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Gestion de l’espace aérien: Le Bénin et le Togo prennent leur destin en main dès le 25 juin

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Par   Josué F. MEHOUENOU, le 18 juin 2015 à 01h30

Les espaces aériens du Bénin et du Togo sont gérés depuis 70 ans par le Ghana, à travers la Flight information region (FIR) Accra. En dépit des accords signés et des relances faites par les deux pays pour jouir des ressources qui en résultent, le gestionnaire n’a pas obtempéré. Ils ont donc trouvé les moyens de prendre leur destin en main et feront gérer dorénavant leurs espaces par l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). Pour cette mutation, les compagnies aériennes et les partenaires aéroportuaires ne devraient rien craindre. C’est pour cette raison que la représentation nationale de l’ASECNA a organisé hier, mercredi 17 juin, une séance d’information à leur intention, pour les rassurer des mesures prises, des investissements faits et des efforts déployés à cette fin.

25 juin 2015 ! A cette date, le Bénin et le Togo annoncent une rupture dans la gestion de leur espace aérien. Celle-ci sera désormais assurée pour le compte des deux Etats, non plus par la Flight information region (FIR) Accra dont ils demeurent membres, mais plutôt par l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). Après 70 ans de ce qu’on pourrait qualifier de domination et de règne sans partage, les deux pays ont trouvé, semble-t-il, la bonne issue. Celle de soustraire la gestion de leur espace aérien à FIR Accra. Toutes les dispositions sont prises à cet effet et la nouvelle gestion sera sans incidence pour les acteurs aéroportuaires, ont rassuré hier au cours d’une séance d’information, Wilfried Adjovi, représentant de l’ASECNA auprès de la République du Bénin, Aristide de Souza, directeur de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC) et Salifou Awo, délégué du directeur général aux Activités aéronautiques nationales du Bénin. Mais avant, le représentant de l’ASECNA auprès de la République du Bénin a rappelé à l’attention de ses invités, les évènements successifs qui ont obligé les deux pays à en arriver là. Selon lui, «l’ASECNA n’a pas la gestion entière de l’espace aérien du Bénin et du Togo. Elle ne gère que le niveau inférieur qui part du sol jusqu’à environ 3500 kilomètres au-dessus du sol. Ce qui est contraire à la Convention de l’ASECNA qui voudrait que chaque pays laisse gérer son espace aérien par l’organe désigné qui est l’ASECNA ».

Historique

Cette situation prévaut depuis des décennies et les tentatives des deux pays pour la rectifier n’ont jamais prospéré. Wilfried Adjovi rappelle les concertations et les engagements pris à cet effet, comme par exemple une réunion du 17 octobre 2008 au cours de laquelle « les trois Etats ont convenu d’une cogestion qui consistait à gérer à partir du centre d'Accra, l’espace aérien des trois pays». Un protocole a été même signé «par le Bénin et le Togo mais la mise en œuvre a connu un échec parce que le Ghana n’a pas mis les conditions», souligne-t-il. En 2013, poursuit Wilfried Adjovi, l’instance supérieure de l’ASECNA qui réunit les ministres des Transports aériens a pris une résolution pour demander à l’ASECNA de réorganiser et de gérer l’espace aérien des deux pays, à défaut de la coopération du Ghana. Une proposition dénommée Sectorisation de l’espace aérien supérieur du Bénin et du Togo a été faite. Autrement, le Ghana ne devrait gérer désormais que l’espace au-dessus de son territoire et l’ASECNA, celui du Bénin et du Togo, la région territoriale de la FIR Accra n’épousant pas forcément les frontières nationales.
L’étude de sécurité a été faite et les solutions à apporter ont été prises. Il y a même eu une accélération au niveau des investissements et du personnel a été recruté et formé. Mais ces mesures n’ont pas réussi à faire décanter la situation pour que le 28 mai 2015, les nouvelles orientations entrent en vigueur comme convenu, a fait savoir Wilfried Adjovi. Pendant ce temps, le Bénin et le Togo étaient toujours perdants, précise Aristide de Souza. Bien d’autres évènements se sont succédé comme une rencontre des ministres des Transports aériens des trois pays concernés précédée d’une autre entre les chefs d’Etat des trois pays.

Tout change à partir du 25 juin !

L’échec de toutes les propositions de gestion collégiale voulue par le Bénin et le Togo concernant la gestion de leur espace aérien ont obligé les deux pays à prendre leurs dispositions, en relançant d’abord la sectorisation, le 28 mai dernier. «L’ASECNA est prête pour prendre en main le 25 juin à 00heure 01 minute, la gestion de l’espace aérien du Bénin et du Togo en inférieur (à partir de Cotonou) et en supérieur (à partir de Lomé)», a annoncé hier, Wilfried Adjovi, représentant de l’ASECNA auprès de la République du Bénin. Toutes les dispositions sont prises à cet effet. Et c’est pour permettre aux partenaires et acteurs invités à la séance d’hier de s'en convaincre, qu’une visite des équipements et des nouvelles installations a été organisée à leur intention. Un radar a été même acquis, se sont réjouis Paul Gongo, conseiller technique au Transport aérien du ministre en charge des Transports et Aristide de Souza. En clair, tout est fin prêt pour la mutation, du moins la révolution du 25 juin prochain et il n’y a pas d’inquiétude à avoir, ont-ils unanimement certifié.