, les gains que recèle cette affaire, gains hors-normes, font vite perdre de vue les dangers. Et n’apparait, évidente, aux yeux des contrebandiers, que la marge bénéficiaire.  

Evidemment, lorsque survient l’irréparable, l’opinion s’émeut. Tout le monde pousse son cri de cœur et s’illustre par un haut-le-corps qui se veut expressif de l’épouvante née de l’horreur.

Mais personne ne se donne la peine de payer le prix nécessaire pour pouvoir venir à bout d’un phénomène qui nous expose tous à la mort.

Cette mort, elle est présente au quotidien, avec un véhicule en circulation rempli de bidons de carburant que nous côtoyons dans le trafic, incognito ! Elle est au cœur des quartiers de ville et de campagne, avec des dépôts sauvages, véritables poudrières prêtes à prendre feu à la moindre étincelle… Que faire ?

Tout le monde s’attend à ce que les pouvoirs publics puissent accomplir un miracle : faire disparaitre ce commerce, comme par enchantement ou opposer une traque sans merci aux acteurs de cette contrebande qui ne reculent devant rien, non plus aux mesures de rétorsions récentes du Nigeria (source). La lutte est impossible, sans une mobilisation collective, face à un phénomène qui s’est enraciné dans les habitudes. Encore que le pouvoir actuel ait veillé à en diminuer l’ampleur, de façon très sensible, de sorte que la vente de l’essence de contrebande est moins présente aux abords des rues et se fait moins ostentatoire. Et même que les mini-stations préconisées, synonymes d’accessibilité, trouvent difficilement preneurs !  

Cependant, vu que la contrebande profite quasiment à tous, même avec un relatif retour forcé à la pompe, aujourd’hui plus encore avec l’inflation qui frappe toutes les bourses, la conscience collective se tient en veilleuse. C’est un secret de Polichinelle que toutes les strates sociales s’approvisionnent à cette source, histoire d’amoindrir les coûts de carburant qui, à la pompe, n’arrangent personne, il est vrai ! 

Mais le prix réel auquel le carburant de contrebande est accessible, le tribut que nous payons là-dessus, le drame de ce samedi à Sèmè-Kraké en est le révélateur le plus poignant.

Par   Paul AMOUSSOU, le 25 sept. 2023 à 04h43 Durée 3 min.

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