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Intelligence artificielle et commerce mondial: Un potentiel immense mais aussi des fractures profondes

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Si l’intelligence artificielle transforme déjà le commerce international, son adoption reste profondément inégale entre régions, secteurs et catégories d’entreprises, révèle une enquête conjointe de l’Omc et l’Icc. L’étude souligne l’importance d’une coopération renforcée, d’une meilleure harmonisation des règles et d’un soutien accru aux outils d’Ia ouverts et à faible coût. 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 22 déc. 2025 à 08h20 Durée 3 min.
#Intelligence artificielle

L’intelligence artificielle (Ia) s’impose progressivement comme un levier de transformation du commerce mondial. C’est ce que montre une récente enquête publiée par le Secrétariat de l’Organisation mondiale du commerce (Omc) et la Chambre de commerce internationale (Icc), portant sur 158 entreprises de tailles variées, issues de régions et de niveaux de revenus différents. L’étude met en lumière une adoption rapide dans certains segments, mais aussi des fractures profondes entre pays, secteurs et catégories d’entreprises.

Les entreprises des économies à revenu élevé sont nettement en avance. Dans ces pays, 66 % des firmes interrogées déclarent avoir adopté l’Ia, contre seulement 27 % dans les économies à faible revenu ou revenu intermédiaire inférieur.

Les écarts sont également notés entre entreprises de tailles différentes : 62 % des grandes entreprises utilisent l’Ia, tandis que seules 41 % des micro, petites et moyennes entreprises (Mpme) ont franchi le pas.

Les différences sectorielles sont tout aussi nettes. Si 52 % des entreprises actives dans la finance ou l’assurance utilisent l’Ia, et 61 % de celles opérant dans d’autres services, seulement 22 % des entreprises manufacturières en font usage. Cette situation reflète à la fois des contraintes d’investissement, une moindre maturité numérique et un accès plus restreint aux outils d’IA dans certaines catégories d’entreprises et de pays, selon l’étude.

Des usages divers

L’accès à l’intelligence de marché, l’analyse de contrats, la communication multilingue et la conformité commerciale arrivent en tête des utilisations déclarées de l’Ia dans le commerce. Les grandes entreprises recourent principalement à l’intelligence artificielle pour les vérifications réglementaires et la conformité, tandis que les Pme l’utilisent davantage pour la recherche de nouveaux marchés et les échanges avec les partenaires et clients. Les entreprises situées dans les économies à faible revenu ou revenu intermédiaire inférieur déclarent utiliser l’Ia pour développer leurs activités internationales, à travers une meilleure compréhension des accords commerciaux, le choix des classifications douanières ou le pré-remplissage de déclarations.

Près de 90 % des entreprises ayant adopté l’Ia rapportent des bénéfices mesurables, notamment des gains d’efficacité et de productivité liés à l’automatisation de certaines tâches, une amélioration de la prise de décision ainsi qu’une diversification ou une expansion des produits échangés.

L’impact est particulièrement marqué dans les pays à revenu faible ou intermédiaire inférieur. Dans ces économies, 16 % des entreprises utilisatrices déclarent que l’Ia leur a permis d’élargir leur base de clients étrangers, et 10 % estiment qu’elle a favorisé la diversification de leurs marchés d’exportation ou de leur gamme de produits exportés.

Des obstacles persistants à l’adoption

En plus de la réduction substantielle des coûts logistiques, de communication ou des dépenses liées à la conformité, l’Ia est désormais perçue comme un outil important de maîtrise des risques. Elle renforce la capacité à repérer les fraudes, à anticiper les ruptures d’approvisionnement ou à réduire les risques de non-conformité réglementaire.

Toutefois, les entreprises expriment de fortes inquiétudes liées à la sécurité et à la confiance. Les risques de cybersécurité constituent la première source d’inquiétude, suivis des enjeux de protection des données. Beaucoup considèrent encore l’Ia comme une boîte noire, en raison du manque de transparence et de la difficulté à expliquer ses décisions.

L’incertitude réglementaire et les défis de conformité représentent un autre frein majeur. L’hétérogénéité des régulations, notamment en matière de protection des données, pèse lourdement sur les coûts. Enfin, le manque de compétences internes et la difficulté d’accéder à des données de qualité sont signalés par des entreprises.

En somme, l’intelligence artificielle possède un potentiel considérable pour favoriser une participation plus inclusive au commerce mondial. Mais pour que ce potentiel se réalise pleinement, les écarts d’adoption doivent être comblés et les obstacles réglementaires levés.