La Nation Bénin...

Haac 7e mandature: Régulation renforcée du paysage médiatique

Actualités
Haac Bénin Haac Bénin

Depuis son installation en juillet 2024, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) s’est illustrée par une régulation renforcée du paysage médiatique national. À travers la prise de décisions majeures, l’institution entend redorer le blason du secteur des médias, tout en assurant la protection du public.

 

Par   Isidore Gozo, le 09 juil. 2025 à 07h39 Durée 3 min.
#HAAC Bénin

« Nous allons remettre l'église au milieu du village», lançait Edouard Loko, président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, à sa prise de fonction le 22 juillet 2024. Les actions qui ont suivi, montrent à suffisance que la 7e mandature de la Haac est réellement à l’œuvre pour assainir le secteur des médias, confronté à d’énormes maux. Mise en demeure de chaînes, suspension temporaire, retrait de carte de presse, interdiction de diffusion, lutte contre la désinformation, projet de réintroduction encadrée de l’aide de l’État à la presse. En un an, l'actuelle équipe dirigeante de la Haac n’a ménagé aucun effort pour remettre de l’ordre dans l’écosystème. L’une des caractéristiques majeures de la 7e mandature présidée par Edouard Loko dont la nomination avait été saluée par les professionnels des médias est sa volonté de donner un nouveau souffle aux médias et à ses acteurs qui souffraient en silence le martyre.

Aussi, les professionnels des médias voient en Edouard Loko, le samaritain venu sortir la presse béninoise de l’ornière et redorer son blason de quatrième pouvoir. L’équipe vient de boucler un an, marqué par une série de décisions majeures qui laissent entrevoir de belles perspectives pour ce quatrième pouvoir au Bénin. Il y a la régulation bien sûr, mais également la formation, la structuration sans désemparer.

Au registre de la régulation, il y a les mises en demeure ainsi que les sanctions prises. Les titres  «Le Patriote » et « L’Audace Info» l’ont bien vite appris, pour avoir enfreint la loi, suite à la publication d’articles qualifiés de tendancieux. Dans ces dossiers, la Haac a tenu à établir un lien clair entre responsabilité individuelle des journalistes et régulation institutionnelle. Ainsi le média en ligne « Bénin Web TV » est suspendu en mars 2025 pour avoir publié des contenus jugés diffamatoires à l’encontre de la Haac elle-même. Son promoteur a également perdu sa carte de presse avant que le média ne présente des excuses publiques et demande un recours gracieux qui lui a été accordé. Preuve que la Haac 7e mandature manie à perfection le bâton et la carotte pour insuffler de la pédagogie dans l’observance des textes. Cette fermeté s’est également traduite par une offensive contre l’exercice illégal de la presse en ligne. Des plateformes comme « Reporter Médias Monde, Crystal News, Les Pharaons ou le compte TikTok Madame Actu » avaient été suspendus pour absence d’autorisation ou non-respect des règles déontologiques. À ce jour, 52 médias en ligne ont été reconnus officiellement, et une nouvelle vague d’autorisations est en préparation, avec des exigences réglementaires renforcées. Quant aux chaines TV qui émettent en toute illégalité, elles ont été sommées de se mettre en règle.  

Nouvelle ligne

La régulation, telle qu’exercée par la Haac 7e mandature ne se confine plus aux seuls médias conventionnels. Elle s’attaque désormais à un champ plus vaste. Celui des dérives sociétales relayées par certains médias, notamment les chaînes satellitaires à visée religieuse ou commerciale. Lors de la clôture de la 1re session de l’institution, son président, Edouard Loko, a dénoncé avec fermeté les publicités mensongères sur des produits médicinaux ou des offres spirituelles, parfois diffusées à des heures de grande écoute. « On ne fait pas de publicité sur les médicaments, les écoles, les avocats ou les pratiques mystiques. Cela est vrai partout dans le monde », a-t-il rappelé. En réponse, la Haac annonce l’interdiction stricte de toute forme de publicité sur le spiritualisme dans les médias audiovisuels. Cette mesure traduit une volonté de plus en plus affirmée de protéger le citoyen contre les abus informationnels, dans une société où la frontière entre foi, commerce et manipulation devient de plus en plus poreuse.

Sous conditions strictes

Autre marqueur fort de cette première année de la Haac 7e mandature, le retour de l’aide de l’État à la presse, longtemps suspendue pour cause de mauvaise gestion. Cette fois, l’appui financier est encadré par des critères rigoureux : financement de projets concrets (rénovation de la Maison des médias, paiement de dettes d’eau et d’électricité des associations professionnelles), formations continues adaptées aux réalités du terrain, etc. Fini, selon le président Loko, le temps où « l’aide était dilapidée sans réel impact pour la profession». Il affirme qu’aucun centime ne sera utilisé à des fins personnelles, signe d’une volonté de moralisation de la gestion des fonds publics destinés à la presse. Ce retour, salué par les professionnels, oblige aussi les bénéficiaires à plus de rigueur et de transparence dans l’usage des ressources publiques.

Défis

A l’horizon 2026, la Haac affiche sa volonté de jouer un rôle central dans l’encadrement du débat politique et médiatique en période électorale. Dès la reprise des travaux prévue pour fin septembre 2025, l’institution entend statuer sur les règles applicables à la campagne médiatique. En attendant, les conseillers restent mobilisés hors session, avec pour mission d’observer et de préparer un encadrement strict. En prenant ainsi les devants, la Haac entend s’imposer en garante de la transparence du jeu démocratique, à travers un contrôle anticipé des messages diffusés dans les médias. Après douze mois de gouvernance, la 7 mandature de la Haac pose les jalons d’un secteur médiatique mieux structuré et plus responsable, tout en s’imposant comme un régulateur qui concilie rigueur et accompagnement. Entre fermeté assumée et quête permanente d’équilibre, l’institution présidée par Edouard Loko veut restaurer la confiance, tout en préservant la liberté d’informer. En un an, la 7e mandature de la Haac a imprimé sa marque, par une régulation active, parfois impopulaire mais juste et cohérente avec les textes et sa vision d’un paysage médiatique professionnel, structuré et éthique. L’institution ne recherche pas la popularité, comme ne manque de le souligner son président.